La Planche : VEGA
-
Hey les nakamas, comment qu'on va cette semaine ? Prêt pour un nouvel épisode de #LaPlanche ? Je sais que c'est compliqué de passer derrière les éditions Kana, mais je tenais à vous présenter les éditions Vega, qui débarque fraîchement sur le marché. Du coup, c'est Stéphane FERRAND, le fondateur, qui vient gentiment répondre à nos questions cette semaine et tenter de nous en dire un peu plus sur ce nouveau venu !!

1. Alors Stéphane, dans un premier temps, peux-tu te présenter à nos lecteurs, ton parcours et quand à commencé ta passion pour les mangas ?
Donc je suis Stéphane Ferrand, né en 1971 j’ai vécu l’éclosion du manga en France, du dessin animé et plus largement de la pop-culture et j’ai eu la chance de pouvoir travailler dans ces domaines depuis. En tant que libraire (Bédélire), puis journaliste (Animeland, France culture…), rédacteur en chef (Le Virus manga), directeur de collection (Abysses) et enfin directeur éditorial (Chez Milan jusqu’en 2006 puis chez Glénat Manga jusqu’en 2015). Je suis passé par un peu tous les métiers liés au livre, mais toujours autour du manga. Depuis, j’ai créé mon entreprise, Nexusbook, pour développer des projets éditoriaux et événementiels, autour du manga. J’ai ainsi eu le plaisir de faire l’expo Fairy tail à Angoulême 2018, et je prépare celle de Tsutomu Nihei pour le festival 2019.
2. Peux-tu maintenant nous présenter un peu ce nouvel arrivant sur le marché qu'est Vega Edition ?
Vega est né de l’association du groupe Steinkis (Jungle, les Simpsons etc…) et de Nexusbook. Nous voulons proposer au public français une maison principalement tournée vers les seinen. Nous ferons des shonen, shojos et manga pour enfants, mais notre ligne principale explorera le genre pour jeunes adultes et adultes. Nous espérons tenir un objectif de 40 volumes en 2019 ce qui représenterait une douzaine de série à lancer. Nous en avons déjà préparé 3 qui sont disponibles depuis cette semaine Peleliu, Survivant et Deep sea aquarium Magmell.

3. Comment comptes-tu faire ta place sur le marché déjà bien chargé du manga ? Quels seront tes objectifs dans un premier temps ?
Notre premier objectif est de réussir notre identification auprès du public. Que celui-ci puisse nous découvrir avec plaisir et curiosité et qu’il n’en soit pas déçu. On sait qu’un démarrage est toujours délicat, il y a toujours des ratés et des imprévus, donc nous sommes très attentifs aux réactions. J’ai toujours pensé qu’en édition il fallait toujours penser au public avant tout, le sentir, l’écouter pour mieux le solliciter avec les livres. C’est comme cela je pense que Vega trouvera aussi sa voie dans toutes les possibilités qu’offrent le seinen. On y trouve beaucoup de titres qui parlent aux gens, interrogent leur époque, tout en proposant une réelle distraction, pleine d’aventures et de rebondissements. Peleliu est ainsi un vrai récit de guerre, avec des rebondissements à tous les chapitres, sauf que ça s’est déroulé en vrai. Magmell, c’est pop, mais en même temps, c’est aussi un rappel de l’étrangeté fragile de fonds marins qui nous sont inconnus. Survivant, c’est désespérément actuel, à l’heure où le 27éme typhon de l’année vient de balayer le Japon (sans parler du reste). C’est le seinen : l’histoire réjouit le cerveau, le thème séduit le coeur.
4. J'ai trouvé plutôt cool qu'un éditeur planche plutôt sur les seinen pour démarrer son catalogue. Est-ce que ça sera la tendance global ou tu penses aussi publier d'autres genres ?
Le seinen sera donc notre ligne principale, et nous espérons qu’il deviendra notre identité auprès du public. Nous espérons ainsi devenir le principal éditeur de seinen en France. Nous publierons également les autres genres, il n’y a pas de raison, mais sans varier de notre identité.

