La Planche S05E03 : Mangas.io
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BAM!!! C'est le re retour pour une troisième semaine et un troisième épisode de la Planche!!! Cette semaine, apportons un peu de diversité et c'est Mangas.io qui sera notre invité! Tu ne connais pas? T'es sûr? Il s'agit d'une plate-forme numérique qui sous forme d'abonnement te permet de lire tout un tas de trucs plutôt chouette. Un peu comme Netflix, mais juste pour lire du manga à gogo!!
1. Première question assez basique, peux tu, tout d'abord te présenter, ton parcours, ta vie, tes amours, pour ou contre la pizza ananas/jambon ?
Et bien, je suis Musashi, le responsable éditorial de la plateforme Mangas.io. Après quelques expériences dans le monde de l’audiovisuel, j’ai souhaité revenir à mon amour premier : les mangas. Par contre j’ai jamais souhaité gouter la pizza à l’ananas, faut pas déconner, je n’ai pas un palais suicidaire.
2. Avant de présenter Mangas.io, peux-tu nous dire comment est venue l'idée de plutôt vous orientez vers une plate-forme numérique, alors que pourtant de nouveaux éditeurs débarquent chaque année sur le marché?
En fait, on est parti d’un constat assez simple : tout le monde connait les scans. La plupart ont découvert leurs titres favoris ainsi, avant que ces titres débarquent en France. Et si la révolution numérique avait déjà touché de nombreux secteurs (la musique, l’audiovisuel, les jeux-vidéos), elle n’avait toujours pas atteint le marché du manga, pourtant propice à l’être vu que cela fait 15/20 ans que les lecteurs connaissent la lecture en ligne de mangas.
3. Maintenant, l'heure est venue! Présente nous, Mangas.io!
Mangas.io est la première plateforme à l’abonnement 100% dédié aux mangas. En proposant une offre complète avec un confort optimal de lecture, l’objectif était de démocratiser la consommation de mangas numériques. Jusqu’à notre arrivée, nous ne pouvions que lire soit illégalement sur des sites de scans soit en achetant à l’unité des chapitres/tomes…mais pratiquement aussi cher que le manga papier ! Afin de populariser et légitimer cette lecture numérique, l’abonnement nous a semblé être la solution la plus propice. D’une part, parce que les utilisateurs sont de plus en plus habitués à pouvoir consommer en illimité contre une rémunération, notamment grâce à la révolution numérique que j’évoquais sur les autres secteurs, de Netflix à Spotify.
Et d’autre part, parce que cela nous permettait d’inclure les éditeurs et auteurs dans le succès de la plateforme avec un partage des revenus en fonction des lectures.
4. Lorsque l'on est éditeur numérique, j'imagine que le fléau le plus important reste le scantrad. Petit avis sur cet éternel sujet (qui a brisé des amitiés, des foyers, des vies)?
Le fléau, je ne sais pas, mais en effet, pour un éditeur numérique, le scantrad est un véritable sujet.
Cependant, la situation est bien plus complexe que de savoir si c’est bien ou mal. En l’absence d’offres capable de répondre aux attentes des lecteurs, les sites de scantrad ont réussi à répondre à cette demande en répondant à la demande des lecteurs. Sauf qu’aujourd’hui, le marché du manga est déjà bien représenté avec pléthore d’éditeurs capable de nous sortir les derniers hits comme des petits titres ou des rééditions de qualité. Et qu’aujourd’hui, que des acteurs, comme nous, soient présents sur le marché pour légitimer un peu cette consommation numérique (qui reste globalement mal perçu par le marché) devrait quelque part diminuer la présence de plateformes illégales : comme ce fut d’ailleurs le cas lors de l’arrivée de Netflix ou Spotify : la consommation illégale a nettement diminué depuis l’arrivée de ces plateformes légales.
5. Alors que vous avez déjà 2 ans d'activité, comment ce porte le bébé? Va-t-on dans le bon sens? Plus vite que prévu?
2 ans c’est à la fois énorme et rien du tout. On le savait lorsqu’on s’est lancé sur le sujet, les choses prennent du temps. Beaucoup de temps. On essaye de faire évoluer les choses, changer des habitudes ancrées depuis des décennies. Mais on est très satisfait de ce que nous avons accompli jusqu’à présent : partant d’un seul éditeur, aujourd’hui on parvient à en réunir 10 dont Kana, l’un des leaders du marché en France tout en proposant un des titres les plus cultes qui soient : Naruto. Les choses avancent vraiment dans le bon sens, même si elles prennent du temps.
6. Peux-tu nous expliquer un peu quel est le process d'acquisition d'un titre pour vous? J'imagine que le chemin est loin d'être le même que pour un éditeur.
