Inside Furuya (1/3) !

Après "Fossiles de Rêves" de Satoshi Kon on part sur un nouveau recueil d'histoires courtes, "Palepoli" de Usamaru Furuya... et oui, c'est la loi des séries (et pourtant c'est des One-shot xptdr)! Enfin est-ce qu'on peut réellement parler de "recueil" pour ce manga? Est-ce qu'un élu parmi nous serait seulement capable de définir cet OVNI?

 

 

Pour ceux qui ne connaitraient pas Furuya, il est l'auteur de "Je voudrais être tué par une lycéenne", une oeuvre parue chez Délcourt/Tonkam il y a peu et dont le seul titre laisse entendre beaucoup sur la personnalité de l'auteur. À côté de ça le mangaka a aussi signé "Litchi Hikari Club" ou encore "Genkaku Picasso" mais il est surtout en couverture d' "Atom" ce trimestre (si vous ne lisez pas encore ce magazine, courez en bureau de tabac!) et ça, ça nous intéresse. Je vous proposerai donc pendant les semaines à venir 3 chroniques différentes de 3 oeuvres de l'auteur, et ce que vous lisez en ce moment en est la première.

"Palepoli", paru pour la première fois en 1996 au Japon en prépublication dans le magazine Garo a atteint nos contrées en 2012 grâce au pari des éditions Imho, c'est un recue-... un mang-... je sais que j'ai souvent l'habitude de dire d'un titre qu'il est un OVNI lorsqu'il sort un peu des carcans éditoriaux mais là c'est vraiment le cas; comment définiriez vous une oeuvre composé exclusivement de petites histoires en 4 cases souvent indépendantes mais parfois liées et au(x) style(s) graphique(s) totalement aléatoire(s)? Moi j'appelle ça un OVNI et le premier qui crie "JUL" je le frappe.

 

 

Avec cette toute première oeuvre publiée, Usamaru Furuya met cartes sur table et se présente comme un auteur hors normes (littéralement). Dans un mélange d'absurde et de morbide, le mangaka se donne quatre cases pour nous raconter un gag, on retrouve alors du cynisme, de la démesure mais surtout une fascination pour la mort et le religieux. Les blagues ne font pas toujours mouche mais l'ambiance sans tabou est assez plaisante. On retrouve d'ailleurs certains personnages récurrents comme le "fantômes des planches rejetées" qui s'amusera à détourner les pages de l'auteur par un mécanisme de mise en abîme, faisant preuve de toujours plus d'inventivité à chaque nouvel épisode. Tout un tas de personnages s'installeront ainsi au fil des gags, créant une sorte de fil d'Ariane entre les univers et donnant un semblant de cohérence à l'ensemble. Pour autant, l'oeuvre reste un "gag manga", ne vous attendez donc pas à une intrigue ou quoi que ce soit d'autre.

 

Comme je l'avais dit plus haut, le mangaka innove graphiquement dans cette première oeuvre, il s'essaie à différents styles du plus simpliste au plus raffiné, différentes techniques allant de la peinture au simple crayonné, tout cela pour créer une ambiance bien particulière à chacun de ses univers, toujours expérimenter et se faire plaisir en seulement 4 cases. Ainsi, l'auteur casse les limites du manga, de ce format somme toute rigide pour produire une oeuvre forte et cathartique, se servant de ses tripes pour dessiner sans prendre garde des limites. Pour faire un parallèle avec ma dernière chronique sur le recueil "Fossiles de rêves" de Satoshi Kon, nous avons ici à faire à un tout autre type d'oeuvre, ce n'est pas réellement un recueil que nous découvrons mais plutôt une seule oeuvre éparpillée dont une sorte de cohérence se forme au milieu toute cette absurdité.

 

 

Les éditions Imho nous proposent une édition très simple sans fioriture mais qui reste convenable et respectueuse de l'esprit de l'oeuvre. C'est au niveau de la traduction que viennent les problèmes. Non pas que le traducteur ait mal fait son boulot, loin de là, mais c'est plutôt l'oeuvre elle-même qui se prête difficilement à l'exportation. Beaucoup de blagues en effet ne passent pas les frontières tout d'abord car beaucoup sont basées sur des jeux de mots mais aussi car beaucoup de références sont faites à la culture japonaise et de nombreux détournements de personnages populaires au Japon sont proposées au fil des pages. Je vous rassure, ce n'est pas le cas pour la totalité de l'oeuvre et il est bien entendu possible de prendre son pied sans problème, néanmoins Palepoli reste une oeuvre encrée dans son époque mais aussi dans son espace et ne parlera pas forcément à tout le monde.

 

Cette première oeuvre d'Usamaru Furuya n'est autre qu'une fenêtre sur son for intérieur. Comme dans une sorte de journal intime, l'auteur livre son état d'esprit dans ces pages et met sur papiers de façon compulsive. Nous ne retrouverons pas d'histoire construite, pas de scénario frémissant mais simplement les élucubration d'un mangaka qui a de l'imagination à revendre et le besoin de s'exprimer.

 

 

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