Le rideau se lève

  • L'équipage Nakamanga
  • GrandFormat

Approchez, approchez mesdames et messieurs, aujourd'hui je vais vous parler d'un manga que vous pouvez retrouver chez vos libraires depuis le cet l'été. Un titre qui manquait énormément et à l'histoire bien singulière. Un titre qui avait déjà eu le droit à une édition en 2003 chez Delcourt/Akata (à l'époque), mais qui n'avait pas pu paraitre en intégralité et c'était vu prendre fin en 2014 avec la parution du vingt-et-unième volume (mi-série). Des ventes plutôt basses (moins de 700ex.), des choix éditoriaux étranges pour relancer les ventes (de nouvelles couvertures...hideuses) et des ayants-droits peu enclin à faire des concessions (offre 1 acheté/1 offert, pack starter...), le rideau c'était ainsi baissé sur la pépite qu'est Karakuri Circus, le manga de Kazuhiro FUJITA. Jusqu'au jour bénis des Dieux où les éditions Meian ont décidé de reprendre le manga, mais surtout...de lui offrir une incroyable édition "Perfect"!!

 

 

Cependant n'allons pas trop vite et prenons quelques instants pour parler du mangaka à l'origine de cette œuvre. Kazuhiro FUJITA, un mangaka que l'on pourrait qualifier de "vieux de la veille" puisqu'il est dans le game depuis 1988 et c'est avec son manga Ushio & Tora (inédit en France) qu'il explose début des années 90, un succès non négligeable puisqu'il comptera pas moins de trente-quatre opus. Il enchaine ensuite avec la masterclass dont il est sujet aujourd'hui, Karakuri Circus qui comptera quarante-trois tomes. S'en suivent quelques courtes séries comme Bakegyamon (chez Casterman), les titres Springald et Ghost & Lady (chez Ki-oon), puis le mangaka repart sur un travail de longue haleine (vingt-neuf tomes) avec Moonlight Act (chez Kazé). FUJITA a ensuite enchaîné sur Souboutei Kowasu Beshi (vingt-cinq tomes), son dernier manga en date et encore inédit en France. Il se murmure qu'actuellement le mangaka aurait rouvert les portes du Black Museum et pondrait une nouvelle histoire courte (qui on l'espère finira chez Ki-oon avec les deux autres). Voilà pour un petit tour d'horizon de la carrière de ce grand mangaka!

 

 

Je pense qu'on était pas mal à s'être fait une raison concernant un éventuel retour de Karakuri Circus en France. Néanmoins, l'espoir était toujours présent, il a même grandit avec l'arrivée avant la pandémie d'un anime tout beau tout frais (dispo sur Prime Video et chez Kazé) et qui permettait de rêver à nouveau d'une possible réédition du titre. Les éditions Meian déjà "responsable" de pas mal de paris que l'on croyait impossible (Kingdom) s'est lancé dans ce grand chantier. La bataille fût longue et difficile pour faire revenir le titre en France, j'ai souvenir d'échanges avec l'éditeur datant de plusieurs années en arrière sur la reprise du titre, avec l'idée de faire revenir le titre par la grande porte avec l'édition perfect du manga. Des ayants-droits nippon toujours aussi intraitables, mais la force était de notre côté !! En effet, Meian peut désormais proposer l'édition perfect de Karakuri Circus, qui comptera vingt-six volumes d'environ 300 pages (au lieu des quarante-trois de base), un grand format, l'intégralité des pages en couleurs, un papier ultra quali, nouvelle trad de l'ami Vincent MARCANTOGNINI, ainsi que quelques bonus, pour un prix des plus raisonnable (12.95€ pièce). Bien évidemment, l'éditeur français propose les tomes à la ventes individuelle, mais aussi via un abonnement comme cela avait été le cas pour Kingdom. Un système qui a fait ses preuves, pour 25.90€ par mois, vous aurez en plus des tomes, les coffrets de rangements, marques-pages, ex-libris et autres poster. Concernant l'édition, franchement, on est sur l'une des meilleures perfect disponibles. Si vous vous posiez des questions concernant le prix, je peux vous dire que le ratio est très favorable, il n'y a pas d'hésitations à avoir.