5. Peux-tu nous en dire plus sur ton mode opératoire pour sélectionner les titres de catalogue ?
En premier, sentir le public. Si possible depuis plusieurs décennies, c’est-à-dire le sentir évoluer, sentir comment ses goûts, ses choix et ses envies mutent. Ensuite chercher au Japon des titres qui colleraient avec ce que l’on a ressenti, et lire, beaucoup, s’imprégner des parutions japonaises pour sentir aussi l’évolution du manga au japon et de ce qui y est proposé. Trouver les dénominateurs communs. Etc… Pour le reste, c’est la traditionnelle exploration des catalogues et sollicitations des éditeurs et agents.
5bis. La question qu'on adore, quel titre tu adorerais éditer (même si déjà édité ailleurs)
Il y en a plein, tous ceux que j’ai pas réussi à avoir depuis 2006 déjà, puis tous ceux que je n’avaient pas vus et que les autres éditeurs ont dénichés. Au-delà d’un titre, j’aurai adoré éditer Jiro Taniguchi.
et quel titre tu ne voudrais pas même gratuit ? :P
je sais pas. Vraiment…
6. Est-ce que le fait d'être déjà connu dans le circuit pèse dans la balance lors des rencontres avec les éditeurs japonais (genre "Hey, long time no see")?
Oui et non. Oui car cela facilite les reprises de contact, on se connait, on est en confiance a priori. Non car au-delà de cela, la partie négociation obéit à des règles et à une progression qui doit se respecter, et de toute manière, il faut toujours convaincre, que l’on soit leader de marché ou nouvel arrivant.

7. Pour les débuts de Vega, trois nouveaux titres sont présentés, des titres très différents (autant visuellement que scénaristiquement), est-ce une façon de tâter un peu le marché pour ensuite prendre une direction plus précise ?
C’est une façon d’ouvrir l’éventail de ce que peut proposer le seinen, de montrer que tout le monde peut se trouver un seinen passionnant tant il existe de variations dans ce genre. Le seinen est ainsi très diversifié en termes de graphismes, l’art des auteurs s’y exprime plus spontanément, voire avec plus d’audace. Dans les propos, les 3 titres offrent je trouve une belle complémentarité, entre histoire, aventure et écolo-science. En fait, je crois que les 3 titres peuvent plaire aux mêmes personnes, car on n’a pas qu’une facette en nous.
8. Peux-tu nous parler justement un peu de ses trois lancements, qu'est-ce qui t'as charmé chez eux ? Pourquoi doit-on foncer les acheter ?
Peleliu est un storytelling historique. Le manga raconte cette terrible bataille de la guerre du pacifique par les yeux d’un simple soldat japonais. L’auteur et un responsable du Centre de recherche sur la 2nde guerre mondiale qui le seconde, ont sourcé leur récit sur place, et de manière très documentée. A partir des récits et témoignages, ils ont construit ce manga qui s’avère très riche. Intelligent et bien raconté, le manga nous plonge vraiment dans la bataille et son chaos permanent.
Survivant, L’histoire du jeune S. résonne aujourd’hui avec les préoccupations écologistes, les catastrophes naturelles qui s’enchainent et les changements qui s’opèrent pour l’humain. Le héros, Satoru, se retrouve isolé et perdu dans la nature sauvage suite à un tremblement de terre. Ce jeune homme urbain va devoir réapprendre à survivre avec les moyens à sa disposition.
Enfin, Deep Sea aquarium Magmell nous plonge dans une ambiance très différente, maritime cette fois en imaginant un gigantesque aquarium sous-marin d’où les visiteurs observent les fonds mystérieux. C’est une sorte de récit scientifique, où les créatures sont présentées, où l’on renseigne le lecteur sur leur mode de vie etc… une ambiance très « commandant Cousteau ». Le récit, lui, repose sur l’apprentissage d’un jeune homme pour devenir soigneur dans cet aquarium et la recherche de son père disparu.
Ces 3 titres nous ont séduit également par leur dessin. 3 styles très différents, mais qui collent chacun au récit qu’ils illustrent, qui sont très maitrisés et beaux à contempler. C’est aussi toute la richesse du seinen.

9. C'est dans l'air du temps, est-ce que Vega passera aussi par tout ce qui est numérique, simulpub... ? Ou bien est-ce que dans un premier temps tu te concentrera uniquement sur le papier ?
On sera présent partout où les lecteurs seront. Donc nous proposerons nos titres sur papier et sur digital. Après, c’est un objectif. On débute juste, on a besoin de bien placer notre démarrage et nos premiers titres papier. Pour le simulpub, pour l’instant c’est en réflexion. Je ne suis pas encore très convaincu que le simulpub soit déterminant sur le genre seinen et son public.

10. On termine comme toujours avec le "C'est quoi la suite" ?! On te laisse le mot de la fin.
La suite c’est, on l’espère, une belle année 2019, avec plusieurs nouveautés à venir, dont deux titres seinen de Kodansha. Nous aurons l’honneur d’être l’éditeur du Le Navire de Thésée, un polar fantastique vraiment bien ficelé, de Kakushigoto, une comédie, un vaudeville père/fille, où le père tente de cacher à sa progéniture son vrai métier. Du comique de situation pur jus, aussi avec Zozo Zombie, où l'on retrouvera un mignon zombie, à destination d'un lectorat plus jeune.

Un grand merci à Stéphane pour le temps qu'il aura accordé à ce petit entretien et je vous donne rendez-vous la semaine prochaine pour un avis détaillé des trois premières nouveautés de l'éditeur !!