Touche pas à mes minorités !

  • B.Allen

Aujourd'hui je vais vous proposer un combo de nouveautés made in Akata. Tellement de séries et de nouveautés à suivre, mais c'est bon j'ai enfin pu prendre le temps de découvrir "Le mari de mon frère" et "Perfect World". Deux séries annoncées comme des bombes indispensable toussa toussa... mais qu'en est-il vraiment ?

Avant de rentrer dans le vif du sujet et parler de ces deux mangas, je tenais à pousser un petit coup de gueule. Ce n'est pas forcément contre Akata mais contre les éditeurs au sens large, j'en ai assez qu'on vende chaque nouveautés comme un indispensable et une série innovante et qui va tout casser. Je sais qu'il faut vendre les titres, que la concurrence est rude sur le marché, mais quand même. A croire les éditeurs TOUT les titres sont indispensables dans une mangathéque et j'ai honnêtement l'impression que c'est loin d'être toujours objectif. Mettre ses titres en avant c'est bien, trop le faire c'est contre productif. Parce que depuis le début d'année, j'ai testé un bon paquet de nouveautés et c'est pratiquement celle dont on a le moins parlés qui sont les meilleures. Par moment j'ai juste envie de dire, "Ah ok, et donc tout ça pour ça ?!" et on devient limite déçus. Bref, c'était la petite parenthèse, j'en parle ici car c'était aussi le cas pour les deux titres du jour dont on fait un tapage pas possible SURTOUT en raison des sujets abordés (et tout n'est pas justifié).

Bon, parlons dans un premier temps de "Le mari de mon frère" puisqu'il a débarqué en premier. Série de Gengoroh TAGAME, principalement acteur sur la scène yaoi (et pas du yaoi de chochotte) et qui tente s’immiscer dans le circuit seinen cette fois. Une série qui connait déjà un succès public et critique au Japon et qui débarque en France via les éditions Akata (un titre que je ne voyais pas ailleurs). La série est toujours en cours de parution au Japon et nous allons bien vite rattraper ces derniers puisque le second opus de la série paraitra le mois prochain. Suite au décès de son frère jumeaux , Yaichi et sa petite fille Kana, voient débarquer un beau jour Mike, un grand bucheron gaillard canadien, qui n'est autre que le mari du (feu) frère (comme quoi l'auteur s'est pas casser les couilles sur le titre). Un voyage identitaire pour l'un, une véritable tannasse pour le second et une découverte pour la petiote.

Un manga vraiment bien ficelé scénaristiquement parlant, qui traite de l'homosexualité ET de l'homophobie avec beaucoup de justesse et sans tabou. Car quand on propose un homosexuel, un "homophobe" (à un degré assez bas) et une petite fille innocente, c'est la porte ouverte pour parler de tout et poser les bonnes questions. Si Yaichi n'est pas fan des homosexuel, c'est surtout parce qu'il n'en côtoie pas et l'arrivée de Mike va l'amener à se remettre en question et découvrir un homo, mais surtout la personne "normale" derrière tout ça. Des questions et peurs assez répandues et que l'auteur parvient à retranscrire en finesse et avec fidélité. Le personnage de la petite Kana permet de mettre les pieds dans le plat et de poser ouvertement à Mike les questions que tout le monde se posent mais que personne n'osent. Une petite fille innocente, tellement contente de voir son oncle entrer dans sa vie. Du côté de Mike, c'est différent, venue d'un pays assez ouvert d'esprit, il vient au Japon principalement en pèlerinage pour découvrir la ville et le pays de son amour. Il devra faire son deuil, mais aussi se faire accepter de sa nouvelle famille.

* Moi quand on me dit que c'est un manga pour les "pédés" *

Le plus intéressant sur la série de TAGAME reste la façon d'aborder les choses. On passe outre les poncifs devenues futiles et on nous parle de façon simple, pertinente et sincère. Des personnages attachants, des moments d'émotions et de l'humour avec plusieurs situations qui arrachent plus qu'un sourire. Le cliff' en fin de tome, laisse présager une évolution intéressante pour la suite de la série en espérant que l'auteur ne s'éparpille pas trop.

