La Planche : Guillaume "RUN" Renard !

Semaine chargée puisque je met le paquet avant de me faire la belle sous les sunlights du Portugal !!! Je me suis dit qu'il serait de bon ton de mettre un petit épisode de #LaPlanche avant de me carapater. 

 

 

Cette semaine, j'ai la chance d'accueillir, le papa de "Mutafukaz", le papa du Label 619 chez Ankama, le papa de la saga horrifique Doggybags et j'en passe...puis je suis pratiquement certain que si l'on cherche bien, il est le papa de certains d'entres vous devant votre écrans et vous ne le savez même pas !! C'est LE papa !! J'ai nommé invoqué Guillaume "RUN" RENARD !! * Cris de la foule en délire, lancés de string et exemplaires de Doggybags * Bon...du coup, sans plus attendre, place !!

 

1. Commençons par le début, peux tu te présenter à nos lecteur, ton parcours, tes inspirations etc ? 

 

Je m'appelle Guillaume Renard, aka RUN, aka 777run. Je suis auteur de Mutafukaz, créateur de la série DoggyBags et du Label619, que je continue de diriger (aujourd'hui avec 3 associés). Et depuis peu réalisateur car je viens de sortir l'adaptation de Mutafukaz en anime, avec le studio japonais studio 4°C. Je suis de la génération qui a vu Goldorak débarquer à la télé, et les Strange arriver en kiosque. Donc depuis tout petit j'ai des influences très métissées. Mon héritage franco belge bien sûr, et des inspirations à la fois japonaises et américaines.

 

2. Si je te dis "Suck cheese shark face" est-ce que je te met un coup de vieux dans la tronche ? 

 

Oui ! "Suck Cheese" c'était le fanzine que j'avais créé avec des potes aux Beaux Arts, quand j'étais étudiant. ça date ! On faisait ça à l'ancienne, couverture en sérigraphie, photocopies noir et blanc à l'intérieur. Bref, plein de bons souvenirs. Il doit m'en rester un ou deux. A l'époque, je faisais une BD qui s'appelait "The Mad Fox", les aventures foutraques d'un renard anthropomorphe mercenaire de l'espace. Un mélange entre Star Fox et Doom. C'était assez nul, avec le recul.

 

 

3. C'est avec "Mutafukaz" finalement que tu t'es fais connaître du grand public, peux-tu nous parler de sa création ? 

 

J'ai commencé mes premières esquisses de Mutafukaz en 1997. Au tout début, ce n'était pas un vrai projet. C'était des personnages que je dessinais dans les marges des lettres que j'écrivais à ma go de l'époque (oui, en 97 on s'écrivait des lettres) : Je venais d'arriver à Nancy pour mes études, et elle était à Paris, alors on s'écrivait souvent. Et comme la rentrée colle plus ou moins avec la période d'Halloween, j'ai commencé à dessiner des petits personnages freaky, qui allaient devenir Vinz et Angelino. Je me suis attaché de plus en plus à ces personnages, et j'ai commencé à les intégrer dans des histoires de plus en plus complexes au travers de petites BD sans ambitions, à part de me faire passer le temps. En 1999 j'ai intégré une agence multimédia et j'ai découvert Macromedia Flash, et les sites internet. Naturellement, j'ai voulu essayer d'animer mes perso. Et j'ai créé le premier site Mutafukaz la même année, où je partageais cet univers avec des internautes. A l'époque, il n'y avait pas de finalité à tout ça. C'était juste une impulsion de création pure. En 2003, j'ai  réalisé un court métrage mettant en scène Vinz et Angelino aux prises avec une section d'intervention spéciale qui prenait d'assaut leur petit appart: Opération BlackHead. Je ne connaissais pas encore le pourquoi du comment, mais tout commençait à prendre place dans ma tête; la mythologie de Mutafukaz était en route. Le court métrage a fait le tour du monde des festival, et a été nommé au Sun Dance Festival. Mais à l'époque, j'étais salarié dans une boîte sympa et je ne comptais pas en bouger. Je n'ai pas pris la mesure de ce que signifiait la nomination au Sun Dance. Au final, sans nouvelle impulsion, il ne s'est rien passé de plus. En 2005 je décidais de quitter la boite qui m'embauchait, et j'ai décidé de faire quelque chose de concret avec tout ça. Et quoi de mieux qu'une Bande dessinée pour le faire ?

 

 

4. On va rester sur "Mutafukaz" qui a eu la chance d'être adapter sur grand écran. Un projet qui te tenait à cœur je penses, mais surtout une toute nouvelle expérience pour toi. Comment on passe de l'un à l'autre ? Qu'est ce qui fait que tu as décider de sauter le pas ? 

 

En 2009, Tot le boss d'Ankama a ouvert un studio d'animation à Tokyo: Ankama Japan. A cette période, il a rencontré plein d'acteurs de la scène de l'animation japonaise, dont Mme Tanaka, la boss du Studio 4°C. Il lui a présenté la boîte, et les BD qu'on y faisait. Quand Mme Tanaka a vu la BD Mutafukaz, elle a tout de suite accroché, car c'était assez proche de l'ADN de son studio. L'idée de faire une adaptation est venue naturellement.

 

5. Les méthodes de travail sont différentes sur les deux supports, peux-tu nous en parler un peu ? Satisfait du résultat final avec le recul ? 

