La planche : Sakka/Casterman (Wladimir LABAERE)

De retour pour un nouveau passage sur notre fameuse planche !! Cette semaine, le roi Wladimir, sa femme et le p'ti prince sont venus chez nous pour nous serrer la pince. Il représentera les éditions Sakka (de la famille Casterman) qu'on avait hâte d'entendre !!
Wladimir, peux-tu jurer sur la tête de ta femme et du petit prince de dire la vérité ? On lève la main droite, pas chassé vers la gauche, pas chassé vers la droite et on ondule du bassin comme au Hoola Oop, dit "Je le jure" !! Merci bien.

* WANTED !! *
1. First thing, first (oui on parle espagnol chez Nakamanga), peux-tu te présenter à nos lecteurs, ta vie, tes amours, mais surtout ton parcours chez Sakka ?!

Mon parcours chez Casterman : j’y ai débuté comme traducteur en 2006, activité que j’exerce encore aujourd’hui en parallèle du reste. Fin 2008, on m’a proposé de rejoindre l’équipe éditoriale pour assister la personne en charge du manga, ce que je me suis empressé de faire car j’avais très envie de découvrir l’ensemble de la chaîne du manga, de la recherche des titres à leur sortie en librairie. Début 2013, Flammarion (auquel appartenait Casterman) a été racheté par Madrigall (la holding du groupe Gallimard) qui est de ce fait devenu le troisième groupe éditorial français. C’est à ce moment qu’on m’a offert la possibilité de prendre les rênes de toute la partie japonaise catalogue de Casterman. Et nous voilà à aujourd’hui.

Cette activité d’éditeur occupe la moitié de mon temps. La seconde moitié est dédiée à la traduction. Je traduis un peu de manga pour Casterman (Thermae Romae, Area 51) et beaucoup d’anime, principalement pour Kazé, éditeur pour lequel j’ai bossé sur beaucoup de chouettes projets, qu’ils s’agisse de séries (Le Chevalier d’Éon, Code Geass, Aoi Bungaku, Kuroko’s basket...) ou de longs-métrages (Brave Story, La Chorale, Colorful, Bouddha...). À une époque, j’ai également traduit pas mal d’épisodes de Naruto pour Kana Home Vidéo. Pour cette interview, j’ai fait un peu les comptes : j’ai traduit à ce jour un petit millier d’épisodes d’anime, en assurant souvent à la fois la traduction en vue du doublage (qu’on appelle « traduction brute ») et les sous-titres.

Avant tout ça, j’ai écrit sur le manga pour la presse pendant une période très brève (Animeland et dBD principalement).

Pour ce qui est des études, là aussi, c’est une histoire de parcours en parallèle : j’ai appris le japonais à l’INALCO tout en suivant mon cursus à Sciences Po. Là, j’ai réalisé un mémoire de Master 2 consacré au manga, sous la direction de Jean-Marie Bouissou. Après tout ça, je suis allé passer un an au Japon, et à mon retour en 2006, j’ai commencé à aller frapper à la porte des éditeurs de mangas ou d’anime.

Pourquoi le manga : comme beaucoup d’acteurs du marché aujourd’hui, j’ai grandi avec des anime à profusion à la télévision hertzienne : le fameux Club Dorothée. Le jeu vidéo à également beaucoup joué dans mon attachement à la pop-culture japonaise dans un premier temps, puis à beaucoup d’autres pans de cette culture. Ma première console a été une Sega Master Sytem (8 bits, yeah !) que j’ai eue tout gamin autour de 1987. J’avais choisi celle-ci car mon voisin avait la NES de Nintendo, ce qui nous permettait d’échanger les consoles de temps en temps. Et là, comme avec l’animation japonaise, ça a été le début d’une longue histoire d’amour. Je pense que plus personne ne se souvient de ce jeu sur Master System, mais il y avait un action-rpg qui s’appelait Golden Axe Warrior sur lequel je me suis bien usé les yeux et les pouces. Tout comme j’’ai passé un nombre d’heures incalculable sur les deux Zelda de la NES. Puis en 1992, la Super Nintendo est sortie en France et là, mon destin était scellé. Ça s’est confirmé avec la lecture d’Akira, puis des premiers mangas de Tonkam à partir du milieu des années 1990...

