Le crush de la semaine : Hide & Seek

Si vous avez déjà lu mes précédentes chroniques, vous vous êtes sûrement aperçus que le plus gros de mes lectures était plutôt centré seinen, shônen voire même shôjo. Et bien, détrompez-vous ! En effet, malgré les apparences, il se trouve que je suis une très grande fan de Boy's Love. Et oui, de Boy's Love, vous avez bien lu ! Et je peux vous dire que j'en ai lu des séries, même si, pour une raison qui demeure encore obscure, je n'ai pas encore écrit de chronique à ce sujet. D'ailleurs, en y repensant, c'est assez bizarre, non ? En même temps, lorsque l'on est soi-même bizarre, cela ne l'est plus vraiment au final (oui, je sais... c'est très profond, lol). Bien entendu, toutes mes lectures ne furent pas des plus palpitantes. Il m'est arrivé de tomber sur des séries assez douteuses (je vous épargne les détails) et au scénario plutôt pauvre voire carrément inexistant. Il faut savoir faire le tri, mais bon, même en étant vigilant, on n'est pas à l'abri d'une catastrophe, lol.

Pour en venir au crush de cette semaine, j'ai décidé de vous parler de l'un de mes coups de cœur de cette année 2015, il s'agit de Hide and Seek. Une série dont j'attendais impatiemment la sortie en France.

Hide and Seek est un manga yaoi de Yaya Sakuragi prépublié dans le magazine Asuka Ciel en 2011. Compilée en trois tomes, la série est licenciée en France par Taifu Comics en juillet 2015 avec la sortie simultanée des deux premiers tomes. Le troisième tome, quant à lui, sortira un mois plus tard, nous épargnant ainsi une trop longue attente. Car oui, l'attente peu parfois être longue... (petit clin d'œil à des séries comme Übel Blatt ou The Arms Peddler. Ceux qui suivent ces deux séries, comprendront aisément ma détresse, lol).

Avant toute chose, il faut savoir que Hide and Seek est un spin-off de la série Yume Musubi Koi Musubi paru entre août et décembre 2014 chez Taifu Comics. En effet, si vous avez eu l'occasion de vous plonger dans sa lecture (si ce n'est pas le cas, ne vous inquiétez pas. Celui-ci n'a pas vraiment d'incidence sur le récit. Certes, on a le droit à quelques clins d'œil, mais rien de bien important), vous connaissez probablement Shûji Tanihara, le meilleur ami de Ryoumei. Si comme moi, vous étiez complètement à fond sur le personnage de Shûji, je ne peux que vous conseiller ce spin-off. En effet, celui-ci en est le personnage principal. Autant vous dire que je n'ai pas hésité un seul instant à m'acheter la série. D'ailleurs, je le préfère à l'œuvre initiale. Je le trouve beaucoup plus adulte et abouti. Après, ce n'est que mon avis. Certes, Yume Musubi Koi Musubi est une série plutôt intéressante, mais j'ai quand même eu du mal à accrocher au début. Peut-être est-ce dû à cette différence d'âge entre les deux protagonistes. Car oui, ce facteur peut me poser problème, surtout lorsqu'il est important et que l'un des protagonistes garde une apparence juvénile. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle je ne lis pas de shota. Je trouve ça vraiment malsain. Attention, je ne dis pas que Yume Musubi Koi Musubi est un shota, loin de là. Mais il en emprunte les codes, sans aller dans la perversité (dieu merci, lol). Cependant, certaines séries sont écrites d'une telle façon qu'il m'arrive d'en oublier la différence d'âge. Je pense notamment à la série Super Lovers de Miyuki ABE qui, soit dit en passant, est juste extra ! D'ailleurs, si vous vous intéressez à la série, venez donc jeter un petit coup d'œil au crush de Nikky Micky !Cela vous donnera peut-être envie de vous lancer dans l'aventure.

Bref, revenons à nos moutons !

