Léon, revient j'ai les même à la maison !

Aujourd'hui on va causer de la nouvelle série des éditions Komikku. Ca s'appelle "Assassins" et c'est écrit par un certain Hirohisa SATO encore inconnu au bataillon. L'oeuvre comptera au total 3 volumes ce qui peut autant être synonyme d'un scénario bien mené, qu'un baclage total. Voyons donc ce qu'il en est!

Jinsuke vivait une paisible vie d'enfant, seul avec sa mère depuis la mort de son père. Mais son quotidien va basculer le jour où un homme armé fait irruption chez eux et abat sa mère sous ses yeux. Par un concours de circonstance il se retrouve recueilli par Suzuki, sa voisine qui se trouve être une tueuse à gage (ouais, plus malchanceux on fait pas). Pour un raison encore inconnue nos deux héros seront de plus tous deux pourchassés par la police. Commence alors pour eux une cavale à travers le Japon. Néanmoins, s'occuper d'un orphelin ne semble pas réjouir Suzuki.

Avec "Assassins" on est donc sur du bon polar, mais du polar tendant vers le thriller. Avant toute chose il faut savoir que le scénario en lui-même n'est pas d'une originalité débordante puisque c'est plus ou moins le même que celui du film "Léon" de Luc BESSON (enfin askip, je l'ai pas vu laul). Ceci étant dit, ça n'empêche en aucun cas Hirohisa SATO de développer une histoire intéressante et bien ficellée. L'oeuvre joue donc sur deux tableaux différents mais complémentaires à la fois. D'un côté nous avons la partie "intrigue pure", c'est à dire le mystère qui nous tient en haleine et qui structure l'histoire, et de l'autre nous suivons l'évolution de la relation particulière qu'entretiennent nos deux héros en cavale. Ce mélange de sensations donne un rendu assez agréable, jonglant entre des passages lents laissant la place à nos personnages de s'exprimer et d'autres plus dynamiques quand ça commence à barder. Ces scènes d'action sont d'ailleurs un peu moins représentées pour le moment contrairement à ce que l'on pourrait penser à première vue. En effet, le scénario se concentre avant tout sur la relation Suzuki/Jinsuke au milieu de cette cavale riche en émotions. Nous prenons plaisir à vivre à leurs côtés cette situtation difficile où il faut faire attention à tous ses faits et gestes et sans-cesse assurer ses arrières.

Graphiquement ça claque! Le dessin est une qualité essentielle de l'oeuvre et traduit des choix de mise en scène toujours intéressants pour nous faire ressentir le meilleur de chaque scène en nous donnant au choix des impressions de vide, d'emprisonnement, d'infériorité, etc... L'immersion est rendue complète grâce à des décors transpirant de réalisme qui donnent un cadre solide aux personnages pour nous faire vivre cette histoire. Ceci sans compter que l'auteur et son trait fin, tout en sobriété mais affirmé, nous offre des personnages toujours bien proportionnés (rassois-toi et ferme ta braguette, je parle pas de boobs là) et aux visages expressifs. La narration très cinématographique donne vie à l'histoire à coups de flashbacks et d'élipses rythmant des scènes souvent assez courtes mais granies de prises de vue toujours soignées.

Nous prenons donc du plaisir à suivre la relation ambiguë qui lie Suzuki et Jinsuke. L'ensemble est assez intriguant pour l'instant et le seul bémol reste le personnage de Suzuki qui manque peut-être encore un chouilla de vivant. Mais nul doute que les révélations sur son passé qui nous sont promises pour le prochain volume permettront d'approfondir un peu cette relation déjà très intéressante. De plus, l'auteur fait preuve d'un très bon sens du dosage en disséminant le mystère goutte à goutte au fil de l'histoire pour nous tenir en haleine jusque au bout. "Assassins" est donc un très bon polar, mélange de sentiments et de sensations qui, de plus, ne comptera au total que trois volumes. Raison de plus pour se lancer!

Un deuxième avis c'est bien aussi !

J'étais obligé de mettre mon grain de sel, puisque mon avis diverge (verge), de mon voisin du dessus. En effet, contrairement à lui, j'ai vu le film "Léon" et forcément le rapprochement est presque obligatoire, d'autant plus quand l'éditeur s'en sert comme argument de vente. Pour le coup, je trouve que ça dessert grandement la série d'Hirohisa SATO, car le scénario est très semblable et il devient donc difficile de ne pas faire de comparaison. Partant de là, on est face à un classique du cinéma, contre un copie format manga.

Un choix discutable, quand on sait qu'Assassins" n'est pas exempt de qualité. La patte graphique de l'auteur est vraiment bonne, je vais faire doublons, mais la mise en scène est d'une importance cruciale surtout quand l'on privilégie les relations entre personnage plutôt que l'action brute. Le mélange prend plutôt bien dans l'ensemble, c'est dosé entre action et émotion, partant de là on est pas mal.

La relation entre les deux personnages fonctionne plutôt bien, il manque peut-être un petit "quelque chose" à Suzuki qui est un poil trop rapidement déstabilisée contrairement à son homologue Léon justement. Quoi qu'il en soit, c'est plaisant à suivre tout de même.

Au final le fait d'avoir appuyer sur la ressemblance "Assassins/Léon" se révèle être un mauvais choix stratégique qui pénalise grandement le manga qui souffrira de la comparaison. On est loin de la poésie et de l'émotion que peut dégager "Léon", même si "Assassins" n'est pas mauvais. Peut-être que sans avoir vu le film, le regard est différent (comme pour mon collègue), mais pour les autres une impression de mauvaise copie sera présente lors de la lecture. Il reste deux tomes à la série pour faire son trou et rectifier le tir, mais me concernant c'est peine perdu passé 1/3 de la série.

* J'ai rien vu, j'ai rien dit, on zappe *