Les lectures comics de la semaine S08E38
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Visiblement j'étais chaud patate cette semaine, même sur l'article comics c'est pratiquement que des lancements, trois one-shot, une nouvelle série et une seule petite suite (mais pas des moindre) !! En plus, vous savez quoi, c'est des avants première pour certain, comme ça vous êtes prévenu avant d'acheter (ou pas), on voit ça ?
"Ether" Vol.1, de Matt KINDT & David RUBIN, chez Urban comics.
On démarre la semaine avec "Ether", une nouvelle série (cinq tomes vraisemblablement) chez Urban Comics, signé par KINDT que je suis avec attention en ce moment sur "Dept.H" (chez Futuropolis) et RUBIN qui participe au spin-off "Black Hammer présente Sherlock Frankenstein et la Ligue du Mal" (chez Urban comics aussi et dont je vais parler prochainement). Des auteurs plutôt bons et qui nous propose une histoire à la croisée des genres, entre fantastique, science-fiction et polar (oui ça fait beaucoup). J'ai d'ailleurs eu un peu peur en démarrant que les auteurs cafouillent avec autant de style différent, mais KINDT met de l'ordre assez rapidement dans son histoire et instaure des limites. Il nous propose l'histoire de Boone, un explorateur qui se rend autant que possible dans l'Ether, un monde parallèle au notre où la magie est au centre de tout. Brillant scientifique dans notre monde, il n'hésite pas a endosser le costume de détective-explorateur là-bas et règle les cas les plus mystérieux ! La difficulté sur ce genre de titre, c'est bien souvent de trouver le bon ton pour traiter l'histoire et le scénariste s'en sort à merveille sur ce premier volume. Il prend le temps de nous présenter son univers, ses lois, certains de ses (étranges) habitants, puis l'on en vient au personnage principal, Boone Dias. Un perso que je trouve très bien écrit, charismatique, avec ses idées, son caractère, sa façon de faire et ses secrets. Bien évidemment KINDT laisse planer beaucoup de suspens pour le moment, ce n'est qu'un introduction, une présentation de l'Ether, des personnages et la mise en place d'une intrigue qui s'annonce palpitante. Je n'entre pas trop dans les détails, car ça spoilerait assez rapidement et je préfère éviter pour vous laisser la découverte intact. Graphiquement, j'étais un peu partagé lors du premier chapitre, comme l'impression que le trait de RUBIN était un peu trop tourné façon "cartoon". J'ai donc relu une deuxième fois en accéléré et finalement, je trouve que ça colle plutôt bien avec l'ensemble. Il parvient à instaurer des combats couleurs bien distincts pour chaque monde, le notre étant plus sombre (off course). Au final, ça rend plutôt bien et il y a certaine planches que j'ai trouvées sublimes.
C'est pour moi l'une des meilleures nouveautés comics de 2018, clairement KINDT & RUBIN nous propose de découvrir un monde aussi vaste que surprenant avec "Ether". Tout est présent pour passer un bon moment de lecture, action, aventure, énigme, humour et le personnage de Boone est plein de surprise, j'ai hâte d'en savoir plus.
"Doggybags présente : Beware of Redneck" OS, de COLLECTIF, chez Ankama.
