Le crush de la semaine : Masasumi KAKIZAKI
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Je l'avais déjà fait pour Kei SANBE, pour le coup Masasumi KAKIZAKI le mérite tout autant. Un auteur qui a vu moult de ses œuvres paraitre dans nos contrés et toujours avec un succès mérité. Un auteur que j'avais découvert en 2005 grâce à feu l'éditeur Kabuto. Par la suite la série fût reprise par Kazé avec le succès qu'on lui connait. Partagé entre deux éditeurs (Kazé & Ki-oon), nous avons eu la chance de voir arriver chez nos libraires le one-shot "Hideout", le western "Green Blood" et tout récemment le shonen "Bestiarius" (en gros 4 séries sur les 6 de l'auteur). Revenons donc un peu sur le parcours de ce mangaka aussi talentueux à l'écriture qu'au dessin.
Masasumi KAKIZAKI est né le 18 mai 1978 à Mombetsu sur l'île de Hokkaidô.
Il débute sa carrière de mangaka, en 2001 avec une histoire-courte "Two Tops" publiée dans le Young Sunday. Il a rapidement le droit à sa première série, "X-Gene" (en 3 tomes) qu'il illustre d'après un scénario d'action/SF de Kentarô FUMITSUKI. Il réalise fin 2001 une nouvelle histoire-courte intitulée "Teppeki D". Avec sa première série, KAKIZAKI se fait remarquer et il se voit confier la partie graphique du manga qui lui donnera sa notoriété "Rainbow", une fresque historique avec au scénario George ABE. Un atout ô combien précieux quand on sait que le scénariste à vécu pendant la période qu'il décrit et qu'il n'en apportera que plus de réalisme. La série connait un gros succès et est même récompensée du prix Shôgakukan en 2005. Aprés un changement de magazine en 2008, la série prend fin en 2010 aprés 22 tomes de bons et loyaux services.
L'auteur reste sur le qui-vive, puisque pendant la pauve de "Rainbow" en 2008, il en profite pour faire voir le jour au one-shot "Kansen Rettou". Un one-shot sur lequel il travail seul et s'occupe même du scénario. En 2009, un film live est adapté de cet OS, alors que le tome relié n'est même pas encore parut au Japon.
En 2010, KAKIZAKI planche sur un nouvel OS, "Hideout", où il explore un tout nouveau genre, l'horreur. Une fois de plus, l'auteur signe un succès, avec un récit sombre et froid et sa palette de personnages torturés à souhait.
L'année suivante l'auteur bascule sur un tout nouveau genre pour lui, le shonen. C'est dans le Shonen Sunday qu'il débute "Bestiarius", un série qu'il met ensuite en pause pour débuter le western "Green Blood". Loin d'avoir oublié "Bestiarius", il reprend la série dès le cinquième et dernier opus de "Green Blood" parut. Une série fraichement terminée au Japon, reste à voir ce que l'auteur nous réserve pour la suite ?!
En France, "Rainbow" est la première série à voir le jour via feu Kabuto, avant d'être reprise en 2010 par les éditions Kazé. Les éditions Ki-oon nous proposent de découvrir l'horrifique "Hideout", avant d'enchainer avec la parution de "Green Blood". Décidément en vogue, l'auteur voit "Bestiarius" paraitre en France depuis le mois dernier, alors que les édition Kazé propose aussi en parallèle une édition Ultimate de "Rainbow".
Comme je l'ai dit plus haut, j'ai découvert KAKIZAKI avec "Rainbow", une série qui m'a fait découvrir la patte graphique du mangaka et je crois que je ne m'en suis toujours pas remis. Sans mentir, le trait de cet auteur figure facilement dans les cinq meilleurs que j'ai eu l'occasion de lire. On reconnait immédiatement les personnages aux visages carrés et toujours entourés d'une "aura" puissante (qu'il s'agisse de "gentils" ou de "méchants"). Les décors sont ultra réalistes, le travail effectué sur les différentes trames, les ombrages, donnent un réalisme saisissant que l'auteur maintient dorénavant sur chacune de ses séries. Souvent très sombres, les graphismes de KAKIZAKI permettent d'encore mieux faire ressortir les moment "d'éclaircies" qui semble briller de milles feux au milieu des nuages.
Bien entendu, le ton des œuvres que propose le mangaka collent parfaitement à ses graphismes. Cela étant, "Bestiarius" nous prouve qu'il parvient parfaitement à s'adapter à un genre shonen. L'ensemble est moins sombre, plus clair et cela prouve même que l'auteur est très à l'aise même dans les scènes de batailles. Car, il faut reconnaitre qu'à chaque changement de "genre", l'auteur adapte son style qu'il s'agisse d'une fresque historique, d'horreur, de western ou de fantasy. Le lecteur est simplement immergé dans chaque univers et ce dès les premières pages. On sent que l'auteur fait un énorme travail de recherche à chaque fois, comme sur les armes à feu de "Green Blood" ou sur le bestiaire de "Bestiarius". KAKIZAKI met toute sa volonté et sa passion dans ses dessins, et forcément le lecteur le ressent à la lecture.
