Chronique : La cité des esclaves Vol.1 & 2
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Type : Seinen
Auteurs : Shinichi OKADA & Hiroto OOISHI
Editeur : Casterman/Sakka
Prix de vente : 7.95€
Nombre de tomes France : 2 (en cours)
Nombre de tomes Japon : 5 (en cours)
Date de parution : 3 septembre 2014 & 7 janvier 2015
Pitch :
Ennui, soif de vengeance, volonté de domination ? Le SCM est fait pour vous ! Rejoignez la communauté des porteurs de ce nouvel appareil révolutionnaire, défiez ses membres et faites-en des esclaves qui obéiront aveuglément, même au plus inavouables de vos désirs. Mais soyez sûr de votre coup, ou c’est vous qui deviendrez la chose de votre adversaire ! » Tokyo, de nos jours. Une jeunesse désabusée joue à se faire peur grâce à un objet qui alimente de nombreuses rumeurs sur internet : le SCM. Le SCM, ou Slave Control Method, permettrait d’instaurer avec sa cible une relation de maître à esclave. Il n’en faut pas plus à toute la galerie de protagonistes de ce jeu de massacre d’un nouveau genre pour se lancer dans une course éperdue à la manipulation où mensonges et coups bas sont de mise.
Chronique :
Ce n'est plus un secret pour personne, les éditions Casterman (via le label Sakka) sortent régulièrement des petites pépites et ce quelques soient les gouts et les couleurs de chacun. Tout le monde peut trouver son bonheur, alors que les mangas de "jeux survival" font fureur, l'éditeur tente de nous proposer le siens, alors bonne ou mauvaise pioche ?!
J'attendais d'avoir le second opus entre les mains pour sortir un avis un peu plus concret, car j'avoue que le premier volume s'il était excellent laissait encore beaucoup trop de zones d'ombres à mon gout. Parlons de l'histoire en premier lieu, projetée dans la ville de Tokyo, l'on découvre l'existence de dispositif appelés SCM (Slave Control Method, pour être clair) et qui permettent donc via des "affrontements" de faire du perdant son esclave. Alors je mets affrontements entre guillemets car il s'agira plutôt de paris. Tout peut être sujet à un affrontement (baston pure et dure, hasard...) du moment qu'un joueur admet avoir perdu (même s'il le pense simplement) il deviendra l'esclave de son adversaire. Dans un monde où les expériences les plus extrêmes sont de mise, nul doute que le SCM trouvera beaucoup d'acquéreurs.
Le postulat de départ est assez semblable à ceux que l'on peut découvrir dans d'autres séries du genre (Judge, Doubt, King's Game etc...), un jeu pervers et qui révèle les comportements les plus extrêmes de l'être humain (aussi bien dans le bon que dans le mauvais...mais surtout le mauvais). Du coup, vous vous demandez ce qui fait que "La cité des esclaves" sort du lot ? Eh bien je vais vous le dire ! (ouai j'imite Sarkozy à mes heures perdues). La série de Shinichi OKADA et Hiroto OOISHI se démarque par son traitement psychologique plus poussée sur leurs personnages ainsi que sur la toile que les auteurs tissent entre eux (puisqu'on s'aperçoit qu'ils sont finalement tous reliés par le SCM).
En effet, plus l'histoire avance, plus l'on se rend compte que le cercle des initiés au SCM n'est pas si vaste que cela. Le binôme prend un malin plaisir à faire que les personnages apparemment sans rapport se croisent et s'entrecroisent pour au final s'apercevoir qu'ils sont de près ou de loin connectés. De plus chaque personnage est bien ficelé psychologiquement parlant, on retrouve divers profils, diverses motivations (parfois innocentes, parfois empruntes de vengeance et plus lugubres) au fil des pages. Sans dire qu'on s'attache aux protagonistes, le lecteur se posera plutôt comme un observateur au-dessus d'une fourmilière et observant les comportements de plusieurs individus. A partir du moment où l'on se prête au jeu (car il faut tout de même entrer dans le délire), les réactions qu'ont les personnages sont assez réalistes et logiques. De ce point de vu, je ne peux que tirer mon chapeau à la paire de mangakas.
L'un des autres points fort de la série est la façon qu'à le scénariste de passer de scènes anodines et normales, à des scènes plus trash. Le contraste est assez important puisqu'il nous propose des affrontements souvent stratégiques et réfléchis, mais qui aboutissent à des "vengeances" assez violentes et malsaines.
Graphiquement, l'ensemble reste très sombre pour coller au côté lugubre de la série (qui est faut-il le rappeler un seinen). C'est découpé de manière intéressante, l'ensemble reste claire et explicite quand il le faut.
Après deux volumes, je ne peux qu'affirmer une bonne pioche de la part de l'éditeur ! Prendre une série d'un genre qui cartonne actuellement, sans pour autant laisser de côté le fond, c'était un pari risqué mais payant. Sachant que le second opus offre de bien belles perspectives à venir (avec notamment le fameux Ryûô), je ferais donc au rendez-vous pour le prochain tomes en mars !