50...nuances de meurtres !
-
Bha voilà, j'inaugure aujourd'hui la collection Flesh & Bones des éditions Glénat Comics. Une collection qui rassemble des one-shot en noir et blanc et qui propose divers genre, de la SF, du fantastique, thriller, voir horrifique. Comme partout, le catalogue entier n'a pas attiré mon oeil, mais quelques titres semblent assez attractif et promettent un minimum de divertissement. Mon premier essai m'a fait me tourner vers "50", dessiné par Alexis SENTENAC (que je ne connais pas) et scénarisé par Rémi GUERIN (qu'on a vu à l'oeuvre sur "City Hall" notamment).
De quoi parle "50", il nous livre simplement la traque d'un sérial-killer par une unité spéciale. Bien entendu, l'enquête les mènent vers un "suspect zéro" (dont le profil ne répond à rien) et finalement, les chasseurs pourraient rapidement devenir les proies ! Clairement, nous avons entre les mains un thriller, reste à savoir si la qualité sera au rendez-vous ?! On le sait maintenant, les one-shots c'est toujours sympa, mais ça pose pas mal de contrainte, notamment celui d'être clair et concis scénaristiquement. De ce côté-là, il faut reconnaitre que GUERIN s'en sort de manière assez honorable. Malgré la courte durée de l'histoire, il parvient à donner vie à son "équipe", si tout ce passe relativement vite, il permet de cerner un peu chaque membre de l'unité aux travers de petits passages "slice of life". Si les personnages jouent un rôle primordiale dans ce genre de récit, l'essentiel reste bien évidemment l'enquête, la façon dont elle est mené et surtout le "vilain". Ici, tout s'agence parfaitement, on part sur un premier tueur (assez violent d'ailleurs et dont les horreurs sont très bien mise en image), avant de basculer vers le fameux Chat de Schrödinger qui va mener nos héros dans bien des tourmentes.
Difficile de parler plus sur l'histoire sans révéler des éléments importants de l'intrigue. Quoi qu'il en soit, c'est habilement ficelé et il faudra avoir le nez creux (où fait le tour du genre) pour deviner l'identité du coupable. J'aurais peut-être aimé voir un développement différent, dans le sens où ce genre de twist est maintenant un peu trop souvent utilisé et commence à devenir "classique". Quand on parle de classique, on sent que GUERIN tente plusieurs fois de surprendre le lecteur et ce dès les premières pages avec un "flash forward" notamment. Ca reste surprenant, mais ça devient tellement utilisé que c'est en revanche assez peu novateur. Honnêtement, l'histoire aurait clairement été plus efficace sur une duologie, avec un peu plus d'espace entre les évènements, laissant une plus forte impression sur le lecteur. On en revient aux contraintes d'un one-shot, il faut une narration vive, des enchainements, au risque parfois de "gaver" le lecteur qui n'a pas eu le temps d'avaler la pilule qu'on lui en donne une autre.
Pour appuyer le scénario de GUERIN, c'est Alexis SENTENAC qui est de la partie. Alors comme je l'ai dit plus haut, je ne connaissait pas encore cet auteur, qui se révèle des plus efficaces. Il parvient parfaitement à mettre en image les différents "tableaux" sorties de la tête de son scénariste. C'est glauque, poisseux, lugubre et SENTENAC parvient justement à faire ressortir à merveille cette ambiance dans ses planches. J'aurais bien aimé voir le résultat en couleur, mais bon le choix du noir et blanc n'est pas non plus indigne.
Un thriller dans toute sa splendeur, avec ses codes, ses inspirations et sa petite touche perso. Le binôme a du composer avec les contraintes du format (je maintiens qu'une duologie en aurait fait un classique), mais parvient a s'en sortir de façon plus d'honorable. La narration de GUERIN est folle, les twists suffisamment efficace (hormis sur les vétérans du genre) et les dessins sombres de SENTENAC donne un vrai impact à l'histoire ! A mi-chemin entre "Seven" et "Saw", le one-shot "50" permet de passer un bon moment de lecture et qui prouve qu'on peut faire du comics à la française. Pour le coup, je tenterais assurément quelques autres titres de cette collection et on en reparlera ici-même.