2. Nul ne peut ignorer les récents changements au sein de chez Sakka, avec un catalogue qui semble beaucoup plus s'ouvrir vers des titres plus "passe-partout". Sakka avait une étiquette d'éditeur qui offrait plutôt des mangas pour adultes, voir des mangas d'auteurs. Est-ce un choix de vous ouvrir vers des titres plus accessible ?

Le manga chez Casterman a vingt ans cette année, et il est vrai qu’on peut identifier plusieurs périodes. Pour faire très vite, à partir de 1995, ça a été de la découverte d’un médium, comme chez la plupart des éditeurs français qui à l’époque se mettaient à publier des mangas. Chez Casterman, qui était et est toujours un éditeur attaché à la solidité des récits, à des identités fortes d’auteurs, ça a commencé avec L’Habitant de l’infini de Hiroaki Samura, L’Homme qui marche de Jirô Taniguchi et quelques autres. 2004, c’est la création de la collection Sakka, qui a été dirigée jusqu’à fin 2008 par Frédéric Boilet, lui-même auteur de bandes dessinées et amoureux du Japon. Il est arrivé avec sa sensibilité, et ça donné du manga d’auteur, des titres d’une très grande qualité mais qui flirtaient avec une forme d’avant-garde parfois confidentielle, même au Japon. On a donc eu les titres de Kiriko Nananan, de Kyôko Okazaki, mais aussi de Kazuichi Hanawa, Daisuke Igarashi, Fumi Yoshinaga... Avec Sakka, on a découvert en français énormément d’auteurs qui, sur le papier, avaient très peu de chances d’arriver en France et qui, par la suite ont également été publiés chez d’autres éditeurs français. À partir de 2007, la collection Sakka s’est ouverte à des titres plus grand public, avec par exemple Bobobo-bo Bo-bobo, Keiji, puis Mirai Nikki. Donc la volonté d’ouverture est déjà présente à ce moment-là. À mon arrivée en tant qu’assistant d’édition fin 2008, je suis moi aussi venu avec ma sensibilité personnelle, mais également l’idée de rapprocher les mangas qu’on publiait des bandes dessinées qu’on publiait. Ce n’est que depuis le printemps 2013, date à laquelle je suis devenu l’éditeur en charge du manga que je peux mettre ça en œuvre de manière systématique, mais quand en 2009, je découvre Thermae Romae dans les pages du magazine Comic Beam, il y a comme un déclic : c’est quelque chose qu’on a jamais lu en France, principalement en raison du sujet de ce manga et de la personnalité de son auteur. On a un récit solide, un talent assez fou et unique pour le dessin et la manière de raconter une histoire.

Aujourd’hui, il y a quatre mots-clés qui guident l’équipe d’éditeurs de Casterman bande dessinée et manga dans leur choix des projets : romanesque, moderne, accessible et ambitieux. Quelque part, ça a toujours été l’ADN de Casterman. Il a été revivifié à l’arrivée de la nouvelle direction au printemps 2013 (suite au rachat). Romanesque, ça signifie que je cherche des mangas qui racontent une histoire solide, un récit qui emporte le lecteur. Moderne, ça signifie que les mangas qu’on choisit de publier doivent parler aux lecteurs d’aujourd’hui, résonner avec leurs préoccupations, leurs questionnements. Il ne s’agit pas de publier des documentaires ou des témoignages, mais de trouver des fictions dont les auteurs ont des choses à dire sur le monde qui nous entoure. Sangsues est un bon exemple. Accessible, ça signifie qu’on propose avant tout du divertissement. Qui puisse faire réfléchir, certes, mais on cherche avant tout à proposer des livres qui emportent le lecteur. Ambitieux, enfin, ça signifie qu’on veut donner à lire des choses qu’on a peu lues jusqu’à présent en manga en français. Ça peut passer par les thèmes qu’un auteur aborde dans son travail, sa patte graphique, son identité artistique. Area 51, pour ne cite que ce titre, est un bon exemple de ce je mets en œuvre depuis deux ans et demi chez Casterman. Je pourrais aussi citer Atsushi Kaneko. Donc oui, quand tu parles de titres « accessibles », c’est définitivement un des termes de l’équation des titres qu’on propose. Mais il est allié à d’autres critères de choix. Il en découle une grande sélectivité, ce qui tombe bien, parce que depuis maintenant presque 3 ans, en manga, Casterman publie une petite trentaine de livres par an. J’en lis des dizaines et des dizaines, et il y a peu d’élus, mais quand j’en trouve un qui a parfaitement sa place chez nous, je suis l’éditeur le plus heureux du monde !