Shûji Tanihara est un père célibataire plutôt joueur et nonchalant qui vit avec la fille de son ex-femme : Chisuzu. Propriétaire d'un petit bazar proposant essentiellement des snacks et des jouets, celui-ci a tendance à s'ennuyer très vite. En effet, mis à part quelques enfants du coin qui viennent lui rendre visite de temps en temps, le commerce de Shûji est plutôt calme et désert. Assis derrière son comptoir, notre gérant se plonge dans la lecture d'un magazine pour passer le temps, lorsqu'un mystérieux inconnu franchit les portes de sa modeste boutique. Vêtu d'un costume-cravate, celui-ci achète quelques jouets et repart presque aussitôt, intriguant quelque peu Shûji. Le lendemain, constatant que sa fille est tombée malade, Shûji décide de se rendre à la clinique. À peine pénètre-t-il l'établissement, qu'il se retrouve nez à nez avec le client de la veille, un certain Takafumi Saji. Remplaçant son grand-père malade, le jeune pédiatre va très vite piquer la curiosité de Shûji. En effet, derrière son apparence froide et sévère, Takafumi se révèle beaucoup plus tendre et doux qu'il n'y paraît. Conscient que son allure fait fuir les enfants, celui-ci tente de gagner leur affection en leur offrant des jouets, jouets qu'il a préalablement acheter dans la boutique de Shûji. Témoin de la scène, notre jeune père ne peut s'empêcher de sourire. Décidément, ce nouveau pédiatre est plein de surprises !

Tombé malade à son tour, Shûji se rend peu de temps après à la clinique et se voit traiter comme un enfant. Celui-ci aura même droit à un jouet, c'est pour dire ! De peur de repasser sa maladie à sa fille et en attendant que la chaudière soit enfin réparée, il décide de l'envoyer chez sa mère pendant quelques jours. Désormais seul, Shûji retourne au travail, lorsque Takafumi revient faire le plein de jouets. Apprenant que la chaudière est tombée en panne, celui-ci lui propose alors d'utiliser sa salle de bain avant de lui annoncer son homosexualité. De plus en plus intrigué, Shûji accepte l'invitation. C'est la première fois qu'il rencontre un homme aussi honnête. D'ailleurs, Takafumi n'hésitera pas à lui faire part de son attirance envers lui dès sa sortie du bain. Désireux d'essayer de nouvelles choses, Shûji le met alors au défi de le séduire, défi qu'il relèvera sans plus tarder. Ainsi débute leur jeu de séduction !

Dès la lecture du premier tome, nous nous rendons pleinement compte de leurs différences. En effet, ceux-ci nous paraissent complètement opposés l'un à l'autre, nous offrant ainsi une combinaison des plus surprenantes. D'un côté, nous avons Shûji Tanihara. Ce père célibataire à la chevelure blonde et au physique très avantageux, est de nature plutôt joueuse et curieuse. Désireux de sortir d'un quotidien qui semble l'ennuyer à mourir, celui-ci est sans cesse en quête de divertissements et de nouveautés. Takafumi Saji, quant à lui, est un homme plutôt simple qui, malgré une apparence froide et sévère, dissimule une véritable sensibilité. De nature plutôt douce et attentionnée, celui-ci ne cesse d'attiser la curiosité du gérant. Son physique étant en totale opposition avec son comportement. Mais, ce qui ne cesse surtout de le surprendre, c'est cette honnêteté. En effet, celui-ci n'hésitera pas une seule seconde à lui avouer son homosexualité et son attirance envers lui. Amusé, Shûji profitera de la situation pour coucher avec lui, inaugurant ainsi sa première expérience homosexuelle, une expérience qui bouleversera drastiquement son quotidien.

Contrairement à d'autres séries du genre, Hide and Seek est une œuvre qui ne cessera de vous surprendre. Certes, ils demeurent quelques clichés, je vous l'accorde, mais ceux-ci ne sont nullement dérangeants. Si vous avez eu l'occasion de lire pas mal de Boy's Love, vous serez probablement d'accord avec moi si vous dis que la plupart des scénarios ou réactions des personnages sont assez prévisibles, gâchant parfois notre plaisir. Et bien sachez que cela n'est nullement le cas avec Hide and Seek. En effet, les personnages principaux sont assez imprévisibles, surtout en ce qui concerne leurs réactions, apportant une véritable bouffée de fraîcheur et de nouveauté au genre. Mais ce qui me plaît le plus dans cette série, c'est cette relation qui se développe petit à petit entre Shûji et Takafumi. En effet, ceux-ci ne vont pas tomber amoureux l'un de l'autre dès le premier soir ou se jeter dessus à la moindre occasion. Non, bien au contraire ! Bien que cette première nuit ensemble fût des plus agréable, Shûji n'y voit là qu'un moyen de se divertir et de se faire plaisir. Cependant, plus il passera de temps avec le jeune pédiatre, plus il se sentira troublé. Cette rencontre sera ainsi l'occasion de découvrir un nouveau Shûji, un Shûji beaucoup moins sûr de lui et hésitant.