Graphiquement, j'ai quand même beaucoup de mal avec le style de TAGAME. Les perso sont tous taillé comme des catcheurs, alors je sais que c'est sa patte, mais bon voir des armoires à glaces partout. Pour le reste c'est pas non plus dérangeant au point de ne pas continuer la lecture, simplement c'est pas le point fort de la série (me concernant).

Un titre qui ne peux pas laisser indifférent et qui prend plusieurs points de vues pour traiter du sujet avec le plus de réalisme possible. Probablement la meilleure série sur le sujet et on risque d'en entendre régulièrement parler si le mangaka maintient ce cap !

Parlons maintenant de "Perfect World", un josei qui s'intéresse à une autre minorité, les personnes à mobilité réduite. Première série de Rie ARUGA, on peut dire que la jeune femme à frapper fort. Toujours en cours de parution au Japon (où deux tomes sont dispo), le second opus débarquera en France en décembre prochain. On nous narre les retrouvailles entre Tsugumi et son premier amour Itsuki. Ce dernier étant en fauteuil roulant suite à un grave accident. L'amour sera-t-il en mesure de surmonter cet handicape ?!

Une histoire d'amour, qui va permettre d'explorer un thème assez peu traiter (de tête "Real" qui est la référence) et qui traite donc de l'handicape physique. Si la lecture est plaisante et qu'on ne lâche pas son tome une fois entamé, ces débuts ne sont pas dépourvus de défauts. On navigue régulièrement entre le présent et des flashback de la jeunesse des personnages de manière plutôt habile, un duo d'acteur plutôt convainquant sur les réactions et les sentiments. On aborde les difficultés que peuvent éprouver dans la vie de tout les jours les PMR (c'est plus court), ainsi que la façon de voir certains sujet (notamment le futur). Quelques passages m'ont en revanche semblé sonner faux, comme celui où les deux attendent devant l'ascenseur et que les gens autours les dévisagent totalement....euh, le gars n'est pas non plus un extraterrestre quand même. Pour avoir un ami dans cette situation (et qui a aussi tiqué sur certains aspects), j'ai rarement vu des gens le dévisager de la sorte, les PMR courent pas les rues (ahahah SI, c'est drôle), mais ne sont pas non plus rare au à ce point-là (sauf si c'est le cas au Japon). Il ne s'agit pas de comparaison, mais "Real" traite vraiment le sujet en profondeur et avec beaucoup plus de réalisme et d’authenticité.

Mon principale soucis avec "Perfect World", c'est que l'auteure donne l'impression de stigmatiser en permanence les PMR. Alors, certes plusieurs passages sont vraiment excellent et montre bien le quotidien de ces gens, mais d'autres donnent l'impression qu'ils sont traités comme des pestiférés globalement (ce qui est pas le cas). On va dire que sur certains points, la série manque de réalisme, ce qui contraste énormément parfois d'une page à l'autre.

Dans les grandes lignes, le trait de l'auteure est des plus classique. Ce n'est là non plus pas l'atout fort de la série, puisque je trouve le style trop académique dans la construction, la mise en page et j'ai quand même un soucis avec le léger strabisme qu'on les personnages assez souvent (et qui perso me fait sortir de ma lecture et casse quelques effets). Fort heureusement le thème de la série et son concept sont plus fort que les dessins.

Quoi qu'il en soit sujet est bien traité dans les grandes lignes, on peut apprendre pas mal de chose, ce qui peut permettre de mieux comprendre et casser quelques aprioris. L'histoire d'amour assez en retrait pour le moment (ce qui est tout aussi bien) et j'ai quand même hâte de découvrir la suite. Une histoire touchante et qui va permettre de passer au-delà des préjugés !

Deux séries qui permettent d'aller par-delà les préjugés, deux séries qui prennent le temps de s'attarder sur des minorités et qui traite de chaque sujet avec autant de réalisme que possible. Le genre de mangas qu'on devrait retrouver partout et surtout dans les écoles (CDI). Des appels à la tolérance mais surtout des mangas "d'utilité publique" !

 

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Gaffe aux d'autres d'orthographe dans l'article, y en a des coriaces quand même (tout au lieu de tous, ça patte au lieu de sa patte... En plus de dire que Tagame est sur la scène yaoi... Alors qu'il est l'un des créateurs du "Bara", le pendant du manga homosexuel pour hommes alors que le yaoi est à destination des femmes.
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