Les lectures mangas de la semaine S14E09
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Parviendra-t-on a réaliser une aussi grosse semaine que celle passée?! Suspens! Je vous enmène chez Mangetsu pour l'arrivée de "Sou Bou Tei", on filera faire du camping chez Soleil avec "Solo camping for Two". Une dose d'horreur chez Omaké avec "Le Poinçonneur" et on finira chez Kazoku avec la réédition de l'intégrale "La Peste".
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"Sou Bou Tei" Vol.1, de Kazuhiro FUJITA, chez Mangetsu.
C'est le "Sou Bou Teiiiiiiii"!!! En vrai, je pourrais m'en tenir à un simple "C'est du Kazuhiro FUJITA", mais j'imagine que vous attendez tout de même un peu plus de ma part non?! Alors, "Sou Bou Tei", série qui comptera vingt-cinq volumes et qui débarque par la grande porte chez les copains Mangetsu. Côté édition justement, il s'agit d'un grand format, on bascule donc sur du 9.95€, ce qui permet à l'instar de l'édition perfect de "Karakuri Circus" (chez Meian) de mieux apprécier le boulot de dingue que fait l'auteur sur ses planches. Pour un grand format, le prix reste correct, en revanche, j'ai vraiment trouvé très très très très dommage de ne pas retrouver les pages couleurs, alors qu'habituellement l'éditeur apporte beaucoup de soin à ses titres. De fait, je trouve qu'il n'y a pas vraiment de plus value à basculer sur un grand format, à mon sens ça fera probablement perdre des lecteurs potentiels, c'est dommage sachant qu'il ne s'agit pas d'un mangaka très "bankable". En dehors de ça, c'est du bon boulot comme souvent, la qualité du papier, d'impression et d'adaptation sont bonnes. Bon, parlons maintenant du titre voulez-vous?! De quoi ça cause pour commencer. "Sou Bou Tei" tel est le nom d'un grand manoir abandonné en pleine ville et à la réputation très sombre, disparition, phénomènes inexpliqués, vous l'aurez compris, ce manoir est hanté! Une série d'évènements va réunir autour d'un même objectif une bande des plus hétéroclites, cet objectif : détruire Sou Bou Tei!! Voilà pour la version ô combien simplifié vous vous en doutez, mais je n'ai pas vraiment le choix si je ne veux pas vous spoiler comme un batard. On le sait, le talent de narrateur de FUJITA n'est plus à louer, encore une fois c'est avec brio qu'il nous entraine dans un nouvel univers en nous racontant une histoire fantastico-horrifique. Pardon, mais rares sont les mangakas capable de vous entrainer dès les premiers chapitres aussi loin et aussi bien dans un univers. Je ne parle pas juste d'une bonne introduction à un manga, mais vraiment d'être happé par les talents de conteur de l'auteur qui semble de plus avoir énormément de facilité à reproduire cela d'un manga à l'autre. Ce premier opus s'applique à démontrer l'aspect terrifiant et "particulier" du manoir, mais aussi à introduire sa galerie de personnages qui comme on le sait bien (pour ceux ayant déjà lu d'autres mangas de l'auteur) sera bien fournit et que chacun aura son rôle à jouer le moment venu. Vous aurez d'ailleurs l'embarras du choix pour vous identifier, puisque le mangaka crée des profils aussi nombreux que différents et cela juste dans les personnages principaux. En tête l'on va bien sûr nommé Tsutomu, un dessinateur qui tente de percer sur le marché du livre d'enfant (avec des visuels assez peu adaptés à son public lol), Rokuro son jeune voisin qui sera pour ainsi dire le déclencheur de l'histoire, mais aussi Kurenai, la plus jeune prêtresse du Japon sur qui reposent beaucoup d'espoir et Seiishi, un jeune garçon qui ne vit que pour détruire Sou Bou Tei et semble avoir une histoire bien complexe. Un quatuor que l'auteur installe très naturellement, mais en étoffant d'entrée de jeu énormément le background de ces derniers. C'est assez bluffant d'ailleurs de voir l'aisance qu'à l'auteur pour faire des personnages qui accroche le lecteur en quelques pages seulement. Au-delà de ça, le rythme de la narration est très bon, on ne s'ennuie pas, c'est d'ailleurs assez fou, parce que malgré l'incroyable densité de ce premier opus, ça reste très clair et facile à suivre, on a pas besoin de revenir en arrière ou quoi, c'est fluide. Ce premier volume rassemble énormément d'éléments et dire qu'il en reste vingt-quatre comme celui là à venir, bha ça me comble de joie! Le titre joue beaucoup sur l'aspect horreur et fantastique de l'histoire, pour autant on retrouve aussi de l'humour et de l'émotion comme sait parfaitement bien le faire FUJITA. Côté graphisme, on le sait le trait atypique du mangaka fait que certains lecteurs préférent passer leur chemin, pourtant, je trouve que ça manga ce genre d'auteur avec une vraie identité visuelle, avec un coup de crayon qui a du caractère et qui se démarque du reste. Quand je vois la multitude de webtoon par exemple sur lequels les graphismes sont quasiment identique d'un titre à l'autre (a tel point qu'on ne retient même pas les noms des auteurs), bha, pardon, mais je préfèrerais toujours mille fois un stlye qui dégage quelque chose comme c'est le cas avec FUJITA. Car oui, les planches dégagent vraiment quelque chose, qu'il s'agisse d'émotion, d'ambiance, impossible de passer à côté. Comme je le disais, c'est aussi la puissance graphique de l'auteur qui donne énormément dans ses planches et s'applique pour offrir la meilleure expérience possible à ses lecteurs. Un titre a ne pas manque comme tout ce qui est made in Kazuhiro FUJITA!
