Quand l'appétit va, tout va ! (quote Obélix)
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Quand l'appétit va, tout va, vidons les futailles à nous la ripailles, quand l'appétit va, tout va !! Enfin c'était la théorie d'Obélix, le manga de Sayaka MOGI montre les choses sous un autre angle.
"Pupa" est la dernière nouveauté du catalogue Komikku. Une série qui compte cinq opus au Japon, mais qui seront condensés en France pour tenir en trois. Inutile donc de vous dire que ce premier opus est un gros pavé, dont au pire si tu n'as pas aimé peut te servir en cas d'agression. On parle deux minutes de l'édition parce que le boulot est bien fait, c'est propre, on une myriade d'illustrations en couleurs (d'ailleurs même la cover est en couleur recto/verso (pas la jacquette, la cover)). Moi qui est en horreur les grosses briques de lecture, je dois reconnaitre que le tome est très souple et au final ne trouble pas le confort lors de la lecture. Le prix fera peut-être grincer des dents (12€), mais on reste quand même sur 440/450 pages, donc logique et pas volé.
Bon, pour l'histoire on nous propose de suivre Yume et Utsutsu des frères et soeurs, livrés à eux-même. Alors qu'ils tentent de mener une vie à peu près normale, Yume est contaminée par le virus "pupa", qui va faire d'elle un véritable monstre, guidée par la faim...de chair humaine. Inutile donc que ce manga est destiné à un public averti et que les âmes sensibles ferait mieux d'aller faire un tour sur l'autre article du jour ! Le résumé est light, mais en même temps, difficile d'en dire plus sans spoiler le contenu du tome et de vous gâcher le suspens. Si la relation entre les deux frères et soeurs est plutôt ambigüe (l'auteure en joue beaucoup d'ailleurs), plus on avance et plus on s'enfonce dans le glauque avec des scènes assez parlantes et qui ajoute un côté malsain à l'histoire. On peut facilement être estomaqué devant certaine scène de "repas", voir tout simplement quand l'un où l'autre perd les pédales. Car oui, les deux personnages sont aussi esquintés l'un que l'autre, on nous explique aux travers de flashback que ces derniers n'ont pas eus une enfance facile et visiblement ce n'est pas avec ce qui leur tombe sur la tronche maintenant que ça ira mieux. De ce côté les personnages sont aboutis, même Maria joue parfaitement son rôle et apporte énormément de mystères.
D'ailleurs n'y a-t-il pas trop de mystères ? Car mine de rien, on ressort d'un pavé d'un opus de plus de 400 pages, sans vraiment trop savoir vers quoi l'on va. C'est fluide à lire et l'on ne s'ennuie pas, mais force est de constater qu'on avance pas des masses dans l'intrigue. MOGI travaille énormément le background de ses personnages et chouchoute beaucoup la relation entre Yume et Utsutsu, ainsi que la condition de "monstre" de la jeune fille, mais le reste de la trame avance au ralenti. J'ai bien compris que l'auteure souhaite appuyer les scènes choques, avec le "nourrissage" de la petite, mais faire du gore au détriment de l'avancée, attention ! Pour autant, ce n'est pas non plus gênant dans le sens où on ne le ressent pas vraiment lors de la lecture, mais plutôt quand on referme le tome et qu'on fait un bilan. Il reste cependant, deux tomes à venir et je suis sûr qu'on va passer la vitesse supérieur dans le prochain.
Concernant le coup de crayon de l'auteure, il me semble tellement familier alors que c'est une grande première pour elle en France. Un trait qui donne une impression brouillonne, alors qu'au final c'est très fouillé et détaillé. On joue beaucoup sur le contraste mignon/innocent versus gore/malsain et il faut bien admettre que sur ce plan, MOGI assure un max. Même si c'est le récit en lui-même qui est dérangeant, la mise en image apporte un impact non négligeable notamment avec des scènes de repas assez sordides.
* On ne terrorisera jamais assez les enfants je pense *
Parait que la gourmandise est un vilain défaut, mais qu'en est-il quand il s'agit plus d'un besoin vitale comme ici ?! "Pupa", vient mordre à pleine dents dans le game de l'horrifique et viendra certainement s'ajouter à la petite liste d'oeuvres au ton résolument malsains et glauque. Une histoire provocante autant visuellement, que moralement, une des bonnes surprises de cette fin d'année !!