Top5 2017 Po Pah Version

Avant de m'exiler en Chine en septembre dernier, et malgré mon désintérêt de plus en plus profond pour une grande partie de la masse des nouveautés formatées (quel rabat-joie je fais), j'ai pu rencontrer cette année quelques pépites au gré de mes lectures. Aujourd'hui on va donc revenir sur mes cinq plus gros coups de cœurs de l'année parmis la ribambelle de nouvelles séries qui sont venues garnir les étalages de nos librairies. Qu'on s'entende bien, je ne vous propose pas réellement un « top » ici, seulement cinq coups de cœur sur un pied d'égalité, parce que comme disait ma maîtresse de CP « l'important c'est de participer ».

 

"Tokyo Kaido" de Minetaro MOCHIZUKI, chez Le Lézard Noir.

On ouvre le bal avec du lourd, du très lourd ! "Tokyo Kaido" c'est l'histoire d'une poignée de jeunes totalement excentriques, pour ne pas dire « malades »... Oui car l'histoire se déroule dans un hôpital psychiatrique aux patients assez extraordinaires. Oubliez déjà vos idées de X-men ou je ne sais quelle histoire épique, ici les patients sont atteints de maladies assez étrange tel que cet enfant qui se prend pour un super-héros ou cette jeune fille aux orgasmes imprévisibles et incontrôlés. Nous suivrons nos jeunes évoluer au contact les uns des autres dans cet univers décalé où la normalité est devenu un concept abstrait.

Avec "Tokyo Kaido", l'œuvre précédent le fameux "Chiisakobé" dans la bibliographie de l'auteur, Minetarô Mochizuki prend un tournant dans sa carrière artistique. Le mangaka joue avec les limites du manga et s'essaie à une forme d'expression plus silencieuse, plus expressionniste en traduisant par le dessin ce que les mots ne peuvent décrire. En somme un voyage hors du temps intriguant et rafraîchissant.

 

"Pline" de Mari YAMAZAKI & Tori MIKI, chez Casterman. 

Mari Yamazaki, l'auteure du best-seller "Thermae Romae" est enfin de retour en cette année 2017. Pourtant de premier abord peu fan de la période historique qu'est la Rome Antique, je m'étais laissé emporter par l'approche amusante qu'en faisait "Themae Romae". A l'annonce d'une nouvelle série dans le même décor, une inquiétude aurait pu nous prendre : la mangaka réussira-t-elle à se renouveler, et comment ? En douter serait bien mal connaître Mari Yamazaki ; elle qui sait comment s'y prendre pour entraîner son lectorat dans cette époque qui la passionne transforme encore une nouvelle fois l'essai, et avec brio. Bien loin de l'humour absurde de sa série précédente, Pline nous présente une réelle plongée dans la Rome Antique à travers les récits de Pline l'Ancien, l'un des premiers hommes de science de l'histoire.

Le pitch n'est donc pas des plus légers, il faut faire un certain effort intellectuel pour aller piocher un tel manga dans la masse de divertissement facile que nous propose le manga. Pourtant comme souvent le jeu en vaut la chandelle ! Bien que très peu familier avec cet univers, j'ai de suite adoré l'immersion que nous propose Yamazaki. La mangaka, en plus de connaitre son sujet semble aussi savoir s'entourer car pour l'aider dans la lourde tâche de ranimer une époque disparue elle a fait appel à Tori Miki qui l'assiste dans la réalisation des décors. La fusion entre les auteurs se fait de suite et se retranscrit dans des planches fourmillant de détails et pleins vie. Ainsi donc, Pline nous propose une plongée à travers le temps passionnante aux côtés d'un personnage si inspirant qu'il poussera l'oeuvre bien au delà du simple manga historique.

 

"Fire Force", de Atsushi OHKUBO, chez Kana.

