Les lectures mangas de la semaine S08E08

Une nouvelle bonne semaine sous le signe du manga avec pas moins de trois nouveautés (dont un OS) et une fin de série !

 

"Kuhime" Vol.1, d'Hideo TAKENAKA, chez Panini.

Je l'avais déjà dit le mois dernier, mais l'éditeur Panini est en grande forme actuellement, avec de bons choix éditoriaux et ce n'est pas la parution de "Kuhime" qui ira dans le sens contraire. Bien au contraire, avec cette nouvelle série, l'éditeur fait une incursion dans l'horrifique ! D'ailleurs, l'un des twists majeurs de ce premier volume réside dans le fait de prendre le lecteur totalement à contre pieds et je pense que ça sera une mission accomplie pour une grande majorité. L'histoire est simple, une bande de pote rentre de vacances et décide de faire un arrêt dans une maison abandonné dite "hantée". Oh surprise, quand ils ont confirmation à leurs dépends que c'est effectivement le cas ! Tout bascule quand une femme en kimono commence à vouloir les décimer pour boire leur sang. Parviendront-ils à ce sortir de ce mauvais pas ?! Pas le pitch le plus original que j'aurais vu dans ma vie et pourtant qu'est-ce que c'est efficace !! TAKENAKA à du en bouffer du film d'horreur, roman horrifique, parce qu'il semble en maîtriser les codes à la perfection. Les graphismes aidant, il parvient à mettre en place une ambiance oppressante et un climat très mystérieux dans son ensemble. Le démarrage est vraiment très basique dans sa construction, rien de fou, simplement c'est exécuté à la perfection, l'auteur posant juste quelques petites bombes pour dynamiser son récit. Dans le fond c'est même très intelligent puisqu'il n'hésite pas à nous montrer rapidement qu'il n'hésitera pas à faire disparaître un personnage s'il en récent le besoin dans son avancée. Vous allez me dire que c'est facile quand on démarre à peine la série, mais quand on touche à l'horreur, il est rare de voir les personnages tous s'en sortir à la fin, donc préparez vous au pire les chéris. Les quelques lignes qui suivent spoil vraiment donc je vous recommande de ne pas les lire. L'un des gros twist de ce premier volume, c'est bien sur l'identité de ces monstres, le mangaka n'hésitant pas à orienter volontairement le lecteur sur la piste de vampire. Il est vrai que l'on a tendance à penser vampire quand on parle de créatures assoiffées de sang, cela dit ça ne leur est pas réserver. Il faut bien trois quarts du tome avant de voir enfin les masques tomber et d'avoir un début d'explication.  Ça pour vous dire que TAKENAKA ne semble pas être à fond, qu'il parvient déjà o prendre le lecteur dans ses filets. Dans le même temps, plusieurs lignes sont lancées, il faudra attendre le développement de l'histoire pour vraiment savoir ce qui sera bon à utiliser et ce qui sera dispensable, pour le moment en tout cas ça fonctionne. En parlant de ses différentes pistes, on trouve tout de même par moment quelques coïncidence un peu "grosses". Concernant un éventuel fan-service (qu'on pourrait redouter sur ce genre d'histoire), c'est vraiment très discret (pour ne pas dire inexistant) et il s'inscrit parfaitement dans le récit. Les personnages ont chacun leur rôle, le postulat de départ est un chouilla clichés, mais le développement peut être intéressant. Le titre n'épargne rien visuellement, l'auteur n'hésitant pas non plus à montrer des passages assez sanglant pour servir son histoire, une bonne chose dira-t-on qui participe à alourdir encore l'ambiance déjà bien pesante de ce premier volume. Si e chara-design est plutôt quelconque, le mangaka parvient à ce rattraper sur son découpage, ses effets et des planches accrocheuses et détaillées. 

Eh bien, "Kuhime" opère un très bon démarrage, un récit d'horreur, rythmé, une ambiance oppressante, truffé de rebondissements et annonciateur d'une saga horrifique comme on fait plus trop ! 

 

"World War Demons" Vol.4, d'Uru OKABE, chez Akata.