Plusieurs titres estampillés Doggybags vont être présentés dans les prochains temps, voici le premier "Beware Redneck" avec trois histoires dans la droite lignée de ce que savent faire ses chenapans ! Comme la couverture le laisse entendre, nous allons avoir droit à trois histoires mettant à l'honneur ces fameux redneck que le monde entier envie à l'Amérique (ou pas). Je pense que le plus simple va être de prendre les histoires une par une pour vous en parler rapidement, mais avant cela, un mot sur l'édition qui est nickel comme toujours. Courrier des lecteurs, publicité lolesque, petits articles documentés et même poster pour égayer votre chambre, tout ce qui fait le charme des titres Doggybags est présent ! La première histoire "Dance or Die" nous propose de découvrir l'immersion d'un journaliste au sein d'un groupe de redneck, avec comme prétexte un reportage sur un concours de danse. Evidemment rien ne se passe comme prévu, pour notre plus grand plaisir. Une mise en bouche de qualité, qui plante bien le décor et nous met en condition pour la suite. Déjà un début de réflexion peut se faire, sur cette caste de personne si décriée. "The Bad Seed", change un peu de ton et l'on bascule déjà un peu plus dans le sanglant, avec une bande de prisonnier en cavale et qui tenteront de retrouver un ancien "copains", là encore bien vite les choses se gâtent et prennent une tournure étrange avec à la clé un twist bien vu ! Une autre façon de voir les rednecks, un autre genre d'histoire et pourtant là aussi on peut dégager plusieurs choses, outre l'ironie de la nouvelle en elle-même. On termine avec "Bone Pickers", qui montre la chute d'un père de famille survivaliste tentant de protéger son fils. On termine en apothéose, puisque non seulement cette nouvelle est bonne, mais de plus elle apporte un gros sujet de réflexion que j'ai bien apprécié. L'ouvrage est comme ça....ok c'était un effet visuel, je décrivais une montée avec ma main. Sincèrement, outre les histoires, j'aime beaucoup ce côté information, réflexion qu'apporte le titre, comme quoi on peut joindre l'utile à l'agréable.
Bien évidemment que la qualité des histoires et des dessins varie en fonction des auteurs. On aime ou non, les goûts et les couleurs toussa toussa... C'est toujours avec le même état d'esprit Doggybags qu'on nous propose de découvrir les redneck. Insolent, drôle, sanglant, surprenant autant d'adjectifs qui collent au titre qui de surcroît apporte toujours une touche de réflexion !
"God Country" OS, de Geoff SHAW & Donny C.CATES, chez Urban Comics.
BAM deuxième titre Urban Comics de la semaine, un autre one-shot, il s'agit de "God Country" avec aux manettes un certain CATES déjà à l'oeuvre sur "Redneck" chez Delcourt dont j'ai parlé il y a quelques temps ou "Babyteeth" dispo depuis quelques jours chez Snorgleux Comics. Il est accompagné graphiquement par SHAW, que je découvre sur ce titre. Justement, pour une découverte, j'ai trouvé le trait de Geoff SHAW très puissant et assuré, ça claque vraiment bien, c'est fluide et ça donne lieu à quelques planches pas dégueulasses du tout ! L'histoire nous propose de découvrir le quotidien chamboulé d'Emmet QUINLAN, le doyen d'une famille, atteint d’Alzheimer, il perd petit à petit pieds si bien que son fils ne sait plus comment agir refusant de l'abandonner en maison de retraite. Heureusement (ou non) les derniers jours du doyen vont être plus que riche, puisqu'il est choisi par une épée enchantée pour être son porteur. La maladie disparaît, les souvenirs refont surface, mais n'est-ce pas le calme avant la tempête ?! L'histoire est plutôt bien trouvée, originale, avec un bon développement et une bonne conclusion. Le scénariste joue la carte du drame familiale, en touchant la corde sensible de la maladie, du deuil, sans pour autant tomber dans le pathos ce qui est déjà bien louable. Le tout est parsemé d'action, quelques touches d'humour pas déplaisantes. Le problème c'est que pour qu'un one-shot entre dans les annales il faut frapper très fort et malheureusement, j'ai bien peur que même si j'ai passé un bon moment de lecture sur "God Country", il ne m'est pas suffisamment marqué. Ça reste cependant un bon divertissement qui mérite le coup d’œil.
Un titre qui remplit bien son rôle, c'est divertissant, un peu de réflexion, de l'émotion, une histoire de qualité. "God Country" est loin d'être mauvais, de là à en faire un coup de coeur par contre, c'est autre chose. Ce n'est pas indispensable, mais le one-shot offre un bon moment de lecture en tout cas.
"Emprise" OS, de Aurélien ROSSET, chez Akileos.
