Ô pays des rêves !

C'est noël avant l'heure! Après nous avoir fait poireauter pendant deux ans, Reno Lemaire revient en force avec la parution de deux nouveaux volumes de Dreamland en seulement 3 mois. Le volume 15, comptant plus de 300 pages dont 32 en couleur, suivi quelques mois plus tard du seizième, un tome bien barré suivant directement l'histoire du tome 14 (ouai tu comprendras vite pourquoi).

 

Bien que successifs, ces deux volumes comptent énormément de différences, et avant tout dans leurs scénarios. Nous reviendrons aujourd'hui sur eux deux dans une seule et même chronique pour se rendre compte, après deux ans de vide, à quel point Reno s'est (encore) amélioré en tous points! Il faut tout de même noter avant de commencer que le tome 15 a été écrit et dessiné après le 16 bien qu'ils soient sortis dans l'ordre inverse (enfin dans le bon ordre quoi), suite à certains choix de l'auteur que je ne vous détaillerai pas ici.

S'inscrivant la grande tradition de Dreamland qui veut que tous les volumes multiples de 5 soient totalement fous, le tome 15 se devait d'être surprenant. Et pour du différent, on a été servi avec ses 300 pages à 9€! Mais bien sûr, le prix n'est qu'un détail (certes agréable, mais un détail tout de même) puisque comme lors du volume 10, la particularité est que nous n'apercevons pas une seule fois nos héros de la première à la dernière page. À la place, c'est le début de la grande guerre teasée depuis déjà 3 volumes qui débute par l'attaque de l'alliance élémentaire sur le royaume souterrain. Toujours dans un souci du travail bien fait, Reno voulait à tout prix nous offrir cette bataille dans son intégralité en seul volume... d'où les 300 pages!

Le moins que l'on puisse dire c'est qu'on en prend vraiment plein les yeux (pas de blague ici)! La bataille débute et se termine dans un seul et même volume, permettant tout d'abord d'introduire ou de réintroduire les différents protagonistes, puis de lancer peu à peu les différentes offensives et de terminer au bout du compte sur un final explosif. Le côté inédit du volume c'est tout d'abord que nous suivons pour la première fois, au delà de la bastonnade réunissant voyageurs et créatures de rêves dans un joyeux bordel, une bataille entre différentes armées (plus ou moins) organisées et suivant des stratégies guerrières ingénieuses. C'est vraiment plaisant à suivre d'autant que l'auteur nous réserves quelques surprises... que je ne dévoilerai pas (sinon c'est plus des surprises). L'autre grosse innovation du volume c'est le dessin. Qu'est ce que c'est beau put*** nom de Dieu! Sans cacher l'énorme inspiration de Berserk, Reno Lemaire nous impressionne avec des dessins soignés, des monstres gigantesques aux contrastes faites de milliers de petits traits dynamiques ainsi que des doubles pages pour t'achever quand t'en a pas eu assez. Au milieu de batailles à la narration très rapide et immersive, L'auteur se permet au détour d'une page de te stopper net dans ton élan à l'aide d'une de ces doubles pages parsemées de détails pour mettre en apesanteur toute cette tension et te laisser interloqué face à une telle beauté. Nous redécouvrons dans ce volume 15 la qualité du trait du mangaka en plus de celle de ses scénarios. C'est vraiment beau et prenant à suivre; en somme une excellente introduction pour cette grande guerre!

 

Il faut tout de même avouer qu'une fois le tome 15 fini et deux ans de passés sans voir nos fouteurs de merde professionnels, il pourrait rester un petit pincement au coeur de frustration à la fermeture du volume. Mais que neni puisque l'annonce arrive dans la foulée : nos moelleux seront de retour dans quelques mois seulement, et pour un nouveau tome qui s'annonce dantesque! Si vous vous rappelez bien, la dernière fois que nous les avions vu, nos héros étaient montés dans la locomotive du temps, une machine ayant un effet indésirable sur l'âge des ses voyageurs. Nous retrouvons donc papy-savane, Eve la milf, Terrence le gamin et Sabba le boulet (ouai, lui ça change pas) au 7e ciel (littéralement) pour tenter de trouver le roi des rêves et de lui toucher deux-trois mots à propos d'Edenia. Cette situation farfelue apporte donc une bonne dose de délire à ce volume, sans pour autant en faire un des plus relax. En effet, la grosse embrouille du tome c'est les Météors, ce groupe organisé aux airs de secte, qui veulent conquérir le 7e ciel... et tant qu'à faire le monde des rêves. Ce volume part donc assez vite en gros bordel, préparant la deuxième bataille clé pour l'avenir de dreamland. Bref, encore une fois ce tome nous offre de l'action, du gros délire mais aussi une profondeur assez inattendue.

Nous découvrons dans ces deux volumes une nouvelle facette de Reno Lemaire : celle de l'habileté à gérer des moments plus profonds. Deux chapitres en particuliers m'ont complètement retourné le cerveau : le dernier du tome 15 et le premier du tome 16. Bien que successifs, ces deux chapitres n'ont rien de commun, à part une profondeur inattendue dans un Dreamland. Ouai, c'est con à dire, mais Dreamland ça a beau être ma série favorite, c'est avant tout un gros délire bien fou avec quelques problématiques intéressantes dans le fond et pouvant parfois virer vers le sentimental, mais jamais avec un profondeur comme celle-ci. Le dernier chapitre du tome 15, tout en couleur pour souligner son importance et le faire contraster avec le reste du volume, nous offre un réflexion très belle et assez novatrice pour un shônen sur le thème de la guerre. Après nous avoir transporté pendant des centaines de pages au beau milieu de cette bataille et nous avoir fait kiffer avec des actions d'une classe incroyable, Reno Lemaire nous fait suivre dans cet épilogue la vision d'un jeune voyageur perdu au milieu de ce massacre. Dans un contraste total avec le reste du volume, l'auteur arrive en reprise de volley dans ta gueule pour te faire remettre en question tout le plaisir que tu viens de prendre à voir des centaines de personnes mourir e prendre conscience de la réalité de la guerre, bien loin du fun que tu as pu ressentir. C'est magnifique et très habile de la part de Reno, et pour cela, un gros pouce en l'air à lui!

 

* Une fois le tome fini *

Concernant le premier chapitre du tome 16 c'est très différent. Cette fois-ci, c'est le contexte de la locomotive du temps qui nous permet d'entrevoir de courts flashbacks ou flash-forwards (enfin de bonds dans le futur quoi) pour chacun des personnages. Nous revivons donc avec Terrence une partie de l'époque de la perte de sa mère, puis le futur de milf peut-être pas si heureuse que ça d'Eve, celui d'un papy-Savane frustré de ne rien avoir accompli dans le monde des rêves... enfin bref, Reno Lemaire vient donner une profondeur inattendue à ses personnages et presque nous dérocher la larme à l'oeil le temps d'un chapitre. C'est beau et clairement touchant mais... un seul petit chapitre... c'est bien trop court! Maintenant que Reno nous a prouvé qu'il était capable de taper avec succès dans le pathos, on espère voir cette nouvelle facette un peu plus développé dans le futur!

Finalement c'est toujours un grand plaisir de retrouver l'univers de Dreamland après 2 ans d'attente. Au fur et à mesure que passent les volumes, cet univers s'enrichit et prend en maturité d'une manière incroyable. Dreamland est l'exemple type de l'oeuvre qui a su grandir avec ses lecteurs. Pour tout cela, bravo et merci à Reno Lemaire de m'offrir l'un des derniers shônen qui me fasse toujours autant rêver!

 

 

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