C'était l'un de mes coups de coeur l'année dernière, la parution continue son bonhomme de chemin et chaque nouveau volume continue de me donner raison. Les dernières pages du troisième opus nous laissant sur un cliffhanger de fou, puisqu'à peine le quatrième démons vaincu, voilà que le cinquième débarquait sans laisser notre joyeuse team pouvoir reprendre des forces. Je sais que graphiquement la série n'est pas facile d'accès, mais je vous prie de bien vouloir lui laisser une vraie chance parce que scénaristiquement, qu'est-ce que ça claque (#OuilleOuilleOuille) ! Non, vraiment c'est solide, OKABE sait très bien quand et quoi faire pour casser la monotonie d'un récit et redonner une dynamique sans attendre justement. Je m'étais demandé durant la lecture des premiers tomes, comment le récit tiendra sur onze volume vu le rythme frénétique que l'auteur imprime, ce volume nous apporte quelques éléments de réponse avec de gros indices sur la direction que pourrait prendre le titre par la suite. Le titre prend par ailleurs enfin tout son sens, puisqu'il semble que le Japon ne sera pas seul à devoir faire face à la menace. Je n'en dirais pas plus pour ne pas spoiler le récit, on en développera un peu plus au prochain tome. La couverture de ce nouvel opus est je trouve sublime, perso, le graphisme à un certain charme je trouve, même si je peux comprendre que ce n'est pas du gout de tous et assez éloigné des standards, mais c'est aussi sa force après tout !

Je le répète, il faut laisser sa chance au titre et ne pas s'arrêter aux graphismes, sous peine de passer à côté d'une série qui le mérite. Vivement le prochain en tout cas !

 

"Btooom!" Vol.23, de Junya INOUE, chez Glénat.

Vingt-six volumes, c'est le total de tome que comptera finalement la série (on devrait logiquement voir le bout avant fin 2018), autant dire (s'il faut le préciser) que nous sommes dans la dernière ligne droite et qu'il ne reste pas beaucoup de chapitre. Le tome précédent l'avait annoncé, mais la partie est terminée, l'heure est venue de passer au sauvetage et de rapatrier les derniers survivants de ce jeu morbide. Mais est-ce que Sakamoto et les autres s'en sortiront aussi facilement ?! On pouvait s'en douter au vu du nombre de volume restant à paraître, mais la réponse est non ! Bien décidé à ne laisser aucun éléments fuiter, les grands vilains lancent un ultime assaut sur l’île à base de drones et là fini de rire la menace est plus pesante que jamais. Alors que la tension était redescendue d'un cran, ce vingt-troisième opus relance la machine et mettra nos nerfs à rudes épreuves (tout comme celui des personnages) et ça promet du très lourd pour les prochains chapitres. Le nombre de survivants étant très restreint, le lecteur est maintenant très attaché à eux et si sacrifice il y a, ça aura lieu non sens une grande émotion. Pour l'heure c'est surtout un démonstration sommaire des capacités des drones, qui surprennent le petit groupe. Pas invincibles mais presque, c'est clairement une nouvelle catégorie d'ennemis qui débarque et on ressent la détresse de Sakamoto et des autres qui semblent être dans une impasse. C'est une fois de plus très rythmé, le mangaka sachant parfaitement doser les efforts avec expérience et permet de passer une fois de plus un moment divertissant comme il le fait si bien depuis le début.

INOUE offre un ultime rebondissement à son histoire, dans le but d'offrir aux lecteurs une conclusion explosive et après une aventure pareil, il est clair qu'on en attend pas moins de lui !

 

"Winged Mermaids" Vol.2 & 3 (FIN), d'Etorouji SHIONO, chez Doki Doki.

Suite et fin pour "Winged Mermaids", dernière série en date de l'auteur touche-à-tout. Le premier volume m'avait bien emballé, proposant un récit épique, avec des affrontements en avions géniaux. Le série étant une trilogie, j'avais fait le choix de volontairement laisser le second opus de côté pour pouvoir le déguster en même temps que le dernier. SHIONO était pour moi l'un des nouveaux auteurs à suivre lors des débuts de "Ubel Blatt" (chez Ki-oon), très talentueux et capable de mettre en place des univers originaux, ainsi que des personnages charismatiques et des trames scénaristique à multiples tiroirs (#Ikea). Les années ont passées, le mangaka à depuis enquiller plusieurs séries parallèlement à la principale et c'est bien son problème. Outre le fait qu'il délaisse sciemment son titre phare et peine à le conclure, il s'aventure régulièrement dans d'autres contrées avec succès bien souvent, enfin en apparence. Car à l'image de la série que nous avons entre les mains, si tout est bien ficeler et tient la route, on ne peut s'empêcher de ressentir un non-aboutissement de l'oeuvre. Clairement l'histoire dans laquelle l'on s'embarque avec "Winged Mermaids" n'est pas faite pour tenir en trois volumes, il n'y parvient qu'au lourd tribut de raccourcir pas mal de passage et de céder à la facilité. Qu'on soit d'accord, la conclusion est acceptable et dans l'ensemble ça reste d'un niveau plus qu'honorable, seulement on ne peut s'empêcher d'être un poil déçu par la non exploitation totale de plusieurs éléments du récit qui donne lieu à une sorte de gaspillage. La série vaut le détour rien que pour ses combats aériens, chose rare et pourtant exécuter à merveille ! Difficile de donner tord à Doki-Doki pour avoir parier sur la série.

