La Planche : Chattochatto
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Hey les amis, il y a bien longtemps, en 2015, nous avions démarré la rubrique La Planche, qui consistait a proposer des petites interviews, d'éditeurs, auteurs, blogueurs qui nous apprécions. Par manque de temps, j'avais été obligé de suspendre cette rubrique, j'ai cependant décidé de la faire revenir d'entre les morts, on verra si le succès est au rendez-vous en tout cas, j'espère que vous prendrez du plaisir à lire nos mini-entretiens !!
J'ai cherché pendant un petit temps, qui pouvait être parfait pour cette reprise et j'ai eu l'idée de nous intéresser à nos tout nouveaux copains, les éditions Chattochatto ! Quoi de mieux qu'un "baby éditeur" pour notre retour ?! Ouai, non, il n'y a pas mieux, c'est bien ce que je me disais moi aussi, du coup, c'est Nicolas, l'un des cofondateur qui s'est risqué à nous répondre. L'inconscience de la jeunesse probablement, quoi qu'il en soit, il a juré de nous dire toute la vérité, rien que la vérité !!
Je m'appelle Nicolas et je suis le cofondateur (avec mon frère Navid), des éditions Chattochatto, une nouvelle maison d'édition créée en février 2018, nous sommes donc une toute jeune structure. Nous éditons différents types de manga (Kodomo, shonen, shojo, seinen, josei et originaux) et nous fonctionnons principalement aux coups de cœur.
Concernant mon parcours, j'ai une licence en sciences humaines et un master en communication avec une spécialisation en patrimoine immatériel et gestion de l'information. J'ai créé directement une 1ère société à la sortie de la fac, mais j'ai auparavant effectué mes stages chez NRJ et Webedia.
La création des éditions Chattochatto est venue d'un constat tout simple : dans la vie, il faut savoir se lancer, mais également faire quelque chose qui nous plaît. Il faut savoir qu'avant de créer les éditions Chattochatto, nous avions déjà créé une société qui développait des applications pour smartphones, mais le problème quand on crée une société juste pour suivre une tendance, c'est que cela se ressent dans le travail. À la fin de la 1ère année d'exploitation nous avons vu cela ne nous plaisait pas.
Nous nous sommes donc dit que quitte à avoir une société, autant faire ce qui nous plaisait : l'idée de créer une maison d'édition de manga est venue naturellement, car j'étais un passionné de manga et japanimation.
Pour être tout à fait transparent, nous nous sommes jamais posé la question de savoir si le marché était chargé, nous nous sommes juste dit "nous sommes jeunes et nous voulons réaliser notre rêve. Personnellement j'ai presque dû repartir en cours puisque je ne connaissais pas du tout le monde de l'édition, il a donc fallu que j'assimile une énorme masse d'informations en très peu de temps. Heureusement j'ai été bien guidé et aussi étonnant que cela puisse paraître c'est bien le gérant d'une autre maison d'édition qui m'a inspiré puisqu'il s'agit d'Ahmed Agne des éditions Ki-oon.
Concernant le plan d'attaque........il y en a pas, il s'agit plus d'une volonté, celle de créer une communauté. Notre volonté c'est avant tout d'être proche de nos lecteurs, mais également de les faire participer à cette aventure. Pour mieux comprendre notre volonté d'impliquer nos lecteurs il faut que je raconte une histoire.
Ma volonté de créer une maison d'édition est née quand j'avais 14 ans. À cette époque les Éditions Kurokawa venaient de naître, et le jeune ado fan de manga que j'étais, rêvait de créer son manga. J'avais donc envoyé aux Éditions Kurokawa un dessin très mauvais, pour ne pas dire médiocre, avec une lettre expliquant que j'avais une histoire et je souhaitais être édité. J'ai attendu une réponse, longtemps, très longtemps, et finalement rien........même pas une réponse négative. Je peux comprendre qu'ils étaient très occupés à l'époque (comme nous actuellement) mais le fait de ne pas donner de réponse m'avait énormément blessé. Je m'étais alors juré qu'un jour je créerai ma maison d'édition et que je répondrais à toutes les sollicitations, même pour donner une réponse négative.
En somme nous voulions créer une maison d'édition qui communique un maximum ses lecteurs, afin de leur donner le sentiment d'appartenir à une famille. Nous sommes donc plus transparents sur le processus de création, demandons constamment leur avis quand nous le pouvons, et interagissons beaucoup avec eux.
Cette volonté de proximité vient précisément de cette anecdote que j'ai eue avec Kurokawa. Nous voulons partager au maximum cette aventure et montrer un peu plus les coulisses d'une maison d'édition et surtout être le plus honnête possible avec nos lecteurs. Quand nous avons des moments de joie, nous le partageons, mais également quand nous avons des moments plus difficiles. Cela est un moyen d'impliquer un peu plus ceux qui nous suivent afin qu'ils ne soient pas uniquement des lecteurs, mais presque des acteurs de cette aventure.
