Les lectures comics de la semaine S08E24
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Cette semaine, on test la nouvelle collection lancée par les éditions Glénat avec deux titres et dans un même temps je vais revenir sur un one-shot pas tout jeune, mais qui vaut la peine qu'on s'attarde dessus.

"Les chroniques de Riverdale" Vol.1, de Roberto AGUIRRE SACASA, chez Glénat.
L'éditeur nous propose une toute nouvelle collection, baptisée "Log-In", s'adressant avant tout au 15-25 ans dit "young adult". Quoi de mieux pour lancer cette collection que la version comics d'une série que les young adult s'arrachent justement ?! C'est certainement de cette façon que l'idée de "Riverdale" est apparue. J'ai regardé quelques épisodes de la saison un, avant de lâcher l'affaire, non pas que la série soit mauvaise (après tout je ne connais que très peu le comics de base qui semble pourtant être différent), simplement je doit être trop âgé pour adhérer au genre. Alors petite précision, "Les chroniques de Riverdale" est adapté de la série tv CW (comme ce fût le cas avec "Arrow" et "The Flash" chez Urban Comics), il ne s'agit pas de "Archie" qui est en revanche à l'origine de la série, ouai c'est un peu compliqué dit comme ça, mais ça ne l'est pas. Le volume que nous avons entre les mains prend place dans les interstices laissé de la série tv, reprenant le même univers, les même personnages, mais nous proposant de petites histoires supplémentaire. Evidemment aucune de ces petites scenette ne jouent sur le déroulement de la série tv, cela permet juste de prolonger le plaisir, d'en apprendre plus sur les personnages, où de voir en image certains passages simplement mentionnés dans la version tv. L'ensemble est pas trop mal fichu, en revanche, j'y trouve les même défaut que les titres cités plus haut, à savoir que c'est intéressant pour les fans de pouvoir approfondir un univers télé, mais un néophytes n'y trouvera pas son compte, parachuté dans un univers qu'il ne connait pas où peu. Traitant d'histoires annexes, on ne peut pas vraiment bien s'immerger dans l'univers, la plupart des personnages n'ont droit qu'à une courte présentation, l'intérêt est du coup assez faible. Concernant l'édition, c'est un format souple que nous aurons entre les mains, avec une couverture amovible façon manga.
"Les chroniques de Riverdale" inaugure la collection Log-In avec un titre qui a tout a fait sa place dedans. Prenant place dans l'univers de la série, ce premier volume comblera les fans de la série télévisée, proposant du contenu additionnel et permettant d'approfondir certains points que le format tv n'a pas le temps de développer. En revanche pour les autres, mieux vaut démarrer par la série tv, autrement vous serez largués durant cette lecture.

"Nights Dominion" Vol.1, de Ted NAIFEH, chez Glénat.
Voilà le second titre à débarquer dans la collection Log-In, il s'agit de "Nights Dominion" de NAIFEH ("Polly et les pirates"). Le format est semblable à celui du titre précédent, à savoir un ouvrage souple, avec une couverture amovible façon manga. L'auteur nous revient donc en France avec un tout nouveau titre dark-fantasy, nous proposant de découvrir la formation d'une équipe (un barde, un mage, un prêtre, un assassin et une voleuse) dans le but de voler un butin inimaginable. Bien sûr, tout ne prend pas la tournure souhaitée et l'équipe devra faire face à un justicier ainsi qu'une secte mystérieuse. Le postulat de départ est somme toute assez basique, les premières pages ne sont pas très surprenante, mais, comme toute introduction elle possède son charme et NAIFEH parvient à susciter l'intérêt du lecteur par de petites accroches malines et des personnages qu'on a envie de suivre. Là aussi, si la galerie de personnage n'est pas novatrice, ils restent cependant suffisamment intéressant pour qu'on puisse avoir envie de les suivre. S'inspirant de ce qui a déjà été fait dans le genre, l'auteur prend cependant peu de risque en restant sur une recette qui fonctionne bien et c'est peut-être le seul défaut de "Nights Dominion", le manque de prise de risque. Alors, je sais bien qu'il s'agit d'un tome d'ouverture, que par la suite nous pourrons peut-être espérer à plus, mais en l'était, force est de reconnaître que c'est trop classique, pour parvenir à ce démarquer de la production actuelle. Ça manque un peu de prise de risque, de piment, on suit cette "guilde" durant tout le volume, mais il m'a manqué un petit truc en plus pour vraiment me dire "OK, on tient un gros truc là". NAIFEH utilise pourtant tout ce qu'il faut avec un équilibre plutôt correct, action, humour, background, ajoutant une histoire pas trop compliqué qui permet au lecteur de ne pas ce perdre. La série est d'ailleurs gratifié de beau graphismes, c'est bien travaillé, notamment au niveau des décors et du chara-design que je trouve vraiment agréable à l’œil.
Du coup, je suis partagé sur ce premier volume de "Nights Dominion", reprenant les codes du genre NAIFEH nous propose une histoire peut-être trop classique et qui ne parvient pas à passer à la vitesse supérieur. Néanmoins, des lecteurs avec moins de bouteille (voir néophytes) devraient très largement y trouver leur compte. L'auteur livrant un bon récit de dark-fantasy, une bonne galerie de personnage, une histoire de bon niveau, de l'action, de l'humour, il manque juste un peu de fond pour vraiment être au top. Affaire à suivre !

