Moi j'veux pas être grande ! (quote Diams)

Avec la sortie récente de Dead Dead Demon's Dededede Destuction, c'était l'occasion de revenir sur un autre succès d'Inio Asano, à savoir le très apprécié Solanin!

 

 

Cette série en deux tomes datant de 2005 (2007 en France) nous narre l'histoire de Taneda et Meiko, deux jeunes amoureux entrant dans la vie active. Nous suivons leur couple dans un moment charnière de leur vie : le passage à l'age adulte. Au fur et à mesure que s'accroît leur désillusion face à une réalité oppressive dont ils ne veulent nullement faire partie se posent des questions simples mais non-moins essentielles sur notre existence. Pourquoi se fondre dans le moule de la société si c'est pour perdre sa vie à exercer un métier qui ne nous intéresse pas? Notre quotidien ne pourrait-il pas être plus simple que ça?

 

Solanin est une fable douce et réfléchie. Dès les premières pages, une ambiance assez particulière est introduite par la présence dans le récit de cases remplies uniquement de texte blanc sur fond noir. Comme à son habitude, Inio Asano utilise tous les outils à sa disposition pour faire passer son message. C'est sur le poids des mots qu'il cherche cette fois-ci à appuyer, leur donnant une importance toute particulière pour mettre énormément de sens dans chaque parole. Le mangaka introduit ainsi une ambiance tendant à la réflexion, reposant sur une intrigue toute simple et d'autant plus appréciable. En soulevant des questionnements dans lesquelles chacun pourra se reconnaître, Solanin offre une vision toute particulière de cette phase du passage à l'âge adulte et de la transformation du monde vécu qui en découle.

 

 

Malgré ce scénario facilement abordable, un certain temps peut être nécessaire pour se plonger totalement dans l'atmosphère du manga. A cause de la brièveté de ses chapitre, l'oeuvre souffre de quelques soucis de narration pouvant donner l'impression d'un traitement assez superficiel à première vue. En effet, la série compte 28 chapitres en seulement deux tomes, ce qui nous donne des épisodes de 12 pages chacun. Le sentiment d'immersion peut souffrir de ce découpage qui ne laisse que peu de temps à une intrigue de se développer et de s'approfondir. Ceci ajouté à un humour volontairement puéril qui tranche sèchement avec le cadre de l'histoire, le sentiment de mélancolie peine un peu à se développer dans un premier temps. Il faut attendre le temps de quelques chapitres pour que le mélange prenne, que le scénario s'affirme et que le tout forme une atmosphère à la fois touchante et décontractée, mais qui aurait surement gagné à se reposer sur de plus longs chapitres.

 

Graphiquement c'est plutôt joli mais nous ressentons un trait bien moins affirmé que dans les oeuvres postérieures de auteur. Il serait plus juste, à vrai dire, de parler d'une certaine légèreté dans le trait, totalement en phase avec l'ambiance générale de l'histoire. Les décors dans Solanin sont tout ce qu'il y a de plus concrets sans fourmiller de détails, le tout dans une atmosphère volontairement douce et sobre. Une impression de silence se dégage du manga, soulignés par la quasi inéxistence d'onomatopés tout au long du récit pour ne nous extraire à aucun moment de la bulle dans laquelle nous sommes plongés.

 

 

Cette oeuvre signée Inio Asano reste malgré ses quelques défauts un bon moyen de se faire plaisir en seulement 2 tomes. Nous reconnaissons la patte de l'auteur dans les différents mécanismes utilisés pour nous faire passer des messages, se plaisant comme à son habitude à se jouer de nos attentes. Il signe finalement une belle métaphore du passage à l'age adulte dans un ton léger, parfois un peu trop, mais ne manquant pas de nous émouvoir et de nous faire réfléchir. Une oeuvre à avoir lu, mais entre nous, si vous avez un choix à faire sautez plutôt sur la dernière série de l'auteur!

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