Il était une fois la Chine !

Allez ça vous dit qu'on parle un peu BD aujourd'hui?

J'avoue qu'en BD en terme de choix j'y vais un peu au pif. En parcourant les étalages de mon libraire je sui donc tombé sur "Lao Wai", un album qui ne payait pas de mine mais qui attirait l'oeil avec ses gros caractères chinois et sa scène de guerre en couverture. Ni une ni deux, le fan d'histoire asiatique en moi a agi et la BD a fini dans ma pile à lire. Alors, ai-je donc eu du pif sur ce coup?!

1959, alors que la première guerre de l'opium a pris fin il y a de celà 3 ans, les traîtés inégaux signés avec l'empire du milieu ne sont toujours pas respectés. François, jeune membre de la marine, veut absolument faire partie de l'excursion qui se prépare pour retourner faire un coucou aux amis chinois. C'est donc une aventure longue aventure qui se prépare pour le "LaoWai", "l'étranger" dans la langue de Confucius.

Même s'il est souvent difficile de faire le premier pas car "Histoire" (avec un grand "H") est trop vite associée à "rébarbatif", les BD historiques restent souvent un bon moment de lecture. La bande dessinée possède cette vie et cet esprit immersif que ne peut pas posséder ton bouquin de lycée aux pages écornées et sobrement agrémentées de bites là où il y a de la place pour en dessiner. Bien sûr, l'un ne remplace pas l'autre, bien au contraire. Je ne suis pas en train de te dire que tu maîtriseras parfaitement un période historique en lisant simplement des fictions mais comme l'explique l'historien Jean-François Klein dans la belle préface qu'il offre à l'oeuvre, dans la BD "le lecteur, en dépit de l'aspect romancé du récit, peut voir l'Histoire se dérouler sous ses yeux". Livre d'histoire et BD historique sont donc complémentaire pour le passionné, mais pour ce qui est du grand public,cette dernière a tout de même ce côté attrayant qui permet de toucher une plus grande audience et ne laisser personne sur le carreau quand il s'agit de nous faire kiffer, quel que soit le sujet.

Pour ce qui est de l'histoire avec un petit "h", puisque c'est tout de même la base de cette chronique, on retombe dans le schéma courant du héros fort d'une bonne morale et de convictions qui réalise malgré lui le dessous des choses et la perversion de ses supérieurs. Ce choix a la vertue de bien expliquer les tenants et aboutissants de la guerre qui prend place sous nos yeux mais nous fait souvent plonger dans un aspect parfois trop manichéen, trop consensuel. Pour simplifier le schéma on se retrouve avec un bon héros motivé par une quête personnel mais soumis à la perversité de dirigeants mal intentionnés. Il aurait peut-être été plus intéressant de montrer par exemple la complexité d'une guerre, l'embrigadement moral des soldats ou la violence du contexte mais nous aurions plongé dans un registre tout à fait différent, bien plus dur et moins accessible à tous.

Une BD c'est toujours plus cher qu'un manga et c'est un investissement, mais quand on voit la gueule de l'objet on ne peut pas regretter. Malgré les quelques critiques que je viens de faire, je suis toujours choqué par le talent de nos auteurs et puisqu'il faut le souligner ici, le dessin est plein de vie et très propre dans un style réaliste collant parfaitement au genre. Nous plongeons dès les premières cases dans un univers complet nous faisant revivre cette période de façon très précise. Le bouquin est assurément documenté, ce qui se retrouve dans le travail d'épinal qu'a dû être la reproduction de tous ces décors et toutes ces situations d'époque. LaoWai n'est peut-être pas un oeuvre qui révolutionnera le genre mais elle est pour sûr un bel objet.

L'oeuvre de Alcante, Bollé et Bresse se présente donc comme une très bonne BD aussi intéressante que vivante. Malgré le peu de prise de risque scénaristiquement parlant, ce premier tome se laisse lire et pose les base d'une histoire qui pourrait donner lieu à de belles choses. La fin nous laisse en suspens et promet pas mal de chamboulements pour la suite. A suivre...