On consolide les piliers du catalogue que sont Jirô Taniguchi, Hiroaki Samura et Mari Yamazaki, bien sûr, et à côté de ça, on développe et on construit.

3. On avait pu le découvrir lors d'une précédente interview chez les éditeurs mangas qui font partie de grosses structures (comme Delcourt, Panini), le manga n'est pas forcément une priorité. As-tu l'impression que chez Casterman/Sakka la relation est la même ?

Je ne sais pas trop comment ça se passe ailleurs, mais chez Casterman, comme je le disais, le manga est indissociable des bandes dessinées françaises et d’autres pays. Les critères de choix sont les mêmes. Chaque titre doit correspondre, avec des proportions diverses pour chaque ingrédient, au cap éditorial qui a été fixé. Donc non, le manga chez Casterman n’est pas à l’écart, pas plus qu’il ne constitue un catalogue dans le catalogue.


4. Comment se passe la sélection des titres du catalogue chez Sakka ? Partout pas le plus gros "poisson" dans le milieu vous proposez souvent de grosses licences comme ce fut le cas avec "Thermae Romae" que tout le monde semblait s'arracher. Comment se passe une négociation sur ce genre de titre ?

La sélection des titres, c’est d’abord des heures et des heures de lecture, à la recherche de celui qui va s’imposer avec toute la force de l’évidence. Je lis plein de magazines de prépub. De chacun de mes voyages au Japon, je rapporte des palettes entières de mangas. Tout au long de l’année, les agents et éditeurs japonais me proposent des choses, attirent mon attention sur d’autres. Ça devient de plus en plus excitant car depuis le printemps 2013, ça y est, le dialogue et la confiance avec ces interlocuteurs sont là. L’édition, c’est un métier long. Il peut se passer deux ans entre le moment où je repère un titre et le moment où il sort en librairie en France. Depuis que je suis aux manettes, j’explique en détail ce que je veux faire, mais rien ne vaut les premiers livres que tu as déjà publiés et dont tu es fier pour faire comprendre ce que tu veux construire.

Au début, les éditeurs japonais et agents étaient enthousiasmés par la démarche de Casterman mais ça restait malgré tout un peu vague. Aujourd’hui, fort des premiers titres que je publie (Wet Moon, Area 51, Sansguses...) et de ceux qui sont annoncés pour l’an prochain (Deathco, Le Monde selon Uchu, Stravaganza, les titres inédits de Hiroaki Samura...), c’est beaucoup plus simple. Pour Thermae Romae, on a tout simplement expliqué à Enterbrain, l’éditeur japonais, que ce titre s’inscrivait parfaitement dans la politique d’une maison. Et qu’à ce titre, il serait bien traité, bien défendu et soutenu.

Aujourd’hui, quand je fais une offre sur un titre, je commence systématiquement par expliquer pour quelles raisons précises il m’a plu, pour quelles raisons je pense que sa place est au sein de la collection Sakka. Avant même de parler d’argent et de marketing. Ces deux volets sont bien entendu primordiaux, mais je commence par exposer ma conviction d‘éditeur. Et c’est payant à plusieurs niveaux : l’éditeur japonais sait que j’ai un coup de foudre sincère pour son titre, et à force d’expliquer ce que cherche, ce que je ne veux pas, il a une image de plus en plus précise de notre ligne éditoriale. Résultat, aujourd’hui, j’ai des éditeurs japonais qui m’appellent, comme ça, juste pour me parler d’un titre sur lequel ils sont en train de travailler, ou dont la publication est déjà avancée, et me dire qu’ils pensent que ça me plairait. Ça, c’est un peu fou.

5. Vous êtes presque (pour ne pas dire LE) plus gros fournisseur français de titres du célèbre Jirô TANIGUCHI (dois-je citer des titres les gars ? Si oui, tu peux quitter ce blog directement). En dehors de l'affection pour l'auteur et ses séries, est-ce aussi pour vous de toucher un public habituellement "bédé" que vous avez opté pour lui ? A l'instar de ce qu'essaie de faire Ki-oon avec sa collection Latitudes est-ce un moyen de faire venir aux mangas une niche de lecteurs supplémentaire ?