Bien qu'une impression d'inachevé reste un peu en bouche, cette trilogie exploite des facettes peu usuelles, en choisissant notamment de transposer les affrontements dans les airs. Qu'on soit fan de l'auteur ou non, il faut reconnaître son talent qu'il étale une fois de plus dans ce fresque virevoltante qu'est "Winged Mermaids". 

 

"Platinum End" Vol.7, de Takeshi OBATA & Tsugumi OHBA, chez Kazé.

Probablement l'un des binômes d'auteurs les plus talentueux de la scène manga et surtout l'un des plus complémentaire. Pour ceux qui l'auraient zappés, "Platinum End" est de retour en librairie pour nous le susurrer à l'oreille, enfin presque. Je dis presque, car j'ai trouvé qu'on piétinait  un peu avec ce septième volume, qui bien que proposant une avancée dans l'histoire, renvoi un impression de statisme assez flagrante. L'auteur en joue surement pas mal, mais il est vrai que les duels proposés dans ce volume ne sont pas très vivant et on ressent à mon goût trop d'immobilité, donnant le sentiment au lecteur qu'il ne se passe rien. Ça c'est pour l’apparence, car dans le fond, la tension est à son comble et on retiendra beaucoup de chose de ce volume. Outre la disparition de certains personnages, mais aussi de nouvelles bribes sur l'esprit totalement flingué de Metropoliman (#Psychiatrie), la série revient plus sur son côté sombre et ça on aime beaucoup. Il faut dire que le tome précédent avait une approche beaucoup plus shonen, avec la mise en place d'une team de gentil, contre une team de vilains. Après tout c'est un shonen que nous avons entre les mains, mais venant de la "Golden pair" du manga, j'étais un peu déçu de les voir céder à la facilité. Fort heureusement, on repart comme dit plus haut sur quelque chose de plus sombre, avec notamment une grande réflexion sur le droit de vie ou de mort, l'importance de la vie et le but de celle-ci. C'est dans cet exercice là que l'équipe créative est là plus à l'aise, pourtant sur ce tome, j'ai pas mal de réserves (comme dit plus haut) notamment sur la seconde moitié du volume, où Mirai et Metropoliman ce livrent à une jute verbale assez insipides, le gentil avec des phrases niaises et le méchant avec des phrases poseuses et surfaites. Même si on comprend le raisonnement de chacun (et des auteurs), les voir étalés de la sorte sur plusieurs pages, ça passe moyen. De son côté OBATA nous démontre une fois de plus son génie pour la mise en page, le découpage et nous propose comme d'habitude quelques planches de malade mental !

Un septième volume qui renoue avec l'aspect seinen de la série, mais qui est à mon sens parasité par une trop grande immobilité ambiante et des dialogues assez insipides. Je continue de comprendre pourquoi "Platinum End" divise autant, ne sachant moi même pas sur quel pied danser. La série reste cependant toujours d'un bon niveau global et reste suffisamment prenante pour donner envie de découvrir la suite !

 

"Je pense à toi" OS, de KOMATSU, chez Taifu Comics.

