Les vrais héros ?!
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Si j'en crois les quelques critiques que j'ai pu voir jusqu'à maintenant, My Hero Academia jouis d'un assez bonne réputation dans le monde du manga en ce moment. Déjà présenté comme un potentiel successeur à Naruto par Kishimoto lui-même, on ne peut pourtant s'empêcher de noter quelques défauts assez dérangeant à sa lecture. My Hero Academia ne serait-elle pas une oeuvre un peu surévaluée? C'est sur cette question que nous allons nous pencher aujourd'hui.
Pour vous faire comprendre ce qui est selon moi le premier défaut (et pas des moindres) de l'oeuvre, je vais devoir vous résumer le pitch de quatrième de couverture. Ce que l'on nous vend donc à la base c'est un histoire dans ce genre : Dans un monde où 80% de la population possède un super-pouvoir, les héros font partie du quotidien. Et les super vilains aussi. Malheureusement, Izuku Midoriya fait parti des 20% laisés... mais cela ne l'empêche pas de rêver d'intégrer la "Hero Academia", l'école des héros. En gros ça se résume à ça. Et toi quand tu lis ça tu te dit "ouaah un jeune garçon sans pouvoir qui intègre l'école des super-héros! Ca pourrait être hyper cool! Comment il va s'en sortir"?! Mouahah que tu es naïf!
Certes, l'idée du super-héros sans pouvoir c'est déjà fait et ça s'appelle "Kick-Ass"... mais à vrai dire c'est pas un problème du tout, on aurait enfin pu avoir notre Kick-ass "à la manga" avec tous les codes propres au nekketsu et son avalanche de bons sentiments. Personnellement j'aurais rêvé de voir un gamin s'en sortir par la simple force de son intelligence et de sa persévérance au milieu de tous ces jeunes ayant pour seul mérite des dons de la nature. Puisqu'après tout c'est ça que nous laisse imaginer le pitch de My Hero Academia : un jeune garçon qui latte leur gueule aux inégalités de naissance à la seule force de ses nerfs. Si on creuse un peu, on pourrait facilement voir ce monde comme une critique du notre : un monde où votre naissance détermine déjà votre réussite. En nous présentant ce jeune homme auquel nous avons envie de nous identifier, un jeune garçon comme un autre, nous avons envie d'y croire, de penser que même si l'on n'est pas "fils de", même si l'on n'a pas de don du ciel , il est toujours possible de se faire un nom par nos propres moyens. Et c'est sur ce point que My Hero Academia m'a déçu une première fois.
Au lieu de nous faire rêver à base de valeurs nekketsuesques, l'auteur use d'une facilité scénaristique (à ce niveau-là c'est presque un baobab dans la main scénaristique) et fait en sorte que le héros le plus fort du monde, le plus populaire patati paata, transmette dès le milieu du premier tome ses pouvoirs à notre personnage principal. Et là, patatra, tout s'écroule! L'auteur, sûrement conscient de nous l'avoir faite à l'envers, tente coute que coute de faire survivre la petite éteincelle de nekketsu qu'il reste en posant la problématique de l'acceptation de cette immense force par le corps maigrelet du héros, l'obligeant tout de même à se battre contre la faiblesse de son propre corps. Mais c'est malheureusement trop tard... Izuku est devenu un possesseur de pouvoir comme un autre, son seul défi sera de contrôler ce dernier et non de se battre contre son état d'être inférieur. Un défi qui peut certes être intéressant si bien mené mais qui reste décevant par rapport au pitch de départ.
Après cette première déception j'ai tout de même essayé de souffler sur ces braises de nekketsu et de vivre l'aventure comme elle nous l'est racontée... mais il ne m'a fallu que 3 tomes pour être déjà lassé. Au niveau du déroulement de l'action on ne peut que revoir le schéma du nekketsu classique se dérouler. Il y a des l'action, un début de relation amoureuse ambiguë et tout le bazar habituel. Nous retrouvons aussi les thématiques classiques du dépassement de soi, de l'amitié ou encore de la rivalité. Et pour ne pas vous mentir c'est plutôt bien fait. Les scènes sont bien réglées et on ne s'ennuie à aucun moment dans ce premier tome, c'est d'ailleurs quasiment le contraire... bordel ça va beaucoup trop vite! Nous en venons ainsi à la deuxième chose que j'ai à reprocher à ce shônen : son expéditivité.