Au fil de notre lecture, nous assistons à un véritable rapprochement entre notre père célibataire et notre docteur à l'air sombre et ténébreux. Certes, au début ce rapprochement est plutôt d'ordre sexuel, surtout en ce qui concerne Shûji. En effet, comme je vous l'ai expliqué un peu plus haut, celui-ci ne cherche pas à entamer une relation sérieuse avec Takafumi. Ce qui l'intéresse surtout, c'est d'expérimenter de nouvelles choses. Ainsi se donnera-t-il à lui assez rapidement. Cependant, contre toute attente, cette nouvelle relation entraînera quelques changements en lui, des changements qui agiront très vite sur son comportement. En effet, contre toute attente, Shûji commencera à se livrer et à éprouver le besoin irrépressible de le revoir. Il se surprendra même à être jaloux de son ancien petit-ami. Sans qu'il ne s'en rende pleinement compte, Shûji tombe peu à peu sous le charme de notre pédiatre. Lui qui prenait un malin plaisir à provoquer le doc et à repousser ses limites, se retrouvera très vite piéger par ses propres sentiments.

Shûji étant le personnage central de l'histoire, l'auteur nous invite le plus souvent à suivre ses pensées, nous permettant ainsi de partager ses doutes et ses interrogations quant à la relation qu'il entretient avec Takafumi. Ce point de vue est particulièrement important. En effet, sans lui, il nous serait difficile d'appréhender le personnage et de comprendre les raisons qui le poussent à agir de telle ou telle manière.

À l'inverse de ses œuvres précédentes, on sent que l'auteur a vraiment pris le temps de développer les sentiments de chacun. Certes, le récit peut paraître assez lent, mais c'est ce qui fait tout le charme de la série. En effet, il ne faut pas oublier qu'une relation amoureuse ne se construit pas en une journée. Cela se saurait ! Non, il faut prendre le temps de se connaître, de se découvrir, de se faire confiance et d'apprécier les qualités et les défauts de l'autre. Nous avançons ainsi étape par étape, ce qui est plutôt appréciable. Mais ce qui fait réellement la force de ce manga, c'est son humour. En effet, les répliques et les réactions de Takafumi sont tellement en contraction avec sa personne, qu'il est impossible de ne pas rire aux éclats par moment. On comprend ainsi la raison pour laquelle Shûji lui porte une telle attention. D'ailleurs, en parlant de ce dernier, celui-ci n'est pas en reste en ce qui concerne l'humour. En effet, de nature assez joviale et joueuse, il ne cessera de lui lancer des piques tout au long du récit, donnant lieu à des scènes particulièrement comiques. Personnellement, je ne m'en lasse pas.

Côté graphisme, je n'ai pas grand chose à redire. Les décors sont plutôt réussis et nous plongent plutôt bien dans l'histoire. Certes, il est possible que vous trouviez les dessins un peu trop anguleux à votre goût, mais ils n'en demeurent pas moins efficaces. Le trait est plutôt soigné, précis et apporte une certaine douceur, à l'image même de cette romance. Concernant les personnages, ceux-ci sont très différents l'un de l'autre, un véritable plus pour un Boy's Love. En effet, il arrive souvent de retrouver des similitudes physiques ou comportementales au sein d'une seule et même œuvre (surtout lorsqu'il s'agit d'un Boy's Love), chose qui a tendance à m'exaspérer au plus haut point. Les scènes d'amour, quant à elles, ne sont pas vraiment explicites. En effet, les détails sont très peu marqués. Cependant, elles n'en demeurent pas moins sensuelles et érotiques. C'est d'ailleurs ce qui fait la force de ce spin-off.

Pour conclure, Hide and Seek est un titre d'étonnant qui vous tiendra en haleine du début jusqu'à la fin. S'éloignant des clichés habituels, Yaya Sakuragi nous offre probablement l'une de ses œuvres les plus matures, les plus touchantes et les aboutis qui soit. Le seul reproche que je pourrais faire, c'est que j'aurai aimé pouvoir en lire d'avantage. En effet, trois volumes, c'est quand même assez court ! En même temps, je ne sais pas si cela aurait été une très bonne idée de continuer... Cela lui aurait peut-être porté préjudice. Après tout, ce n'est pas la longueur qui fait la qualité d'une série (n'est-ce pas Kishimoto sensei, lol ?).

En bref, si vous ne connaissez pas cette série et que vous êtes adepte de Boy's Love, n'hésitez surtout pas à vous lancer dans sa lecture. Vous ne le regretterez pas !