Quand il s'agit d'explorer de nouveaux horizons, Nakamanga répond toujours présent ! On fait régulièrement des incursions dans le milieu yaoi, cette fois-ci c'est un recueil d'histoires intitulé "Je pense à toi" qui a retenu mon attention. Visant à faire découvrir une nouvelle auteure au lectorat français, Taifu Comics, nous propose donc de découvrir ce one-shot composé de quatre chapitres signé par la talentueuse KOMATSU. Je vois toujours d'un œil particulier les recueils d'histoires bien souvent édité pour asseoir la puissance d'un(e) mangaka et proposer des contenus additionnels à sa fanbase. Pourtant, pour la première fois, je vois cela d'un autre œil (bha ouai j'en ai deux après tout) celui-ci visant à faire justement découvrir un(e) auteur(e) encore inconnu(e) pour prendre la température du public (#ThermometreDansLeDerrière) et voir s'il est réceptif au travail proposé. Il faut dire que c'est assez rare de voir des éditeurs procéder de cette façon, alors qu'avec le recule le procédé me semble limpide. Bref, parlons un peu des quatre histoires que nous propose donc cette nouvelle venue ! Dans l'ensemble c'est un bel assemblage, la majorités des histoires sont bien construites, on ne peut refréner un sentiment de trop peur (notamment sur la seconde histoire), mais pour le reste on est plutôt pas mal. Plusieurs sujets sont abordés, l'amitié, l'amour (évidemment), mais aussi le passage à l'âge adulte par exemple, tous dépeint avec beaucoup de sincérité et d'émotion par l'auteure. Les histoires sont dans des styles assez différents par ailleurs, ce qui permet de voir un peu la palette de la mangaka, passant d'histoires plutôt poétique comme la première, vers du plus sombre et sérieux (la seconde et la dernière), voir du plus standard avec la troisième. Pour la partie graphique j'ai eu un peu plus de mal à entrer dedans, il faut dire que l'introduction démarre avec deux personnages très proches visuellement et c'est du coup un vrai tannasse de les reconnaître. Après, ce n'est que temporaire puisque la suite montre qu'elle sait très bien diversifier son chara-design, mais bon, il est vrai que pour un introduction c'est pas top. Dans l'ensemble c'est plutôt beau, je trouve le découpage très habile avec notamment quelques planches bien ficelé dégageant beaucoup de sérénité et de douceur. 

Clairement "Je pense à toi" donne un assez bon aperçu de ce qu'est capable de faire KOMATSU. Une jeune auteure qui risque de faire du bruit dans les prochaines années, capable de diversifier ses histoires, traitant des thématiques intéressantes, tout en véhiculant beaucoup d'émotions et non sans une bonne dose de poésie ! Je re-salue l'initiative de Taifu Comics, d'utiliser le recueil d'histoire comme moyen de découvrir une mangaka et non pas de vendre sur son nom (et aussi je pense une bonne façon de préparer le terrain pour un autre titre à venir). 

 

"Spiritual Princess" Vol. 1, de Nao IWAMOTO, chez Kazé.

Et on termine l'article de cette semaine avec une autre nouveauté, mais aux éditions Kazé cette fois. Pour être plus précis dans la collection shojo de l'éditeur, une série en douze tomes intitulée "Spiritual Princess", avec à sa tête Nao IWAMOTO, une mangaka chevronnée, mais qui signe seulement sa première incursion en France. Après lecture je comprend pourquoi personne n'avait tenté le coup auparavant, le trait de l'auteure est assez atypique et très éloigné du carcan shojo. La mangaka ne semble pas trop ce fouler graphiquement, elle fait sa tambouille tranquillement, c'est basique, simpliste et pas des plus détaillé, si on ajoute à cela un chara-design assez singulier, ça rend le titre peu facile d'accès pour le coup. Pourtant, l'histoire est vraiment plaisante et je pense qu'on peut avoir pas mal de sujet à traiter, qui en ferait un shojo plutôt à part bien que forcément très axé sur l'amour et l'amitié. Pour rappel, l’héroïne est à moitié Tengu, alors que la jeune ado n'a qu'une envie, vivre sa vie comme quelqu'un de "normal", ce n'est bien évidemment pas du gout de tous (sinon ça sera trop facile #Elementaire). Perso, j'ai eu du mal à boucler le tome, l'association des graphismes et d'énormément de dialogue à fait que j'ai trouvé ça assez lourd à la lecture. Cela dit, je trouve que l'histoire à de vrai qualités, comme notamment celle citée plus haut, qui fait une bonne association entre un school-life et le côté folklore fantastique japonais que j'affectionne beaucoup. Bon point pour la traduction de Kazé qui est très intéressante et de bonne qualité !

Je vais laisser sa chance au titre avec le second opus, mais "Spiritual Princess" malgré ses qualités me semble très difficile à vendre et je souhaite bonne chance à Kazé dans cette entreprise. La style graphique et les dialogues parfois lourds, prennent malheureusement trop le pas sur l'histoire qui est pourtant intéressante et bien trouvé. 

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