Là on part loin, très loin du manga présenté précédemment puisqu'on va parler shônen, et plus précisément nekketsu ! Si vous suivez le blog vous savez peut-être que depuis la fin de Naruto ( qui s'est fini à l'arc Pain, on est d'accord?!), je suis dans la constante recherche d'un nouveau nekketsu qui pourrait me faire frissonner. My Hero Academia ayant été pour moi une semi-déception (rangez vos projectiles svp), j'ai donc placé beaucoup d'espoir dans la nouvelle série d'Atsushi Ohkubo, l'auteur du non-exempt de défaut mais néanmoins détonnant Soul Eater. Résultat des courses : après deux volumes (oui j'ai pas pu lire les derniers tomes suite à mon départ), la série se présente comme un très bon nekketsu. Rien d'innovant, aucun risque pris pour l'instant mais Fire Force applique la formule à la lettre : un héros téméraire, un groupe d'amis amusants et farfelus, un but, de l'action et des femmes avec des gros seins (ça on aurait pu s'en passer par contre...). Oui, rien à dire la recette est appliquée avec maîtrise dans ce début d'aventure... peut-être un peu trop d'ailleurs. On espère donc voir l'auteur prendre un peu plus de liberté pour la suite comme il avait pu le faire au fil des volumes avec Soul Eater, mais pour l'instant il y a pas à dire : on passe un bon moment.

 

"Dragon Head" de Minetaro MICHIZUKI, chez Pika.

En commençant cette nouvelle présentation je me rends compte que ça fait le deuxième Mochizuki sur cinq mangas de ce « top »... c'est beaucoup mais c'est mérité. Avec l'explosion de Chiisakobé suite à son prix au festival d'Angoulême, tout le monde a pu découvrir ou redécouvrir cet auteur maintenant en plein essor. Les éditions Pika ne se sont alors pas fait prier et ont sauté sur l'occasion pour nous proposer une réédition de la première série parue en France de l'auteur, à savoir Dragon Head. Pour ma part, comme pour beaucoup d'entre vous, cette nouvelle mise en avant fut une découverte et je me permet donc de glisser cette œuvre au milieu des nouveautés.

Et si l'enfer n'était pas les autres mais tout simplement nous-même ? Alors partis pour un voyage scolaire tout ce qu'il y a de plus normal le train de Teru et de ses camarades est bloqué dans un tunnel bouché par un éboulement. Très vite, notre héros se rendra compte à son plus grand désespoir que ce n'est pas un simple éboulement mais une véritable apocalypse qui a lieu au dessus d'eux. Commence alors un état de survie pour ce dernier et un voyage au bout de la nuit jusqu'au plus profond de son âme au point de flirter à plusieurs occasions avec la folie. Dragon Head est une œuvre complète, à la fois effrayante et intrigante, nous entraînant dans un délire existentiel totalement maîtrisé. Dans un style bien plus explicite que ce à quoi nous a habitué Minetarô Mochizuki plus récemment, l'auteur nous montre avant l'heure l'étendue de son talent, choquant par la même occasion nos esprits fragiles.

PS de B.Allen : Po Pha ayant hérité de mon ancienne édition, je peux toucher un mot sur la nouvelle dans la collection Graphic de Pika. Honnêtement un très bon choix que de voir cette série en grand format, les planches ayant d'autant plus d'impact. Foncez !

"March comes in like a lion" de Chico UMINO, chez Kana.

En voilà une surprise ! Alors que je n'attendais pas particulièrement cette œuvre, je me suis vu forcé sous l'insistance de B.Allen d'aller me procurer le premier tome de ce manga. Dès les premières pages c'est le coup de cœur, le coup de crayon propre et maîtrisé de l'auteur me séduit instantanément et me transporte dans cette histoire de shôji, les échecs japonnais donc je ne connais pour l'instant pas grand chose. Malgré un sujet de premier abord assez peu sexy, Chica Umino nous donne très vite goût à ce jeu. L'approche choisie tranche beaucoup avec ce qui a été fait auparavant dans le genre, pas de « chapitre didacticiel » pour nous initier aux règles, pas de longue partie pleine de suspens et de retournements ; le jeu est avant tout un outil pour nous introduire la vie de ce jeune homme solitaire en plein questionnement. Mais c'est aussi dans sa narration que se distingue cette série; avec son découpage assez bordélique et ses trames apportant de la couleur à l'ambiance, on en arrive par moments à se demander si on n'est bien devant un seinen ou un shôjo. March Comes in like a Lion est un OVNI inclassable dans une catégorie définie : à la fois manga de sport et tranche de vie, à mi-chemin entre seinen et shôjô, c'est le genre d'oeuvre qui font du bien dans la scène manga grand publique et que je vous recommande vivement.

 

 

C'en est tout pour ce top de l'année 2017, une année qui fut plus tournée vers les mangas qui ont déjà fait leur preuves que la nouveauté pour moi mais pas pour autant pauvre en sortie. Je vous souhaite à tous une bonne année et quand à moi je reviens très bientôt pour un article au format encore jamais vu sur le blog. A suivre...

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