La Planche S07E03 : Tpiu

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Parfois dans la vie il y a des rendez-vous manqués...ce fût le cas en juin dernier alors que j'aurais pu croisé la route de Tpiu lors de sa tournée dans la France, j'ai subit un tacle pied en avant de la part du Covid qui jusqu'ici n'avait pas réussi à me toucher. Une sombre histoire...

Toutefois, comme Tpiu c'est la meilleure, elle m'a tout de même accordée un peu de son temps en différé et de cela naquit l'entretien qui suis! 

 

 

1. Commençons par le début, peux tu te présenter et nous raconter un peu ton parcours de ta naissance jusqu'à aujourd'hui? (une sorte de biographie avant l'heure)

 

Moi, c'est Tpiu et à l'âge de 16 ans, j'ai décidé de devenir mangaka au Japon. J'ai donc commencé à écrire et dessiner de nombreux one-shots, à participer à des concours. J'étais également très présente dans les salons de manga où je vendais mes one-shots sous forme de fanzine. Après avoir eu mon bac L, je suis partie en fac de japonais pour apprendre la langue mais sans grand succès. Je suis partie au Japon 3 fois et ai rencontré plusieurs fois des éditeurs pour leur présenter mon travail et recevoir des retours. J'ai également essayé de vivre là-bas mais j'ai vite compris que ce n'était pas pour moi.

 

Suite à un des concours auxquels je participais, un éditeur du Jump Plus (Shueisha) m'a recontactée dans le but de travailler ensemble et publier un jour mon manga dans leur magazine. Pendant plusieurs années, je lui envoyais les story-boards de mes one-shots qui étaient toujours rejetés mais je recevais à chaque fois de précieux conseils. En même temps, j'ai auto-édité 3 mangas grâce à des campagnes Ulule : Le Roi des Chapeaux, Tpiutopia et ADA.

 

Malheureusement, mes projets avec le Japon prenaient trop de temps à se mettre en place à cause de la barrière de la langue et je dû les mettre de côté pour tenter ma chance en France. J'ai donc envoyé mon projet à plus éditeurs français de manga et en septembre 2021, je signais chez Kana pour ma série "Les Héritiers d'Agïone" dont les tomes 1 et 2 sont déjà sortis. 

 

 

2. Comment fait on pour avoir son manga édité chez Kana? Peux tu nous raconter cette aventure?

 

Il faut faire un dossier d'édition. Donc préparer un fichier du projet avec le synopsis, des illustrations, descriptions et extraits de pages, le but étant de donner envie à l'éditeur d'en savoir plus. Puis on l'envoie par mail. En passant par des vents et des refus, Kana a tout de suite été intéressé par mon projet et c'est donc allé assez vite me concernant.

 

 

 

 

3. On peut désormais lire ton premier titre, "Les héritiers d'Agione" (disponible chez Kana). Peux tu (pour ceux qui n'ont pas encore sautés le pas) faire un petit résumé qui leur donnerait l'envie de foncer l'acheter?

 

C'est l'histoire d'un royaume où les gens peuvent mourir 2 fois, sauf les nouveau-nés. Trop faibles et trop purs, ils ne ressuscitent jamais. Et sans le soutien spirituel, la plupart a tendance à renaître de façon horrifique, à l'image de leur mort. On a donc des monstres qu'on appelle des Maudits. On suit l'histoire d'Adalise, la princesse du royaume. Elle est mort-née, mais elle quand même revenue à la vie et elle ne s'est pas transformée en Maudit, ce qui n'est pas normal. A cause de ça, le peuple craintif va l'appeler la princesse cadavre.

C'est une histoire d'aventure et de quête de vérité autour de l'héroïne qui est pleine de mystères...

 

 

4. J'ai ressenti lors de la lecture un titre imprégné de l'aura nipponne, mais aussi pas mal d'inspiration française. Peux tu nous dévoiler un peu tes diverses inspirations pour ton manga?

 

Ma plus grosse source d'inspiration vient de Miyazaki. Ses œuvres m'ont fortement marquée dans mon enfance, que ce soit dans ses visuels époustouflants et dans ses personnages et histoires dotés d'une maturité que l'on ne connaît plus aujourd'hui. Dans le même esprit mais dans le total opposé culturellement, je pourrais également citer Tolkien, une immense source d'inspiration pour l'univers de la fantaisie et de la spiritualité.

 

Pour revenir à l'univers des mangas, je considère Fullmetal Alchemist comme étant le meilleur modèle. J'aime cette maturité et le mélange entre l'histoire terriblement dramatique et l'humour dévastateur de l'autrice. Plus récemment, l'Atelier des Sorciers de Kamome Shirahama m'a fait une sacrée claque visuellement et j'aspire à atteindre la qualité de ses planches un jour, que ce soit au niveau des traits ou de la mise en scène.

 

Et enfin, pour terminer, je citerai mes nombreuses lectures comme les romans de Brandon Sanderson ou la série Game of Thrones que j'adore et admire pour leurs prouesses scénaristiques et leurs univers incroyables. 