Scénario : 5/5
Graphisme : 5/5
Ma note : 10/10
❤️
Kazuhiro FUJITA l'un des cracks du manga, comment ne pas louer son talent pour la narration et ce trait nerveux qu'on reconnaît entre mille! Bien content de voir le titre débarquer enfin en France! IL FAUT DETRUIRE SOU BOU TEI!
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"Solo camping for two" Vol.1, de Yudai DEBATA, chez Soleil.
Lezgooo, on prend son sac de couchage, sa tante (l'object pas la famille) et on chausse ses meilleures pompes de marche, direction la nature et le calme (ou presque) avec "Solo camping for two" de Yudai DEBATA, une série en cours de parution au Japon avec seize volumes. C'est dans la collection Gourmet des éditions Soleil que débarque le titre, je n'avait de prime abord pas saisi le rapport entre le côté gourmet et le camping, mais on comprend rapidement durant la lecture. L'histoire nous propose de suivre Gen, campeur aguerri, mais surtout à l'esprit solitaire et qui ne vit quasiment que pour les moments où il va pouvoir se retrouver en tête à tête avec Dame Nature. Son quotidien de loup solitaire va être bouleversé le jour où il va tomber sur Shizuku, une novice en la matière, véritable tornade qui ne recule devant rien lorsqu'elle a une idée en tête. De fortes personnalité, qui vont se retrouver (avec un peu de chantage de la part de Shizuku) à former un duo des plus explosifs! Voilà un titre qui était loin de me brancher si je restais sur la jaquette et le résumé. Cependant vous le savez, on est des putains de pros et s'il faut mettre le bleu de chauffe et foutre les mains dans le cambouis, on le fait, putain! Non, en vrai, ça donne aussi l'occasion de découvrir des titres qu'on aurait pas forcément lu s'il ne fallait pas faire de review dessus, celui-ci en est le parfait exemple. Je ne vais pas vous mentir et dire que je vais me taper l'ensemble de la série, car j'attends de voir si l'auteur parviendra à renouveler suffisamment son titre pour maintenir l'intérêt du lecteur intact. En revanche, je peux vous dire que ce premier volume m'a agréablement surpris et que j'ai passé un bon moment de détente aux côtés de ce binôme très nerveux. Il faut dire que les caractères diamétralement opposés de Gen et Shizuku font qu'on a le droit à des échanges dynamiques et qui rendent la lecture assez vivante. Ce n'est pas forcément original dans l'approche, le type solitaire un peu bourru et la jeune pipelette, gaffeuse, mais il faut reconnaître que la mécanique fonctionne plus que bien ici. Au-delà des personnages qui sont bien écrit, c'est plus globalement le soin que prend DEBATA à nous faire découvrir le camping qui est intéressant. Via Gen, l'on peut voir l'aspect reposant, solitaire, pour se retrouver et recharger les batteries en pleine nature, puis via Shizuku, un côté plus dans le partage, la convivialité, l'échange. Je trouve les deux approches intéressantes et surtout très bien développé avec seulement quelques chapitres. Le mangaka en profite bien évidemment pour nous donner mille et une astuces sur comment faire du camping, mais aussi et surtout (nous y voilà) comment cuisiner avec les moyens du bord et nous démontre qu'on peut faire des plats plutôt chouette bien loin de basique saucisses au barbecue. Maintenant, comme je le disais plus haut, il faudra voir si le récit parvient à se renouveler suffisamment régulièrement pour tenir le lecture (même si ce n'est pas le premier manga sur le camping que l'on peut avoir en France (je pense notamment "Au grand air" chez Nobi Nobi)) preuve que c'est jouable. On passe sur la partie graphique, l'auteur a une belle patte, le chara-design est agréable à l'oeil, expressif, on a pas mal de détails sur les objets, nourriture et les décors sont soignés et rendent vraiment bien (ya certaines planches vraiment belles). On retrouve un chouilla de fan-service, bon rien de dérangeant cela étant. Côté édition, c'est peut-être le problème puisque le tome est à 8.50€ et très sincèrement, je n'ai rien vu qui justifie qu'on soit aussi haut rapport au reste du marché pour un manga "standard". Le titre à beau être cool, la série est relativement longue, il faudra donc en tenir compte car ça pèsera dans la balance.