Jirô Taniguchi et Casterman, c’est une histoire qui a vingt ans cette année. Un anniversaire qu’on a fêté au festival d’Angoulême, dont Jirô Taniguchi était le grand invité. À l’occasion du festival, on a fait les comptes, et on s’est rendu compte que pendant que Jirô Taniguchi serait en France, on allait atteindre et dépasser le million d’albums vendus de cet auteur chez Casterman.

On a envie que chaque titre qu’on publie touche le public le plus large possible, bien entendu. Avec Jirô Taniguchi, c’est allé au-delà de ça. Sur les salons, on a souvent des lecteurs qui viennent nous voir pour nous dire qu’avant de découvrir Quartier Lointain, par exemple, ils ne lisaient pas de bandes dessinées, pas de mangas et pas de romans... C’est une grande source de fierté. Et sans doute un exemple à suivre aujourd’hui quand je choisis des titres. Bien sûr, je veux m’adresser aux lecteurs de manga pure players en leur montrant qu’il y une telle diversité au Japon, une telle richesse que ce serait dommage de passer à côté. Avec les titres que je propose, j’essaie de dire : soyez curieux, vous serez incroyablement récompensés, sans jamais être perdus. De ce fait, je pense aussi m’adresser aux lecteurs plus occasionnels ou même aux novices, en leur proposant une expérience de lecture qui va les marquer et leur prouver, s’il en était besoin, que le manga a des choses passionnantes à dire sur tous les sujets.

6. La sixième question est presque une tradition maintenant chez nous. Quel titre chiperais-tu dans un autre catalogue sur tu le pouvais ? Et a contrario, lequel fourguerais-tu a un autre éditeur ?

Je chiperais volontiers un énorme carton pour ensuite pouvoir publier tranquillement des choses commercialement plus risquées mais qui me tiennent tout autant à cœur... Sauf que ça ne se passe pas comme ça. Un énorme carton, ça se prépare, ça se mûrit, ça se construit, et au bout du compte, on n’a jamais la certitude que ça va prendre.

De manière plus réaliste, par exemple, je me serais bien vu publier Levius, qui vient de sortir chez Kana.


Pour ce qui est de refourguer à un autre éditeur un titre que j’ai publié : JAMAIS ! Je les considère comme mes bébés, j’en suis fier et peut-être que l’un ou l’autre ne va pas se vendre autant que je l’espérais, mais ce n’est pas une raison pour m’en séparer. Quand on a longtemps cherché avant de trouver une pépite, quand on a porté ce projet en interne pendant parfois deux ans avant sa sortie en librairie, quand après tout ce temps, on reste intimement convaincu qu’il est exceptionnel pour tout un tas de raisons... Eh bien forcément, naturellement, on l’assume et on ne le verrait pas ailleurs.

7. Sakka n'est pas forcément l'éditeur le plus "adepte"  de la communication, la tendance semble changer depuis peu avec votre présence sur Facebook, mais aussi Twitter. Une façon d'être plus proche des lecteurs, une façon de montrer un changement de direction ?

Depuis deux ans et demi, on a forcément très envie de partager nos découvertes avec tout le monde. Il s’agit aussi d’expliquer la ligne éditoriale qu’on a définie, de la défendre et surtout d’échanger avec les lecteurs. Pour ce qui est de Twitter, c’est un chantier que j’ai pris à bras-le-corps (dans le mesure du temps dont je dispose), car j’ai l’impression que c’est le lieu d’une parole qui peut être experte. Ça permet d’échanger avec des passionnés très très renseignés. Ça me permet parfois d’apprendre des choses que j’ignorais sur les auteurs ou les séries que je publie ! Pour ce qui est des relations plus « institutionnelles » avec les médias, Casterman a pour le manga une attachée de presse qui fait des merveilles, notamment auprès des généralistes. Twitter, c’est un peu « mon » petit plaisir.

8. Actuellement quels sont les titres qui font office de figure de proue chez Sakka ? Lesquels sont en bout de wagon ? Comment s'en sortent les dernières nouveautés ?

