Qu'elles sont jolies les filles de mon pays...Zaï zaï zaï zaï !
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Découvert du grand public l'année dernière en remportant le grand prix de la critique 2016 de l'Association des Critiques de BD (ACBD) pour son oeuvre délirante intitulée Zaï Zaï Zaï Zaï, Fabcaro a comme qui dirait explosé en France depuis quelques mois. L'auteur pourtant très prolifique compte déjà à son actif plusieurs dizaines de titres qui ne lui avaient pas encore valu un succès notable. Depuis sa dernière oeuvre en date c'est une autre histoire, et c'est de celle-ci dont nous allons parler aujourd'hui!
http://images.telerama.fr/medias/2015/06/media_128180/bedetheque-ideale-92-zai-zai-zai-zai-le-gout-pour-l-absurde-de-fabcaro,M231826.jpg
Ce n'est qu'au moment où la caissière lui demande sa carte fidélité que Fabrice réalise qu'il l'a oubliée dans son pantalon de la veille. Interpellé par la sécurité, l'homme n'entend pas se laisser abattre et s'enfuie après avoir menacé le vigile un poireau à la main. Commence alors une chasse à l'homme grandeur nature pour retrouver Fabrice, l'homme qui n'avait pas sa carte de fidélité. Ce pitch est totalement barré?... Il t'en a fallu du temps pour t'en rendre compte!
Avec Zaï Zaï Zaï Zaï, Fabcaro nous embarque dans un bon gros délire totalement assumé. Dès les premières pages, l'auteur interpelle le lecteur par le décalage entre la situation banale d'un passage en caisse et les réactions totalement démesurées face à son oubli de carte de fidélité. Nous sommes alors emportés dans cette aventure aussi absurde que son pitch le permet, à la rencontre des différentes acteurs impliquées dans la médiatisation de l'affaire. Ainsi, nous pouvons découvrir avec beaucoup d'ironie cet homme qui crie au "tous les mêmes [les auteurs de BD]" ou cet autre qui décèle par A+B un complot juif. Bref, la bande dessinée prend pied à un rythme assez proche du comic strip sur du environ une page = un situation absurde tout en traçant son chemin tranquillement dans l'avancée de la cavale.
Cette BD a cela d'intéressant et d'amusant qu'elle nous permet, grâce à son côté décalé, de prendre du recul sur la galerie de réactions suivant ce crime et même un crime en général, de la plus haineuse à la plus humaniste. Chacun pourra s'identifier ou reconnaitre un proche dans ces situations vécues poussées à leur extrême dans l'absurdité. On retrouve d'ailleurs souvent une pointe de vérité derrière cet humour, nous laissant un petit sentiment de perplexité quant au degré de sérieux de la BD une fois le fou rire passé. A côté de ça, l'auteur s'amuse à travers cette parodie d'autobiographie à nous livrer quelques indices sur sa situation personnelle. Comme dans une sorte de défouloir, Fabcaro semble mettre de lui dans cette oeuvre, et quand l'auteur se lâche voilà ce que ça donne : une BD haute en couleurs.
Physiquement ZZZZ (ouai c'est plu court) s'éloigne du grand format de la traditionnelle franco-belge pour un du plus petit et plus souple. Totalement tricolore, l'oeuvre se contente des jeux de lumière réalisables avec du blanc, du noir et du jaune pour créer différentes ambiances. Fabcaro maîtrise totalement son aspect graphique et assume ici un dessin peu appliqué quasiment crayonné et totalement en phase avec une oeuvre légère. Tout celà est disponible pour 13€ aux éditions 6 Pieds sous Terre, un prix assez élevé pour un si petit format mais qui reste raisonnable pour de la franco-belge.
Zaï Zaï Zaï Zaï est donc une BD pleine d'absurde (ça fait la millième fois que je le dit), d'ironie et surtout d'humour qui m'a fait passer pour un con à pouffer de rire seul dans le train. Un gros délire à lire et à relire donnant parfois matière à réflexion à travers ses caricatures de notre société. ZZZZ est donc un très bon moment à passer et certainement mon coup de coeur de ce début d'année. Comment ça il est sorti l'année dernière?!