Scénario : 3.5/5
Graphisme : 4/5
Ma note : 7.5/10
🌟
DEBATA m'aurait presque donné envie d'aller me perdre dans les Vosges et de me faire un trip campeur. C'est drôle, le binôme fonctionne bien, on découvre des astuces en rapport avec le camping. Reste maintenant à voir si l'auteur parvient à maintenir l'intérêt du lecteur intact sur autant de volumes.
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"Le poinçonneur" Vol.1, de SUZUKI & TAKARAI, chez Omaké.
Passons chez Omaké qui nous propose une nouvelle trilogie horrifique intitulée "Le poinçonneur". L'on va découvrir un titre de SUZUKI et TAKARAI dont il s'agit de la première incursion en France et qui visiblement ont complètement cernés nos amis de la SNCF/RATP (lolilol). Blague à part, l'histoire nous fait suivre Tsukiko, une charmante étudiante qui depuis quelques temps voit un étrange personnage lorsqu'elle prend le train. D'apparence élancée et aux traits cadavériques, celui qu'on surnomme le Poinçonneur ère entre les gares et les trains vêtus comme un contrôleur et possédant une immense paire de ciseaux qu'il n'hésite pas a utiliser sur ceux qui ne lui reviendrait pas. Alors que des disparitions sont de plus en plus régulières, Tsukiko et ses amis vont tenter de résoudre l'étrange énigme qui entoure le Poinçonneur...cependant cela sera a leurs risques et périls! C'est typiquement le genre de récit dont l'appréciation dépendra énormément de l'ensemble du titre. Ici, le premier volume est très introductif, on passe la majeure partie du temps à découvrir les différents protagonistes et à mettre en place l'intrigue globale. Un peu comme les trente premières minutes d'un film d'horreur qui ne sont généralement pas du tout la meilleure partie, je pense qu'on est tous d'accord. Le découpage est ainsi fait sur cette trilogie, le problème c'est qu'il est difficile d'emballer le rythme sans avoir vraiment posé les bases et c'est ce que s'applique à faire les auteurs. Même si, je pense qu'on est aussi tous d'accord pour dire que lorsque l'on est sur une histoire horrifique, la caractérisation des personnages on s'en fiche un peu majoritairement. On pourra pinailler un peu sur le fait que ça fait beaucoup de monde capable de "ressentir/entendre/voir" des fantômes, mais ça fait aussi partie du jeu sur ce type de lecture. On notera le manque de scènes sanglantes sur ce premier opus, cependant, les quelques apparitions du Poinçonneur font leur petit effet à chaque fois et je dois avouer que j'ai trouvé ce "boogeyman" vraiment très réussi aussi bien visuellement que sur ce qui plane autour de lui. Les deux prochains opus devraient être un peu plus axés sur l'action et donc sur des scènes croustillante, on va donc gentiment attendre la suite (voir même la conclusion) pour avoir un avis plus tranché. Côté graphisme, c'est dans la moyenne de ce que propose le genre, le chara-design n'est pas incroyable, en revanche celui du Poinçonneur est excellent et j'ai bien apprécié le boulot opéré sur les différentes ambiances durant ces premiers chapitres. Côté édition, on est sur un tome à 7.90€, ce n'est pas le meilleur papier qu'on a sur le marché, ni la meilleure adaptation graphique, a mon sens on pourrait être un poil moins cher pour être un peu plus juste quand on compare avec ce que font d'autres éditeurs sur le même tarif. Les bandeaux "signatures" de l'éditeur sont toujours présent, c'est drôle et ça permet un potentiel "marque page", cependant ça reste dispensable je trouve et ça baisserait le prix de production j'imagine.