Globalement, on est satisfaits des ventes de ces deux dernières années.  C’est très rassurant, ça nous a donné la confirmation que la ligne éditoriale qu’on a définie, ce n’était pas juste un trip qu’on se faisait entre nous. La presse suit, les lecteurs suivent : on est donc dans la bonne direction ! Pour parler chiffres, entre juin 2014 et juillet 2015,  le chiffre d’affaires du manga chez Casterman a progressé de 40 %, là où le marché à progressé de 10 % sur la même période. Si on affine sur le seinen, on a une progression d’environ 60 % contre 33 % pour le marché dans son ensemble. S’il fallait nommer une figure de proue, ce serait Area 51, mais plutôt dans son ensemble, car c’est un bijou qui est très représentatif de ce qu’on entend construire.

9. Vous faites partie des éditeurs qui offrent des ouvrages de qualité et soignés, est-ce que c'est un plus sur ces points de faire partie d'une grande maison d'édition ? Le choix de tel ou tel matériau est-il libre ou bien, vous êtes quand même aiguillés ?

Merci pour le compliment ! Je disais plus tôt que le manga chez Casterman est tout sauf la cinquième roue du carrosse, ça se traduit aussi dans la fabrication des livres. Les mangas bénéficient du même soin apporté aux ouvrages de bandes dessinées françaises. Casterman publie de la bande dessinée depuis 80 ans, notre service production a un savoir-faire qui se pose là. Et puis ils sont toujours prêts à relever le défi quand, pour un titre ou un autre, je fais mon chieur que je demande un papier comme ci, un vernis comme ça... Du coup j’y vais à fond !


10. La question finale, c'est quoi la suite ? 2016 toussa toussa, je te laisse le mot de la fin.

2016 va être une année décisive dans la courte existence du nouveau Sakka. La presse et le public nous ont suivi en 2015, est-ce qu’ils seront toujours là en 2016 pour accueillir nos nouveautés ? Je n’ai pas vraiment d’inquiétude, car les titres qu’on va lancer allient qualité et diversité. Je parlais des piliers du catalogue, eh bien 2016 verra le retour de Jirô Taniguchi, le retour de Hiroaki Samura avec pas moins de trois nouveautés, steuplé. On va ouvrir le bal avec Snegurochka en janvier. Samura qui dessine l’URSS des années 1930, c’est complètement fou. C’est un one-shot où l’auteur de L’Habitant de l’infini, donc, se livre à l’exercice du polar historique. Je suis convaincu que ça va retourner un paquet de monde.  Janvier 2016, ce sera aussi, mais ça tout le monde le sait, tout le monde en parle, le retour d’Atsushi Kaneko avec Deathco, une perle noire à la fois punk et drôle. Plus tard dans l’année, l’heroic-fantasy fera son entrée chez Sakka avec Stravaganza. L’auteur, Akihito Tomi, a une maîtrise hallucinante de l’anatomie. Et puis la quête de l’héroïne va vous emmener très très loin. Le tout avec un érotisme tantôt courtois, tantôt paillard... En février et mars, on proposera les deux tomes du Monde selon Uchu, qui est peut-être mon coup de cœur secret. C’est un manga dans le manga. Un diptyque qui joue brillamment avec les codes de la comédie scolaire pour donner quelque chose d’unique. Tout au début de l’histoire, le héros annonce à ses potes qu’en fait, ils vivent tous dans un manga, et que c’est lui le héros. Tout d’un coup, les persos vont commencer à se sentir observés. Par quelqu’un de très curieux, limite voyeur : ça, c’est le lecteur. Mais aussi par quelqu’un dont la présence est beaucoup plus inquiétante : ça, c’est l’auteur. Inquiétant, car la seule question que tu te poses quand tu sais que tu es le personnage d’un manga, c’est : « Est-ce que l’auteur va nous pondre un happy-end, ou est-ce qu’il va tous nous faire crever dans d’atroces souffrances ? » Du coup, les persos vont chercher à prendre le contrôle de leur destin (lourde tâche quand on n’est que le jouet de son créateur), à évaluer dans quelle mesure ils peuvent peser sur le cours de l’histoire... Derrière la métaphore du passage à l’âge adulte, on a un récit vraiment jouissif, qui va irrémédiablement changer la relation que les gens ont avec leurs personnages préférés.

On est en train de préparer 2017, il y a d’ores et déjà de très belles choses au programme. Des retours d’auteurs qu’on publie déjà, de nouvelles signatures, j’ai presque envie de déjà y être !

C'est déjà fini pour cette semaine les amis, nous remercions encore Wladimir pour le temps qu'il nous a accordé sur cette interview. Je vous donne rendez-vous dans deux semaine pour un nouvel épisode de La planche !!!!
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