 

 

5. Adaline est ton personnage principal, peux tu nous parler un peu de son processus de création? Est-ce qu'on part d'abord sur le visuel, plutôt sur la personnalité? Est ce que l'on retrouve Tpiu dans Adaline?

 

 Je n'ai pas de réel processus, je fonctionne toujours au ressenti. Pour Adalise, je savais que je voulais une princesse comme héroïne, autant pour son côté visuel (robes, bijoux) que pour les enjeux que ça peut apporter. Etant également passionnée par le tir à l'arc, je lui ai donc confié cette arme que je trouve très élégante, notamment pour les personnages féminins. Puis, par-dessus tout, je voulais une héroïne comme on n'en voit plus aujourd'hui (et que j'aime tant dans les films de Miyazaki). Pas une pleurnicheuse niaise. Pas une "femme forte" ultra balèze féministe. Je voulais qu'elle soit naturelle, avec son caractère, ses défauts, ses qualités, ses faiblesses et ses forces.

 

Ce ne fut pas compliqué de créer son caractère car je lui ai donné tout ce que je suis. Et je l'ai rendue meilleure, faisant d'Adalise celle que j'aimerais être. J'ai toujours voulu être une princesse après tout ! (lol)

 

6. Durant la lecture, j'ai aperçu des thématiques assez centrales comme la famille, le rejet, la croyance, de la géopolitique ...des thématiques qui sont aussi importantes dans la vraie vie. Comment t'es tu placé là dessus? Te fixes tu des limites pour ne pas proposer quelque chose de trop lourd ou bien, il n'y a pas de barrière on ira jusqu'au fond des choses?

 

Je ne me donne aucune barrière quant aux sujets que je veux aborder mais je les adapte pour les rendre naturels. Je ne veux pas qu'on ait l'impression que je donne des leçons ou que je pointe du doigt chaque thématique. J'aime la subtilité et je veux pouvoir accompagner le lecteur à travers des sujets que je veux partager sans donner l'impression de les imposer.

 

J'aime les histoires de famille dans les fictions (ex : Game of Thrones) car elles rendent les personnages très attachants et très proches du lecteur. Je trouve que les personnages de manga sont trop souvent seuls, livrés à eux-mêmes (alors qu'ils n'ont que 15 ans franchement...), comme s'ils étaient littéralement nés dans un chou ! On parle alors d'amitiés ou de romance, mais l'amour entre membres d'une famille est tellement différent qu'il mérite d'être présent !

 

Je me suis également rendue compte que j'avais grandi dans un cadre très inhabituel par rapport à la plupart des gens et que cela me permettait d'aborder certains sujets de manière bien différente. J'espère pouvoir partager la connaissance et la richesse que j'ai reçus lors de mon enfance.

 

 

7. D'ailleurs, j'ai eu l'impression par moment d'avoir quelques inspiration de "Altair" (chez Glenat). Un univers vaste, de la géopolitique. Est-ce un sujet qui te passionne? On voit dans le premier tome que tu laisse une map assez incroyable et qui suggère un grand monde à découvrir. Sais-tu déjà où tu veux aller en terme de durée pour ta série?

 

Non, je ne me suis pas inspirée d'Altair (je n'ai lu que le 1er tome il y a longtemps). Mais oui, je suis très fan des vastes univers, de géopolitique, de cultures et d'ethnies. Je sais très bien où je veux aller et ça risque de bouleverser le lecteur car ça sera très... inattendu ! Mais je pense que ça plaira. Bien sûr, ça n'arrivera que si la série continue car, dans les premiers tomes, nous restons dans la même zone géographique. 

 

8. Maintenant que tu es dans le bain. Ça fait quoi d'être mangaka à temps plein?

 

C'est... une autre vie ! J'avoue que c'est même très difficile. Travaillant chez moi, seule, 7 jours sur 7, les fesses vissées à mon fauteuil de 10h à 20h, dépendant de mon inspiration, de mes humeurs et regardant d'un œil angoissé la deadline qui approche... Eh bien, ça ne fait pas rêver ! Heureusement, mon histoire plaît et les lecteurs sont présents, ça motive beaucoup ! 

 

 

9. Est ce que l'on peut savoir ce que Tpiu nous recommande dernièrement en terme de manga/jeux vidéo/films/série? Tu as un Top3 manga?

 

Je recommande vivement les romans de Brandon Sanderson qui sont des incontournables !

Mon top 3 manga : Fullmetal Alchemist, L'Atelier des Sorciers et L'Attaque des Titants.

 

10. La tradition pour la dernière question. Le mot de la fin? (on te laisse la place) 

 

Umbasa!

 

Merci encore à Tpiu d'avoir pris le temps de répondre à nos questions et juste foncez lire "Les héritiers d'Agione" si ce n'est pas encore fait!!! Je vous remet un lien direct vers la review du premier opus juste ICI

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