"Shangri-la" OS, de Mathieu BABLET, chez Ankama.
C'est en bossant sur l'article de "Midnight Tales" que je me suis aperçu que je n'avais jamais pipé mot sur "Shangri-La" de Mathieu BABLET. Je vous avais parlé de "La belle mort" lors de sa réédition l'année dernière et je compte faire un truc sur "Adrastée" (dont on parlera semaine prochaine ), aussi je me suis dit que c'était malin de parler de ce one-shot, qui de plus est a un prix dérisoire (19.90€) vu la qualité de l'édition et le bon pavé des familles que vous aurez entre les mains. L'histoire prend place dans le futur, les humains ont foutus la terre en l'air et sont obligé de vivre dans une station spatiale en attendant sagement des jours meilleurs. Scott est un bosseur, effectuant plusieurs missions pour le compte Tianzhu Entreprises, la société en charge de "gouverner" tout ce petit monde. Alors qu'il découvre des irrégularités, Scott voit tout cette société parfaite dans laquelle il croit, s’effriter, l'heure de la révolution a peut-être sonnée ?! Grand fan de l'auteur depuis le début, c'est "Shangri-La" qui m'a vraiment mis une claque dans la tronche, avec ce récit de SF puissant et qui vient s'inscrire comme une grosse critique de la société de consommation et même de la société actuelle tout simplement. Alors, j'ai depuis lu plusieurs avis sur ce one-shot, sur lequel certain trouvait que BABLET enfonçait finalement des portes déjà ouvertes. Perso, je trouve que c'est toujours intéressant d'avoir ce genre d'oeuvre venant tirer pour la première ou la dixième fois la sonnette d'alarme. Ce n'est pas parce que ça a déjà été fait qu'il ne faut plus parler de ce sujet, surtout que c'est toujours autant d'actualité et que visiblement nous sommes un peu long à la détente. Donc, oui, il enfonce des portes déjà ouvertes, mais je crois que ce genre de message doit continuellement être rabâché pour avoir un effet. Par ailleurs, si le sujet est traité avec un autre angle, de façon différente, avec de la qualité pourquoi s'en priver ?! C'est très bien exécuté, le récit est vraiment complet, proposant au lecteur de suivre l’effondrement de cette société "parfaite", l'évolution d'un groupe d'individus tout du long pour aboutir à un final placé à la fois sous le signe de l'espoir, mais rappelant tout de même la nature profonde de l'humain (qui semble voué à niquer tout ce qu'il a entre les mains). Certains passages sont vraiment très fort, de quoi vraiment faire réfléchir tout en offrant un divertissement de qualité. Visuellement, je suis fan, pour la faire courte. C'est fou le soin que l'auteur accorde aux détails, dans le décors, les objets, au delà de ça, certaines planches sont carrément magnifiques, frôlant la perfection.
Si vous ne l'aviez pas encore fait, c'est le moment de vous jeter sur "Shangri-la" ! Un one-shot d'une puissance graphique rarement égalé, preuve que BABLET c'est du lourd. L'auteur n'est pas que bon sur le visuel, puisqu'il signe une histoire de SF qui n'hésite pas à en balancer plein la tronche au lecteur, rythmé, accrocheur, avec de l'action, du fond et de la réflexion. Un bon ouvrage vraiment !