Sans Foie, ni loi !

Décidément ce début d'année est vraiment très bon, les quelques nouveautés que j'ai eu l'occasion de tester sont de bonne qualité, pas de raison de bouder notre plaisir dans ces cas-là. C'est au tour des éditions Komikku d'entamer leur année 2017, l'éditeur attaquera avec un seinen de Yuka NAGATE (le spin-off d'Hokuto no Ken sur Toki). Une nouveauté intitulée "Gift ±" (Gift Plus Minus à l'orale), annoncée comme un "Dexter au féminin". Alors en grand fan de la série, j'ai sautillé de joie comme Po Pah devant le tome 38 de "Berserk", mais j'avais tout de même une grosse appréhension. Car oui, dernièrement c'est visiblement la mode chez les éditeurs de faire du "name dropping" de d'essayer de coller une étiquette sur un manga avec des films, séries tv ou autre et c'était le cas par exemple de "Assassins" (chez Komikku aussi justement), a qui on avait raccroché le nom ronflant de "Léon". Une méthode de comm' clairement à double tranchant selon moi, puisque si le lecteur n'y trouve pas son compte, il sera obligatoirement déçu (ce qui fût mon cas). Bref, quoi qu'il en soit j'avais un peu peur de déchanter à la lecture de "Gift ±"

 

 

Une peur que la série de Yuka NAGATE a su dissiper en quelques pages. Hormis quelques similitudes (et encore hormis le M.O et le choix des victimes je vois pas trop le rapprochement), on est vraiment sur quelque chose d'assez différent dans le traitement. Takashi fait dans le trafic d'organes, il s'occupe du business et de la livraison, tandis que la jeune Tamaki est aux "scalpels" et est en charge de "collecter" les organes. Une activité hautement illégale, mais attention, on ne s'attaque uniquement aux criminels méritant la mort !  Un titre qui m'a vraiment captivé par son histoire, avec notamment plusieurs trames qui ce chevauchent et qui laissent présager du bon à venir. On nous présente tranquillement les personnages principaux, le fonctionnement du "business", ainsi que les probables obstacles auxquels Tamaki et Takashi seront confrontés. Un binôme à la mécanique bien huilée et qui commence à être titillé dès la fin de ce premier opus. L'intrigue avec le Doc' est aussi intéressante à suivre, une façon de mettre sur le tapis en douceur le passé de Tamaki qui semble fourmiller de détails croustillants. Je ne vais pas trop m'étendre sur tout ça de façon à ne pas faire le moindre spoile, mais sachez que les relations entre les personnages sont vraiment bien ficelées. 

Le point qui m'a le plus intéressé c'est tout le circuit qu'emprunte ce petit trafic. Notamment la partie concernant le choix et l'histoire des dîtes "victimes". L'auteur prend vraiment beaucoup de soin pour détailler l'histoire de chacune des victimes (qui me rappel le style narratif de "Ikigami" même si le sujet n'est pas le même) et proposant par la même occasion au lecteur de ce faire son propre jugement. C'est pour le moment clairement sans gants qu'opère (si si j'ai osé la faire) NAGATE sur sa série et ma foi, plutôt malin. On retrouve ce qu'on peut voir de pire chez l'humain (une fois n'est pas coutume) et c'est aussi une façon de parler de la société actuelle. Car, au-delà des "donneurs", il y a aussi les "receveurs" qui ne sont pas là par hasard ! Il y a peu à redire sur le traitement de l'histoire pour le moment, c'est bien présenté, les relations entre personnages sont bonnes et détaillées, de la réflexion sans langue de bois, c'est un sans faute on dira. Il faut voir par la suite le développement que proposera le mangaka, mais les pistes sont alléchantes jusqu'ici !

 

 

Graphiquement, c'est bien violent et ce dans les deux sens du terme. C'est sublime à l'oeil, vraiment NAGATE (que je découvre perso), à vraiment un coup de crayons d'une finesse absolue et propose des planches vraiment très belles. D'un autre côté, il,parvient à retranscrire la dureté, les horreurs, l'intensité et la violence de son récit aux travers de ses cases. 

"Gift ±"  est l'une des bonnes surprises de ce mois de janvier et qui permettra de bien entamer l'année (ou bien finir le mois au choix). Au final, j'aurais pas parlé de "Dexter au féminin" et ce n'est pas plus mal, car c'est un titre qui mérite de ne pas avoir ce genre d'étiquette. Des personnages intéressants, une histoire prenante, prêtant à la réflexion, avec de l'action, visuellement beau et qui permet facilement au lecteur d'intégrer l'univers de la série. Loin d'être moralisateur, la série de NAGATE nous dépeint juste certains des aspects les plus sombre de notre espèce et propose quelques images et situations choc ! Un gros oui pour cette chasse aux organes !

 

 

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