L'entrainement de départ, celui qui précède ce qui devrait être le premier grand challenge de cette oeuvre, c'est à dire intégrer l'école des héros, ne prend exactement que 10 pages...10 PETITES PAGES! Pour tout vous dire (là je vais un peu spoil, vous pouvez passer à la phrase suivante mais ce que je vais dire n'est pas vraiment une surprise) le tome 1 n'est même pas fini que notre héros a déjà intégré cette école qu'on nous vend depuis le début comme le Saint Graal. Et à la fin du deuxième volume, nous connaissons déjà plus de 21 personnages (oui, j'ai compté dans la présentation des pesonnages du tome 3), dont la plupart ont pour seul trait de caractère leur pouvoir. Pour les personnages principaux il n'y a par contre pas de souci, il sont assez agréable et plutôt pas mal écrits, mais pour ce qui est des personnages secondaires, et il y en a des tas, c'est assez dommage de les voir réduits à de simples caricatures sans aucune profondeur. Je ne sais pas pour vous, mais il m'est assez difficile de me plonger dans un monde où tout va à cent à l'heure et où la majorité des personnages n'ont que très peu de personnalité.
Là vous allez me dire "Po Pah, tu es dur, c'est pas si mal que ça MHA... et vous avez raison, tout n'est pas à jeter. Cette oeuvre a ses défauts mais mis à part la grosse déception du début, elle reste lisible si l'on arrive à prendre assez de distance sur ça et les centaines d'"heureuses coïncidences" qui mettent à mal ma patience. Les dessins, qui sont tout de même son gros point fort puisqu'ils arrivent à eux seuls à cimenter cet univers si particulier à la croisée du comics et du manga, ne sont clairement pas désagréables à regarder. Pour être enfin positif je dirais même qu'ils contribuent fortement à donner un esprit à l'oeuvre, celui d'un univers assez original garni d'un chara-design de très bon goût. C'est d'ailleurs la présence d'un univers original et complet qui pourrait à mon goût expliquer ce succès. Le scénario, bien que trop expéditif use néanmoins assez bien des codes du shônen, si bien qu'il nous arrive par moment de s'y prendre malgré nous. Ce que je veux avant tout soulever ici ce n'est pas que "My Hero Academia, ça pue le caca" mais que c'est clairement une série surévaluée. C'est loin d'être le "nouveau Naruto" comme on a pu l'entendre à sa sortie, tout simplement car ça manque de l'authenticité que pouvait avoir Naruto dès ses débuts (et qu'il a malheureusement perdu vers la fin... RIP).
Alors My Hero Academia, qu'est-ce que ça vaut? Difficile de répondre à cette question. À première vue c'est pas génial, comme nous avons pu le voir le scénario tient la route, l'univers est complet et les dessins sont vachement bien... mais c'est aussi bourré de défauts! L'oeuvre n'est pour l'instant pas mauvaise mais reste extrêmement frustrante aux vues de ce qu'elle promettait. On a un peu l'impression à la lecture des premiers tomes de voir un petit manga qui veut grandir trop vite, un enfant qui joue aux grands. L'idée que je garde de MHA après la lecture de ces trois premiers tomes c'est celle d'un bon shônen qui manque d'authenticité, un nekketsu qui se contente d'utiliser les codes habituels sans réellement les maîtriser en posant des bases déjà bien instables pour la suite de la série. En résumé My Hero Academia donne l'impression d'une oeuvre malheureusement trop superficielle qui ne tient pas ses promesses mais reste lisible avec beaucoup de recul.