La ruée vers l'Art !
-
J'avais promis de faire un article pour présenter "Golden Kamui" et je vais tenir ma promesse. Car la série de Satoru NODA qui vient de faire ses débuts chez l'écurie Ki-oon, vaut largement le détour. Un peu de chasse aux trésors, un peu de "Man VS Wild", de "The Revenant", "Prison Break", le tout dans un shaker et il en ressort "Golden Kamui" la nouvelle pépite (d'or ?! (ouai je démarre direct les vannes)) de l'éditeur le plus en vogue !
Non, trêve de galéjades, on va déjà parler du pitch : A Hokkaido, les terres les plus au Nord du Japon, Sugimoto a survécu à la guerre Russo-Japonaise de l'ère Meiji. Surnommé "Sugimoto l'Invincible" durant la guerre, il cherche maintenant les richesses promises par la ruée vers l'or, dans l'espoir de sauver la veuve de son défunt camarade. Pendant sa chasse à l'or, il trouve des indices quant à la localisation d'un butin constitué de beaucoup d'or et appartenant à des criminels. En partenariat avec une fille Ainu qui l'a sauvé du dur climat du Nord, il s'engage dans une lutte pour la survie afin d'être plus rapide que les autres criminels qui cherchent la cachette du butin.
Je parlais de ruée vers l'art, car déjà l'auteur a su trouver le bon filon (avoue que tu les kiffes ces jeux de mots ?!). Les histoires de chasses aux trésors ont toujours captivées la majorité des lecteurs assez facilement, alors en ajoutant quelques éléments frais dans la mécanique, c'est presque le jackpot assuré. Ici, l'idée de devoir rassembler les différentes "parties" de la carte aux trésors, promet déjà d'être assez palpitante. Je le rappel, la carte est tatouée sur plusieurs ex-taulard et ne pourra être lu qu'une fois le tout rassembler, sinon c'est trop facile. C'était pour le côté "Prison Break", puisqu'il faut aussi rappeler que l'auteur du vole et du massacre s'est fait la belle.
* Michael Scofield, c'est toi ?! *
Pour le reste on fait connaissance avec Sugimoto, ancien soldat, maintenant à la retraite et qui tente de faire fortune comme chercheur d'or. On trouve un personnage solide, bourru et pas mal traumatisé par la guerre. NODA, nous propose un gros contraste puisqu'il l'opposera à la sauvage Ashirpa, membre du peuple Aïnou (un peu comme des indiens d'Amérique...mais au Japon...des indiens nippons en gros) qui apporte une touche féminine certes, mais aussi un côté plus posé et moins tête brulé. C'est aussi elle qui apporte un côté "Man VS Wild", en nous proposant de découvrir la culture Aïnou, mais aussi la faune et la flore de la région, qui il faut le dire est très dépaysant pour nous. Le talent du mangaka est aussi de nous instruire tout en restant dans le divertissement. On apprend des choses, sans pour autant être soulé par des explications sans fin, ça reste vraiment fluide lors de la lecture. On retrouve aussi un autre contraste puisque Sugimoto qui est déjà un jeune homme ayant de la "bouteille", est face à une jeune aborigène somme toute innocente et qui bien que rompue à la chasse et autre, n'en reste pas moins une enfants.
Je mentionnais plus haut le film "The Revenant" (qu'il faut voir si vous ne l'avez pas encore fait), puisqu'on retrouve pas mal de similitudes entre les deux. Outre une scène de combats dantesque avec un ours, il s'agit d'un affrontement entre l'humain et la nature, de l'homme face à l'homme, mais aussi de l'oppression d'un peuple (méconnu d'ailleurs). Difficile donc de ne pas faire un léger rapprochement, même si dans le fond, les deux œuvres sont différentes sur le traitement des éléments. Si dans l'ensemble, le ton est parfois plus léger (l'esprit chasse aux trésors, l'humour, le côté documentaire), nous n'en restons pas moins dans un seinen et l'auteur nous le rappel par touche dès que nous semblons l'oublier. Traumatisme de guerre, violence, oppressions des Aïnous, c'est là aussi la force d'un auteur de proposer plusieurs niveaux de lecture.
* Depuis qu'il est célèbre "Petit Ours brun" à pris la grosse tête *
Si bémol il faut vraiment apporter, mais n'en est pas vraiment un, c'est la rapidité avec laquelle la trame avance. L'auteur ne semble pas perdre de temps, apporte beaucoup d’éléments de réponse et avance dans son histoire sans faire trop de détour.
Si le scénario et les personnages sont forts, il ne faut pas pour autant en oublier les graphismes qui sont bluffants par moment. C'est dynamique, c'est fluide, les personnages sont visuellement agréable à regarder et on prend plaisir à les voir évoluer. De plus les décors sont vraiment magnifiques et l'immensité, le froid, la rudesse du climat local transpire aux travers des planches.
* La conquête semble gagner la France *
Depuis le début d'année, nous avons eu pas mal de bonnes surprises. Hélas pour nos portes-feuilles les amis, "Golden Kamui" s'ajoute à la liste des indispensables de 2016 (encore tôt pour savoir s'il s'agira d'un indispensable tout court) et le démarrage de la série est de bon augure pour la suite. Une chasse aux trésors dans un territoire hostile, chez Nakamanga on est de la partie forcément !!