Au pied Fenrir (#TasLaRef) !

Je l'attendais avec beaucoup d'impatience, c'était même l'un des lancements que j'attendais le plus en ce début d'année. "Gleipnir" débarque enfin en France, via les éditions Kana, un titre assez étrange, mais j'aime beaucoup les titres bizarres, j'avais donc fondé de grands espoirs sur la série de Sun TAKEDA, auteur inconnu chez nous. Pourtant il s'agit de sa quatrième série et figurez-vous que jusqu'ici il est plutôt spécialisé dans un genre que j'ai en adoration plus que tout l'ecchi !! Evidemment que c'était de l'humour triple buse !! Un éditeur aurait tenté ses précédentes séries et il y a fort à parié que j'aurais massacré vite fait bien fait ! Voyons voir comment l'auteur s'en sort dans un autre registre en espérant que les démons de l'ecchi ne nous entraînent pas au bout de la nuit (#Images) !

Seinen en puissance, "Gleipnir" ne sera pas un titre à mettre entre toutes les mains et on le comprend dès les premières pages où l'on retrouve le "héros" entrain d'étrangler un jeune fille. Juste le temps de rembobiner et de bien comprendre, on fait connaissance avec Shuichi, un jeune timide et peureux, qui possède l'étrange capacité de ce transformer en une dérangeante mascotte de loup. Un pouvoir qu'il ne comprend pas, qu'il n'essaie pas de maîtriser, jusqu'au jour où il croise la route de Claire, une jeune fille provocante et avec un fort caractère. Totalement à l'opposée donc de ce dernier, elle prend rapidement le dessus sur lui et va tenter de mettre à profit les capacités de Shuichi. Si le titre est clairement pour un public averti, ce n'est pas tend pour la violence où un côté sanglant, mais plutôt pour l'ambiance générale que dégage le titre, assez glauque par moment voir malsain. Jonglant clairement sur le contraste entre son binôme, le titre s'avère assez riche finalement, Shuichi d'apparence faible et timide qui prend l’apparence d'une mascotte terrifiante, puis à l'inverse Claire et son apparence de jeune femme faible, mais s'avère assez dérangée et sans scrupules. L'un possède un pouvoir dont il ne souhaite pas ce servir, l'autre souhaiterait s'en servir, mais n'en possède pas ! Quoi de mieux pour former un binôme que des personnages aussi complémentaire ? Comme les deux faces d'une même pièce..où d'une médaille peut-être puisque c'est aussi au centre de l'histoire.

Effectivement, outre le fait de développer dans ce premier volume, les liens entre ces deux personnages, TAKEDA met aussi en place une histoire à plus grande échelles, une histoire d'un garçon cherchant des médailles, un distributeur étrange, d'autres "monstres" (?!), l'origine des pouvoirs de Shuichi, difficile de vraiment savoir dans quoi l'on s'embarque à l'heure actuelle. C'est le seul défaut que j'ai pu trouvé à ce premier volume, on l'achève finalement sans trop savoir dans quoi le mangaka souhaite nous embarqué, le ton est donné, les personnages en place, mais la trame principale est peut-être encore un peu trop floue. Rien de bien grave cela dit, mais il aurait peut-être été intéressant de renseigner un peu plus le lecteur. Pour le reste, beaucoup de mystères, soutenue par un ambiance générale plutôt glauque et angoissante, nous ne sommes pas sur un manga horrifique, pourtant plusieurs scènes mettent tout de même mal à l'aise (me rappelant par exemple ce que proposent les auteurs de "Deadman Wonderland" ou "Smokin Parade" tout deux chez Kana). Tient, j'avais un peu peur vu le passé de l'auteur qu'il soit trop tenté par tendre vers l'ecchi, c'est somme toute assez light dans l'ensemble, le peu présent s'intégrant à mon sens correctement dans le récit et ajoutant un plus à l'ambiance justement.

Le tout est évidemment chapeauté des graphismes de très bonnes qualités. Le chara-design assez innocent d'apparences offre un contraste saisissant avec les scènes qu'il dépeint par moment. Outre certaines scènes elle-même l'auteur parvient vraiment à imprégner un climat assez oppressant lors de la lecture grâce à ses planches, très explicites quand il le faut. L'ensemble rend vraiment bien, c'est fluide, que ce soit pendant les phases d'action ou non, la lecture ce fait d'elle-même. La mascotte est d'ailleurs bien flippante, jouant avec le côté "enfantin" et "horrifique" à merveille, c'est encore mieux quand Claire vient ce glisser à l'intérieur.

"Gleipnir" offre un premier volume d'ouverture assez atypique, surprenant par son côté glauque et osé. Bourrée de mystère (et d'un possible lien avec la mythologie nordique..j'ai fait des recherches les gars) et même si la fin laisse un peu le lecteur dans le flou, ça ouvre cependant la porte à pas mal de possibilités. Les personnages peuvent avoir un développement intéressant, les dessins sont d'un bon niveau collant totalement à l'ambiance que recherche l'auteur. Non, vraiment, c'est un démarrage honorable pour ce petit seinen, qui risque de s'intégrer dans mal dans la collection Dark de l'éditeur !