Hunger for more !

L'article comics de la semaine sera dédié au one-shot de Brian WOOD (DMZ,Northlanders) et Danijel ZEZELJ (DMZ,Northlanders,Scalped) intitulé "Starve : Cuisine & Dépendance". Disponible dans la collection Indies de Urban Comics, le pitch était suffisamment appétissant pour me donner envie de me pencher dessus (en plus des noms ronflants qui sont aux manettes).

 

 

Après avoir disparut de la scène (et du monde), Gavin Cruikchank, le meilleur chef du monde est de retour. Alors qu'il a tout perdu dans sa vie, famille, amis, argent, son émission TV "Starve", c'est par le biais de cette dernière qu'il compte bien tout regagner! C'est sur cette idée que l'on part à la base et bien entendu le génie du tandem WOOD/ZEZELJ va non seulement la bonifier, mais surtout en tirer le maximum. "Starve" propose de mêler deux aspect, le premier, le plus visible et probablement le plus travaillé, c'est le drame familial qui sera joué tout au long des 256 pages. Alors qu'il a une forte tendance à s'auto-détruire, sa tentative pour tout remettre en ordre dans sa vie sera forcément intéressante à suivre. Elle permet d'aborder plusieurs sujets de fond, le divorce, la relation père-fille, ainsi que la solitude et l'abandon. Comme je l'ai dit juste avant, c'est l'aspect qui ressort le plus à la lecture et qui est décrit avec pas mal de justesse. Bien sur, tout s'imbrique peut-être un peu rapidement (comme toujours le souci des OS, qui s'étale sur durée dans l'histoire), mais tient vraiment la route, avec notamment cette relation qui se crée petit à petit entre le père et sa fille. C'est jamais lourd, ça ne tire pas sur le larmoyant, juste ce qu'il faut.

 

 

Le récit propose une seconde "vision", qui elle se penche plutôt sur la société, les disparités, la téléréalité et la cuisine. L'occasion donc de mettre sur le tapis la misère sociale, la puissance des médias, le côté "trash" de la téléréalité. Là encore, c'est admirablement bien fait, dans un futur assez proche, les divergences que l'on constate sont tout à fait plausible (concernant l'aspect médias/TV) dans une optique de surenchères, de trash, pour "divertir". L'émission culinaire est aussi un bon prétexte pour parler gaspillage (où quand les chefs doivent cuisiner des poissons au bord de l'extinction simplement pour satisfaire le public), alors que Cruikchank, lui revient aux bases en parlant élevage, le don de soi, le savoir faire etc... Non, vraiment ça permet d'aborder des sujets intéressants, d'actualité et qui devraient parler à tous majoritairement (pour peu qu'on ne soit pas égoïste). Le défaut majeur que je note en fait, c'est la courte durée du récit qui oblige forcément à faire des coupes sur certains points. J'aurais bien aimé voir plus de développement, pousser la réflexion plus loin. Après, j'ai bien conscience des contraintes du format et que c'est plutôt bien équilibré sur l'ensemble.

Graphiquement, le trait de ZEZELJ est sale, mais dans le bon sens du terme. La noirceur des graphismes viennent appuyer le côté sombre du récit. J'aurais bien aimé voir un peu plus de couleur sur le dernier chapitre, qui finalement aurait apporter un peu de contraste, mais c'est que mon avis. Il faut dire que le style de ZEZELJ excelle vraiment dans ce genre de récit, j'aurais pensé que le côté "culinaire" l'aurait un peu plus déstabilisé, mais le croate s'en sort sans soucis.

 

 

Un joli coup de la part d'Urban Comics d'avoir proposé "Starve : Cuisine & Dépendance" qui est vraiment dans l'air du temps. Pouvant satisfaire différent public, le one-shot propose un drame familiale sur fond de critique sociétale. Les deux styles se marient à merveille et propose un titre dont j'aurais perso bien pris du rab. Quoi qu'il en soit, en ces temps plutôt sombres, "Starve" nous démontre qu'il reste de l'espoir, de l'humanité !

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