Danse avec les...
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Voilà une nouvelle qui m'avait fortement fait plaisir, le retour de la talentueuse Mizu SAHAHRA en France chez Kazé. Après avoir proposé avec plus ou moins de succès le one-shot "Un bus passe", puis le familiale "My Girl", l'auteure revient dans nos librairies avec une nouvelle short-serie intitulée "Le chant des souliers rouges" ! Un manga qui devrait nous parler de flamenco, mais est-ce le seul sujet ? On peut aisément deviner qu'avec SAHARA, il n'y aura pas que ça sous le capot !
Kimitaka et Takara ont tout deux un rêves, celui de devenir basketteur pour l'un et danseuse de flamenco pour l'autre. N'excellent pas dans ces disciplines et par un concours de circonstances, les deux décide maladroitement d'échanger leurs passions. Alors que quelques temps plus tard Takara s'épanouit dans le basket, le jeune Kimitaka ne s'est toujours pas lancé dans le grand bain. Ras le bol ou prise de conscience, il est l'heure pour lui d'enfiler ses souliers rouges ! Probablement que le pitch aura déjà rebuté certain d'entre vous, quelle erreur pourtant de tourner le dos à cette série qui s'annonce dans la droite lignée de ce que sait faire la mangaka, du très bon ! Je reconnais que le thème du flamenco ne parle pas forcément de prime abord, mais il faut être ouvert dans la vie. Ayant déjà lu SAHARA, il est peut-être plus facile d'aborder cette nouvelle série au sujet atypique. D'ailleurs, ce premier volume, laisse pour le moment assez peu de place à la danse, puisqu'il vise surtout à mettre en place le décors et les situations, ainsi qu'introduire les personnages. On suit donc l'histoire de Kimitaka, un collégien qui par excès d'orgueil se retrouve isolé par ses camarades et peine à retrouver une place dans son bahut et même plus globalement dans sa vie. Une nouvelle année appelle forcément à un nouveau départ, c'est ce qu'essaiera de faire l'adolescent même si la tâche s'annonce ardue. Probablement l'un des points forts de la mangaka, celui de rendre ses personnages humains et vraiment proche de la réalité sans en faire trop. Kimitaka est semblable à n'importe quel ados que l'on peut croiser et permet d'aborder des sujets qui parlent forcément. Outre les sujets qu'elle aborde, Mizu SAHARA a aussi le don de faire appel à l'empathie du lecteur, sans verser dans le larmoyant, elle propose de découvrir des destins croisées, avec leurs lots de bons et de mauvais moments.
On s'attache rapidement à Kimitaka, dans sa quête de renaissance, une résurrection initiée par une rencontre qui changera sa vie. Face à une jeune fille dans une situation sensiblement semblable (sur la forme, mais pas sur le fond), c'est son empathie et sa bonté qui prendra le dessus. Une façon aussi de lui montrer qu'il était jusqu'ici sur la mauvaise voie. Loin d'être pressée dans sa narration, la mangaka prend vraiment le temps de tout installer, si bien que ce n'est qu'en toute fin de tome que Kimitaka se lance. Narrativement parlant, SAHARA n'a jamais été du genre à bâcler son récit, ni à faire de raccourcis. Bien au contraire, c'est aussi l'un des points forts que de s'atteler avant tout à ce que ses personnages prennent vie. Il faut bien entendu apprécier les tranches de vie car ici on retrouve que ça. Si le sort de son personnage principal nous importe beaucoup, c'est aussi le cas de personnages secondaires comme Takara, mais aussi l'entourage de Kimitaka (sa petite soeur, ses amis).
Graphiquement, c'est toujours un régal pour les yeux que de retrouver le coup de crayon de SAHARA. Nous seulement elle parvient avec beaucoup d'aisance à faire éclater les émotions dans nos pupilles, mais c'est vraiment beau à regarder. La nippone nous offre vraiment des planches sublimes, flirtant fortement avec la poésie et je crois qu'on montera en puissance encore dans les tomes à venir et avec l'entrée en scènes du flamenco. On sent vraiment que l'auteure est au sommet de son art, avec un trait maîtrisé, fin, délicat et avec une mise en page toujours aussi audacieuse.
Si vous recherchez de l'action ou de la poilade, c'est pas le choix qui s'impose, en revanche, si vous souhaitez de l'émotion, de la tranche de vie et un thème atypique, BINGO !! "Le chant des souliers rouges" de Mizu SAHARA, propose un récit à fleur de peau, mais qui ne tombe jamais dans le pathos. Très riche en émotion, cette série nous permettra de découvrir des destins brisés, des vocations (?), mais surtout des adolescent capables de renaître aux travers de passions insoupçonnées. La patte féminine graphique de l'auteure et la touche poétique qu'elle apporte auront vite fini de nous achever (dans le bon sens évidemment). C'est décidément une habitude depuis ce début 2017, mais nous avons assurément entre les mains une perle !!