Si lors de ses débuts, l'auteur est cantonné aux graphismes sur "Rainbow" (en même temps avec quelqu'un d'aussi doué que ABE a-t-on le choix ?), rapidement KAKIZAKI monte ses séries de A à Z. Et s'il faut reconnaitre quelque chose à l'auteur, c'est bien entendu son éclectisme. Jusqu'ici jamais l'auteur n'aura proposé deux fois le même genre d'histoire et l'on passe ainsi de la fresque historique à de la SF en passant par le western, l'horreur ou la fantasy.
J'avais lu il y a quelques temps déjà dans une interview, qu'il choisissait exprès d'explorer à chaque fois de nouveaux horizons pour ne pas être cantonné à un seul genre. Une façon de penser que j'approuve et qui permet à l'auteur de se diversifié (avec plus ou moins de succès en fonction de l’œuvre) dans son travail. Un moyen comme un autre de se démarquer et surtout de ne pas finir avec une étiquette du genre "mangaka samurai" ou "mangaka harem".
Si le ton de ses oeuvres est globalement sombre, on retrouve des personnages torturés, avec des passès souvent assez lourd, pour autant, l'auteur ne manque pas d'humour et propose très souvent des moments riches en émotions de quoi tirer la larmounettes au plus bourru des lecteurs.
Je le disais plus haut, une diversité avec plus ou moins de succès. Car si jusqu'ici l'ensemble m'avait toujours convaincu, je dois reconnaitre que son dernier essai m'a un peu déçus. Je parle de "Bestiarius" qui fait basculer l'auteur dans la fantasy (avec succès), mais surtout dans la catégorie shonen (et c'est là qu'est le soucis). KAKIZAKI semble avoir du mal à s'adapter au genre shonen. Habitué des récits seinen, mature et sombre, basculer d'une catégorie à une autre ne semble pas si facile que ça. On ressent bien qu'il essai d'intégrer les codes du genre à son récit, au risque d'en faire trop de ce côté-là. Dans l'autre sens, on a l'impression que l'histoire ne vas pas au fond des choses et reste "soft". Un détail sur l'ensemble de la carrière de l'auteur, mais un détail qui montre que l'auteur n'est pas encore infaillible et que j'espère le retrouver plutôt dans le seinen.
En France, quatre séries de KAKIZAKI sont disponible :
Rainbow (22 tomes chez Kazé (8 pour la version Ultimate): Première titre de l'auteur à être parut en France. Une série sur laquelle il ne signe que les dessins et est secondé par George ABE au scénario. Une fresque historique qui plonge le lecteur dans le Japon des années 50 en pleine reconstruction. On suivra le parcours tumultueux de Mario et ses amis, sept vies brisées avant l'heure et sept jeunes qui tenteront de forcer leurs destins et de faire briller le soleil malgré les nuages. "Rainbow", c'est dur, c'est violent, sombre, riches en émotions et c'est surtout un must-have dans une mangathéque !
Hideout (OS chez Ki-oon) : Un one-shot bien sympathique, avec un KAKIZAKI en solo et qui s'essaie à un nouveau genre : l'horreur ! (ouai avec "!" pour te faire peur). L'histoire d'un écrivain qui descend petit à petit vers l'enfer. un titre qui reprend bon nombre de codes horrifique, mais qui propose surtout un travail remarquable sur la psychologie de son personnages principale et un traitement particulier de la folie. Un titre qui aurait sa place sur votre chevet pour Halloween par exemple (ouai je le dis en retard mais TG).
Green Blood (en 5 tomes chez Ki-oon) : Ou comment introduire le western dans le manga. On retrouve les chapeaux de cowboys, les gunfights, les buissons qui roule et traverse la rue déserte, les courses à cheval etc etc... Un titre basé action et qui nous propose une bonne histoire de vengeance comme on kiffe !
Bestiarius (3 tomes terminée dont 2 en France chez Kazé) : Dernière série en date de l'auteur qui coupe le récit en plusieurs "tranches" (3 pour tout vous dire). Un shonen fantasy avec des dragons, des orcs, des combats à l'épée etc etc... une série qui me laisse un avis mitigé, bien en tant que shonen, mais qui semble énormément brider le talent de l'auteur. M'enfin, trois tomes pour baver sur les graphismes de KAKIZAKI et avec un scénario dans la moyenne haute, bha je prend !!
Honnêtement, avant tout pour moi un illustrateur hors-normes, Masasumi KAKIZAKI à prouvé depuis "Rainbow" qu'il est aussi capable de s'occuper d'une série à part entière et avec autant de succès. Un mangaka dont il faut posséder au moins un titre dans sa mangathéque ou au minimum d'avoir lu une de ses œuvres.