 

 

Parlons maintenant du manga en lui-même, on est tout de même là pour ça non?! Que nous propose FUJITA sur ce manga?? Il nous propose de suivre le jeune Masaru SAIGA, jeune héritier d'une fortune colossale et qui se retrouve avec des gens peu recommandables à ses trousses. Alors qu'il est à la recherche de Shirogane, le jeune garçon va faire la connaissance de Narumi, un jeune homme atteint de la maladie de Zonopha, qui l'oblige à faire rire les gens autour de lui, pour ne pas succomber lors d'une de ses crises et mourir asphyxié. D'étranges pantins tentent de kidnapper Masaru, mais grâce à l'aide de Narumi, il parvient à trouver le dénommé Shirogane, qui s'avère être une belle demoiselle aux yeux et cheveux d'argent et qui s'avère être une marionnettiste capable de manipuler une immense marionnette du nom d'Arlequin. Prémices d'une grande aventure pour ce trio peu singulier. Voilà pour le postulat de départ et sachez que ça ne résume vraiment que les deux premiers chapitres, autant dire qu'on met le doigt dans un sacré engrenage. Vous voyez l'iceberg? Eh bien dites vous qu'on est au sommet de celui-ci, mais genre vraiment sur la pointe la plus haute, autant dire que le chemin va être long. En effet, après la lecture de ces quatre premiers volumes, je peux déjà vous dire que vous n'avez encore rien vu et qu'il s'agissait juste de la mise en route du titre avant d'envoyer du lourd et de vraiment nous plonger dans la véritable histoire. En effet, vous le remarquerez rapidement, FUJITA segmente son récit en plusieurs "actes" dont les deux premiers sont présents pour l'heure (et encore le second acte prendra fin avec le cinquième opus). Le premier acte intitulé "Masaru", vient ouvrir la route, planter le décor, nous présenter l'univers dans lequel nous allons évoluer, nous familiariser avec les marionnettes, mais aussi et surtout présenter les personnages principaux du titre à savoir le trio former par Masaru, Shirogane et Narumi. Un ensemble qui s'avère très équilibré, entre dialogue introductif, scènes d'action, phases d'humour et étoffer le background des personnages (sans pour autant trop en dévoiler). Masaru est tout indiqué comme étant le personnage principal du manga, c'est lui qui a les caractéristiques pour évoluer tout au long de l'aventure, quand bien même Narumi et Shirogane viendront lui voler la vedette plus d'une fois de part la prestance et ce qu'ils dégagent. Pourtant, n'allez pas croire qu'il s'agit juste d'un premier arc narratif chargé bêtement de nous planter le décor, si c'est effectivement sa mission première, FUJITA n'est pas là pour enfiler des perles et nous pond un premier acte de qualité et qui va vous mettre sur le cul avec une final au suspens et au climax bouleversant. Difficile d'en dire plus sans spoiler, mais il faut avoir une bonne paire de baloches pour tenter se genre de twist après si peu de chapitres. Le second acte intitulé Cirque, a une mission totalement différente, non seulement il permet de souffler, mais aussi d'apporter plus de légèreté après ce que l'on vient d'avoir en apéro. On repart quasiment tout autre chose, avec des nouveaux personnages introduit comme le trio du cirque Nakamachi où encore Lieselotte. De nouveaux protagonistes que le mangaka prend vraiment le temps de bien installer, petit à petit, sans brusquer le lecteur et en accordant un maximum de soin à l'écriture et au background. Un arc narratif qui va aussi permettre de démontrer l'évolution plus que notable de personnages comme Masaru ou Shirogane. C'est d'ailleurs là que l'on voit que Masaru est vraiment LE personnage principal et que déjà l'évolution de ce dernier est plus que criante.