Aujourd’hui, on a une position un peu étrange sur le marché : nous sommes distributeur numérique avant d’être éditeur. Par conséquent, notre volonté première est de représenter le marché éditorial français avec des titres disponibles en France mais que le lecteur ne connait pas encore.
Cependant, nous avons également des discussions pour éditer directement des titres provenant du Japon, de la Chine ou de Taiwan. A ce niveau-là, nous essayons de travailler de concert avec nos éditeurs partenaires, permettant ainsi aux titres d’avoir à la fois une distribution numérique mais également une distribution papier. Les auteurs comme les éditeurs étrangers restent attachés à l’importance d’une édition physique, même à l’étranger.
Nous, de notre côté, nous voulons permettre à plus de titres d’arriver en France mais également de trouver leur public. C’est d’ailleurs dans ce sens, que nous souhaitons pousser la création française. Des créations qu’on voit de plus en plus nombreuses sur le marché, notamment grâce à des auteurs qui ont grandi avec le manga.
7. Dans le même gout, est-ce que la marge qui vous revient est sensiblement la même que pour un éditeur manga, ou bien cela est-il très différent?
Non ce n’est pas la même et c’est même assez différent. Un éditeur physique a de nombreux coûts à prendre en compte lors de la création de son titre (de la fabrication à la traduction en passant par le marketing) et tout ça peut être déléguer à des prestataires. De plus, ils devront prendre en compte le nombre de ventes de leurs titres dont une partie revient sensiblement à l’ayant-droit. De notre côté, les coûts sont moindres vu qu’ils ne nécessitent pas de fabrication. On peut donc aisément reverser une part plus intéressante à l’éditeur et à l’auteur. On vient nourrir un pot commun avec l’ensemble des abonnements et on vient par la suite calculer le nombre de lectures des titres sur la plateforme. En fonction de ce qui a été lu, la part reversée à l’éditeur est plus ou moins importante.
8. Comme il s'agit de deux genres très liés, est-il possible de voir arriver dans le futur des light novel sur la plate-forme?
On s’est longuement posé la question lorsqu’on a lancé la plateforme et même s’il est aujourd’hui possible d’héberger des light novel sur la plateforme, on a préféré ne pas le faire. Elle n’a pas été pensée pour ça et est donc moins optimale pour lire exclusivement du texte. On se garde toute même la possibilité si cela nous permet d’agrandir l’univers de séries mangas déjà présentes sur la plateforme. Mais pour le moment ce n’est prévu.
9. Peut-on avoir l'espoir dans le futur de voir du simultrad sur des titres nippon via votre plate-forme? Ou bien c'est vraiment une marche "trop haute" pour l'heure? (car je crois sauf erreur de ma part que ce n'est pas encore le cas)
Alors on a déjà démarré un titre en simultrad : TODAG. Certes, il ne vient pas du Japon mais de Chine et on peut retrouver un demi-chapitre tous les mardis et vendredis sur la plateforme et ce disponible totalement gratuitement, pas besoin d’avoir un abonnement. Bien sûr qu’on souhaiterait avoir de la simultrad sur la plateforme, on en parle très régulièrement avec nos éditeurs partenaires.
Après, le sujet reste épineux : les titres les plus regardés à ce niveau là sont sans conteste les titres de Shueisha qui bénéficient déjà d’une simultrad légale en français sur MangaPlus et ce totalement gratuitement. Pour les autres titres, cela demande à l’éditeur de devoir avoir une équipe qui travaille de manière hebdomadaire sur le sujet, ce qui n’est pas forcément évident lorsqu’il s’agit d’un titre moins porteur qu’un One Piece. Et ensuite après ça, il y a aussi tout l’aspect légal de cette simultrad qui reste encore très floue sur son fonctionnement.
Donc oui, le sujet est sur la table. On espère débloquer ça dans le courant de l’année, on sait pertinemment que c’est un sujet très attendu.
10. On boucle avec le traditionnel, "C'est quoi la suite?", donc, maintenant c'est quoi la suite pour Mangas.io??
On a encore beaucoup de choses à prévoir, nous n’en sommes qu’au début. Malheureusement, je ne peux pas trop en parler sous peine de nous attirer le mauvais œil. Cependant, soyez certains que le catalogue grandira encore au cours de l’année et qu’on prépare un paquet de surprises qui devront, je pense, plaire à la communauté manga.
Comme à chaque fois, je remercie toute l'équipe Mangas.io pour avoir pris le temps de répondre à mes quelques questions. C'est vraiment cool comme plate-forme, l'application est assez intuitive et ergonomique (pourtant je n'aime pas lire sur écran) et comme ils le disent, le catalogue va s'étoffer au fil du temps, donc, c'est une belle et bonne alternative accessible à toutes les bourses.