Ainsi contrairement aux autres maisons d'édition nous avons créé tout un réseau de communication directe avec nous. En plus des habituels facebook et twitter, nous avons également mis en place un profil curiouscat, qui est un réseaux social où tout le monde peut nous poser des questions (les réponses sont ensuite affichées sur notre mur.)
Nous avons également mis en place les Chattochatto live qui sont des live twitch ou nous discutons avec les lecteurs de nos nouveautés et nous répondons également à leurs questions. Nous avons enfin les rencontres IRL (In Real) que nous mettons en place régulièrement (en Ile De France uniquement pour le moment),qui donne l'occasion aux personnes présentes de discuter avec nous, et même nous proposer des œuvres, que cela soient les leurs, ou celle d'artistes qu'ils aimeraient bien voir édité en France.
D'ailleurs notre première IRL, qui a eu lieu en même temps que le Chattochatto live #1, a permis à l'une de nos futures lectrices de nous parler d'une artiste que nous ne connaissions pas du tout, et nous avons fini par contacter cette artiste en vue d'une éventuelle publication.
Concernant l'idée de demander l'avis des lecteurs, nous le faisons quand nous le pouvons. Les décisions importantes sont prises en interne, mais dès que nous pouvons demander l'avis des lecteurs, nous le faisons. Par exemple pour Carciphona nous leur avons demandé s'ils préféraient avoir une jaquette vernis ou mat. Ce genre de détails n'a pas d'impact sur notre travail mais fait plaisir aux lecteurs, car au final, ce sont eux qui achèteront le manga et le placeront dans leur bibliothèque.
Comme je l'ai dit précédemment nous marchons aux coups de cœur, et Carciphona était le premier coup de coeur qu'on a eu. Nous avons donc dû passer par son agent afin de négocier les droits de Carciphona, et par chance, elles (l'agent et Shilin) étaient assez ouvertes à l'idée d'aider une nouvelle maison d'édition.
Le fait d'être édité en France est toujours quelque chose de spécial (nous sommes le deuxième marché après le Japon) et finalement c'est cette idée qui nous a aidé de convaincre Shilin de se lancer dans l'aventure. Mais tout s'est déroulé finalement assez facilement et nous sommes très heureux d'avoir une auteure aussi talentueuse comme tête d'affiche.
Petite anecdote rigolote : notre famille est canadienne et c'est après avoir signé le contrat avec Shilin, que j'ai découvert qu'elle n'habitait pas très loin de chez famille, ce qui nous permettra de lui rendre visite plus facilement à l'avenir.
Pour être tout à fait honnête j'ai commencé Carciphona par le tome trois ahahah. C'est d'abord les graphismes qui m'ont subjugué, j'ai donc décidé de reprendre au tome un afin de lire l'histoire. Shilin a réussi à créer un univers magnifique que ce soit dans son esthétique ou le choix de design des personnages.
J'ai commencé donc à m'intéresser à l'histoire et ce qui m'a plu c'est qu'a chaque fois que je pensais savoir ce qu'il allait se passer, j'étais surpris. En plus j'adore le personnage de Veloce qui est aux antipodes du héros de shonen traditionnel. Elle ne cherche pas à être reconnu ou la meilleure et aime plutôt l'alcool ahahah.
Pour la première année nous pensons sortir deux séries, Carciphona et une autre encore secrète, et pour 2019 nous essaierons de doubler ce chiffre.
Il faut savoir que nous sommes une maison d'édition totalement indépendante, nous devons donc y aller crescendo afin de trouver un rythme de parution qui nous convient. Mais clairement nous préférons prendre notre temps pour faire découvrir chacune de nos séries, d'où le fait que nous sortons peu de manga pour le moment et débutons la communication bien plus tôt que chez les autres maisons d'édition (quatre mois avant chez nous contre six semaines avant en moyenne chez les autres)
Je sais déjà que j'aurais adoré publier A Silent Voice de Yoshitoki Oima (paru chez Ki-oon), et Erased de Kei Sanbe (toujours chez Ki-oon). Après je vais faire une liste rapide des manga que j'aurais adoré publier :
- Fullmetal Alchemist (chez Kurokawa)
- Neon Genesis Evangelion (chez Glénat)
- Chobits (chez Pika)
- Kingdom (chez Meian)
Nous évitons tous les titres à caractère pornographique types hentai, yaoi, etc...
Déjà réussir la sortie de Carciphona et convaincre de nouveaux lecteurs de nous suivre. Ensuite ce sera d'annoncer notre second titre et de réussir à obtenir la licence d'un titre qui nous tient à cœur.