Ok, je sors ce titre un peu de nul part, vu qu'il s'agit d'un one-shot publié par Akileos en 2015, c'était ya longtemps, mais quelque part je vous emmerde, j'ai le droit de découvrir des trucs aussi anciens soient-ils. "Emprise" est une histoire proposé par Aurélien ROSSET qui comme son nom l'indique est un frenchy qui s'avère plutôt talentueux. L'action prend place en 1996, dans une petite bourgade des states, où le doyen de la ville transmet de mystérieuses consignes à son fils, avant de passer l'arme à gauche. Quelques temps plus tard, de mystérieux (oui il y a beaucoup de mystères) événements ont lieues dans la ville. Disparitions, massacre, bain de sang...que ce passe-t-il donc à Shelter's Lot ?! On approche les deux-cents pages pour une histoire qui aurait très bien pu sortir de l'esprit de Stephen KING qui doit clairement figurer dans les auteurs fétiches de ROSSET. La couverture donne le ton, on est pas la pour enfiler des perles et c'est une histoire sanglante et sombre qui nous attend. La lecture est plutôt glauque et propose de quoi s'hérisser les poils, de part son développement et certains passages, mais aussi parce que visuellement l'auteur est loin d'être un manchot. Le petit détail négatif, c'est le manque de temps qu'à l'auteur pour développer ses personnages et justement faire naître en nous un sentiment d'empathie envers eux. C'est assez dommageable, car sans ça on était sur un sans faute. Il faut du mieux qu'il peut dans le laps de temps impartie, c'est déjà plus que bien je trouve il s'en faut d'un rien. Si l'histoire instaure un climat plus qu'hostile, les dessins contribuent eux aussi à faire naître chez le lecteur un sentiment de malaise qui sied parfaitement au titre.
Pour un premier titre, je trouve que ROSSET s'en sort vraiment très bien avec "Emprise". Un one-shot à la croisée des genres, fantastique, horreurs et thriller accouche d'une histoire qui fera frisonner le lecteur et le prendra assurément dans ses filets.
"Renato Jones" Vol.2, de Kaare Kyle ANDREWS, chez Akileos.
On termine la semaine avec la suite de mon premier coup de cœur comics de l'année, "Renato Jones" qui est de retour pour une "saison 2" prêt à kicker des culs !! J'avais fait un grand format en début d'année pour chanter les louanges de ce démarrage que j'avais trouvé tellement explosif. L'heure est venue de la confirmation, s'est-elle déroulée sans accrocs ? ANDREWS marque-t-il l'essai avec ce second opus ? L'action reprend juste là où nous l'avions arrêtés Renato aura fort à faire tout le long de ce volume et après l'action et une fois l'adrénaline redescendue, viennent les questions... Je ne vais pas faire durer le suspens, ce second opus m'a moins emballé que le premier, pour plusieurs raisons que je vais détailler. Cela dit vous voyez maintenant pourquoi un bon démarrage n'est pas toujours significatif et qu'il vaut mieux attendre avant de crier à la perfection. Soit dit en passant, bien qu'en dessous du premier, on reste sur un très bon niveau. Peut-être que je n'avais pas fait attention a tout ça, durant la lecture du premier, mais déjà j'ai eu un soucis de fluidité et de lisibilité durant la lecture. Dès qu'il y a de l'action on perd un peu en lisibilité et les passages passé/présent ne sont pas toujours très fluide. L'histoire en elle-même suit son cours, mais j'ai l'impression que tout arrive un peu trop rapidement, comme si l'auteur était pressé, alors que vraisemblablement ce n'est pas le cas. Ne pas avoir de temps mort, c'est plutôt cool, mais ne pas laisser le temps au lecteur de respirer et d'absorber les informations ça l'est moins. J'aime beaucoup la remise en question de Renato, mais je trouve qu'elle survient beaucoup trop tôt dans le récit, du coup j'ai pas mal bloqué dessus. Autrement les qualités que j'avais loué sont toujours de la partie, c'est percutant, sarcastique, drôle, pis c'est quand même une sacrée critique de la société actuelle.
Un second volume de "Renato Jones" en dessous du premier, un manque de lisibilité et de la précipitation, j'espère que l'auteur rectifiera ça dans le prochain. En tout cas ça reste très intéressant et efficace, même si on accuse d'un coup de moins bien.