 

Faire une BD et un film, sont deux métiers différents. Sur le film j'ai bossé avec un réalisateur confirmé, Shojiro Nishimi, qui s'est occupé de la direction technique. Moi, mon rôle, c'était d’adapter l'univers  en respectant le matériel pré-existant, tout en lui insufflant une âme. Et aussi trouver des idées de mise en scène sympas, et transposer toutes les ruptures graphiques de projet BD à l'écran. Dans une BD, tu es seul. Tu gères comme tu veux, tu peux te permettre d'improviser à certains moments. Sur un film, c'est très différent. Il y a des équipes, et tout doit être millimétré avant de commencer. C'est moins souple, et surtout c'est très "théorique". Tu ne vois le résultat de ce que tu as écrit que plusieurs années après...  Je suis très satisfait du résultat, mais comme je le dis souvent en présentation, c'est une adaptation parmi des centaines d'adaptations possibles. J'imaginerais bien développer l'univers en série, par exemple.

 

 

6. Attention étape suivante, l'arrivée de Doggybags en France. Comment est venue l'idée ? C'était un pari audacieux  de ce lancer sur une aventure comme ça non ? 

 

J'ai toujours aimé les récits courts, et les anthologies fantastiques comme les contes de la crypte, ou la 4eme Dimension. Bizarrement, ça manquait au paysage BD français, mais aussi international. Les BD de chez EComics ont été la principale inspiration, mais il fallait moderniser le concept. J'ai posé les bases du truc, et j'ai appelé Florent (MAUDOUX) et Blacky (SINGELIN) pour leur en parler. Ils ont été emballés par l'idée, et c'est comme ça qu'on a commencé à bosser sur le tome 1. Yuck, avec qui je travaillais depuis des années et avec qui je partage énormément de références a été aussi très important pour l'identité visuelle très singulière du projet. Je voulais que ça envoie le signal visuel "exploitation", et il a fait ça aux petits oignons. On s'est beaucoup inspiré des comics de EC sur la charte graphique. A l'époque personne ne misait dessus. Si bien que pour que le tome 1 se fasse, aucun des auteurs (dont je faisait partie) de ce premier tome n'a été payé en avance sur droits, de manière à réduire considérablement le coût de production, et de convaincre ma direction que ça valait le coup de tenter . Le but du jeu, c'était de voir si ça allait prendre, pour savoir si on continuait. C'est aussi pour ça qu'il y a eu autant d'attente entre le tome 1 et le tome 2.

 

7. Au delà des histoires présentées, on retrouve de nombreux interludes très documentés et instructif (dont tu es souvent l'auteur ) pourquoi ce choix ? 

 

C'est une sorte de madeleine de Proust. Quand j'étais gosse, il y avait beaucoup de comics US traduits dont les pages se partageaient avec du contenu plus pédagogique. A la base, c'était une stratégie pour les éditeurs pour payer moins de TVA, mais ça, j'en savais rien. Alors quand j'ai posé les bases de DoggyBags, ça m'est revenu. Et je me suis dit que ça serait intéressant de faire ça intelligemment, pour donner des clés de compréhension supplémentaires au lecteurs, ou éclairer un angle différent du réçit, etc... ça en plus des pubs typique qu'on retrouvait dans les comics originaux. Avec Yuck, on s'est vraiment amusé à poser tout ça, et à faire de DoggyBags quelque chose de très référencé, et surtout de très ludique... 

 

8. Doggybags c'est quand même un gros vivier de talent. On peut dire que tu as le pif ? 

 

Oui, on me dit souvent que j'ai un grand nez :)

 

 

9. Doggybags c'est terminé, enfin pas tout as fait. On peux retrouver Doggybags présente ou one-shot désormais. Et j'aimerais que tu nous parle d'un ouvrage un peu spécial qui est "Sang d'encre"! Alors sayé on touche à tout ? 😜

 

Tanguy bossait avec nous sur DoggyBags dès le numéro 10, en proposant une nouvelle littéraire illustrée à chaque numéro. Je me suis dit que ça serait bien de tester le concept sur un bouquin entier. C'est comme ça que j'ai eu l'idée de tester Sangs D'encre. J'adore le projet, mais c'est nettement plus difficile pour nous de le proposer à nos lecteurs, qui sont habitués à nous voir dans le registre BD.

 

 

10. Dernier question, je te laisse la parole. C'est quoi la suite ? Le Label 619 prend son indépendance j'ai cru comprendre ? 

 

Ankama nous a permis de prendre notre indépendance pour voler de nos propres ailes. Il ne s"agit pas d'un divorce, l'idée est bien entendu de continuer à bosser nos futures BD avec eux. Mais je pense que nous avions besoin de nous confronter à la réalité du terrain. Nous avons toujours souhaité faire vivre nos univers au travers d'autre médiums que la BD: l'animation, le jeu vidéo, ou tout simplement les produits dérivés. Cette nouvelle façon de travailler "en partenariat" plutôt qu'en salariat (comme c'était le cas jusqu'à présent pour moi) me le permet maintenant. Jusqu'à présent, j'étais le seul taulier du Label 619. Maintenant je partage cette tâche avec Guillaume Singelin, Florent Maudoux et Mathieu Bablet avec lesquels je bosse depuis plus de 10 ans maintenant. Ce sont des associés solides, et à la proposition créative hors norme. Et moi, ça me permet de me recentrer un peu sur mon travail d'auteur que j'avais été contraint de mettre de côté avec la direction du Label et le suivit d'auteurs.

 

Voilà pour cette petite interview, je remercie évidemment Mr.RUN d'avoir prit sur son temps pour répondre aux questions. Merci aussi à Mathieu BABLET d'avoir fait la connexion et d'avoir rendu cette interview possible. 

Autrement les amis, je vous donne rendez-vous à mon retour de vacances et on parlera justement de "Doggybags" dans l'article comics. 

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