 

 

Tout est fait en ce début de lecture pour accrocher le lecteur, le mettre à l'aise, le faire rire, mais aussi pleurer, tout en ouvrant les horizons de ce que sera le récit, mais aussi en présentant et permettant aux personnages de grandir et d'évoluer sous nos yeux. Il est clair qu'après un premier acte, plutôt dynamique, à l'action omniprésente, le second fait pale figure et laisse nettement plus place à de la tranche de vie et à la construction et caractérisation des personnages. Perso, c'est justement ce genre de chose que j'apprécie sur les récits de Kazuhiro FUJITA (et d'autres mangaka), cette capacité à faire varier le rythme, pouvant totalement passer d'un truc à un autre pendant plusieurs chapitres, avant de revenir à autre chose, sans pour autant perdre l'intérêt du lecteur. Moi, c'est ça que je cherche dans un shonen! Oui, la route est souvent longue dans le shonen et on peut rapidement avoir une impression de redondance, les mêmes schémas qui se répètent quand bien même ils sont bien exécutés et camouflés comme dans One Piece (et je dis ça alors que c'est mon manga préféré, mais hein...on sait). Rarement je n'avait été hypé et touché aussi rapidement par une lecture que celle-ci. Difficile de faire la fine bouche devant ce trio et le charisme que dégage chacun d'entre eux. Perso, pour moi, c'est la définition même du démarrage d'une masterclass!!

 

 

On va finir avec le sujet qui "fâche" et probablement ce qui empêche inlassablement le mangaka de percer en France avec ses mangas, la patte graphique. Moi-même la première fois j'ai eu du mal à m'y faire, on est loin d'un style mainstream et de ce que l'on peut globalement voir et attendre visuellement d'un shonen. Mais, je pense que c'est justement ce titre qui m'a ouvert les yeux à ce sujet, qu'est-ce que j'attends visuellement d'un shonen? Une belle patte graphique, mais sans émotions derrière comme avec Tite KUBO (Bleach)? Une copie visuelle d'un autre style comme Hiro MASHIMA (Fairy Tail)? Non, on veut quelque chose qui dépote, qui réchauffe, qui transmet des émotions, retranscrit des ambiances, donne vie à des personnages et cela quand bien même le style semble atypique! C'est vraiment ce titre qui m'a fait voir les choses différemment et qui m'a permis de me tourner et découvrir des titres vers lesquels je ne serais jamais aller en me fiant uniquement aux graphismes (et cela vaut pour les comics, bédé etc...). Je ne base plus mes lectures qu'en fonction de la patte graphique et je peux vous dire que ça ouvre la porte à des découverte incroyables. D'ailleurs, c'est presque un faux procès qui est fait à l'auteur, puisque hormis son style graphique atypique, peut-on dire qu'il est dénuer de talent? Bien au contraire, je trouve qu'il est a classer parmi les meilleurs pour moi il va avec ODA/ARAKI/TOGASHI et compagnie. Clairement un mangaka de la même trempe, qui si l'on parle d'un point de vu purement technique, fait tout aussi bien avec des planches équilibrées, une mise en scène qui sait s'adapter au récit, des personnages charismatiques avec une vraie aura, mais aussi du détail (comme je l'ai partagé récemment sur les RS) et énormément de soin apporté à chacune des cases, aucune n'est bâclées. Vraiment, ne vous arrêtez pas juste au style particulier de l'auteur, vous passeriez à côté d'un titre incroyable.

 

Scénario : 5/5

Graphismes : 4.5/5

Éditions : 5/5

Ma note : 14.5/15

❤️

 

 

Si je parle avec autant passion de Karakuri Circus, c'est tout simplement parce que c'est LE manga qui m'a fait découvrir ce que finalement je préfère le plus lorsque je m'attaque à un shonen (alors que je n'ai même jamais eu l'occasion de pouvoir lire l'intégralité du titre). Des personnages hauts en couleur, différents genre qui se mélangent, mais surtout un mangaka qui n'a peur de rien, qui ose tout, qui le fait bien et qui surtout sait ce qu'il fait. Alors oui, la patte graphique est atypique et sort du lot, pourtant une fois qu'on s'y habitue, non seulement on apprend à l'apprécier, mais l'on découvre des dingueries visuelles et qui viennent parfaitement appuyer et mettre en avant l'histoire et les émotions qu'elle véhicule. Ça serait clairement une erreur de ne pas laisser sa chance au titre, parce que c'est pour moi, l'un des meilleurs titres édité en France!! 

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