Scénario : 3/5
Graphisme : 3.5/5
Ma note : 6.5/10
Une trilogie horrifique qui devrait faire passer l'envie de frauder. Ce premier tome très introductif s'intéresse pas mal aux différents personnages, on espère plus de sang et de boyaux par la suite! Le personnage du Poinçonneur est en tout cas une belle réussite.
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"La Peste" OS, de CAMUS & KURUMADO, chez Kazoku.
On termine cette semaine avec l'adaptation manga de "La Peste" du grand Albert CAMUS, adaptation réalisée par Ryota KURUMADO (encore inconnue en France) et qui (re)débarque chez Kazoku. Il s'agit ici d'une compilation intégrale "collector" du manga originalement publié en quatre volumes (et déjà disponible). On va s'arrêter deux secondes sur cette édition, format façon dictionnaire de pratiquement 800 pages, avec hardcover, pour le prix de 29.95€. Si l'on se place d'un point de vue strictement financier, on gagne une dizaine d'euros puisque les volumes standards coutent 9.95€ (chacun). Je vous l'ai déjà dit, les nouvelles résolutions 2024 font qu'on sera plus vigilants sur ce genre de détail, aussi, je vous le dit, personnellement j'aurais fait l'impasse sur cette édition intégrale. Le format dico est pas des plus pratiques lorsque l'on veut lire et par ailleurs, les quelques pages couleurs que l'on pouvait avoir dans l'édition standard disparaissent. A choisir, je préfère mettre quelques euros de plus, prendre l'édition de base et avoir quelques pages en couleurs. Maintenant, je pense que c'est une question de gout, aussi, chacun tranchera. Quid du titre en lui-même? Vous le savez, même si souvent je ne trouve pas la transposition d'un support à l'autre très réussi, je garde néanmoins toujours en tête qu'il s'agit d'un bon moyen de servir de passerelle pour passer d'un genre à un autre et cela peut parfois amener à découvrir des "classiques" et peut-être donner l'envie à certain de se pencher sur les versions originales. Ici par exemple, j'aurais tendance à vous dire que la patte graphique de KURUMADO dénote avec le récit, le mangaka qui n'est pas un débutant n'a jusqu'ici qu'officié sur des titres humoristiques et cela s'en ressent dans ses visuels malgré ce qu'il tente de faire. Par ailleurs, il faut bien admettre qu'outre le chara-design enfantin, on peine un peu à avoir des planches "solides", le rendu manquant souvent d'impact et semblant très (trop?) épuré. Du côté de l'histoire, on reprend ce qu'avait pondu Albert CAMUS à l'époque, certes on ne rentre pas aussi en profondeur que dans le romans et peut-être que c'est un peu maladroit dans le traitement, le titre qui traite d'une pandémie (vous l'aurez compris), mais finalement reste très en surface s'intéressant plutôt à sa galerie de personnage. Le problème c'est que majoritairement, ces derniers ne sont pas vraiment bien caractériser et les quelques moments dramatique que l'on pourrait avoir sont finalement assez moyennement bien gérés ce qui est dommage. Toutefois, au-delà de ça, on reste sur un message d'entraide, pour faire front commun face à cette maladie, on pourra toujours faire le parallèle avec ce que nous avons vécu lors du Covid19, certain comportement n'ayant pas évolué d'un iota. Pour vous dire les choses, je pense que tout va dépendre du lecteur, de son âge et de ses attentes. Je pense que pour quelqu'un de jeune qu'on essai d'attirer vers les romans ou classiques, ça peut-être très intéressant et abordable de par le traitement de l'histoire. Pour un adulte, je pense qu'on attendra quelque chose de plus travaillé et moins enfantin.
Scénario : 2.5/5
Graphisme : 2.5/5
Ma note : 5/10 (7/10 sur un lectorat pre-ado/ado)
Un titre qui offre une belle passerelle roman/manga, c'est toujours bon à prendre. La lecture n'a pas été des plus poignante, l'auteur s'intéressant beaucoup aux personnages, cependant ces derniers ne sont pas vraiment intéressants et les dessins dénotent pas mal avec le ton de l'histoire. Toutefois, cela reste un bon moyen d'attirer les plus jeunes vers la lecture de roman, so why not?! Concernant l'édition, je l'ai expliqué plus haut, ça dépendra des gouts de chacun.