Les lectures mangas de la semaine S08E37

  • B. Allen
  • Chroniques

Une nouveauté en avant-première sur le banc d'essai cette semaine, alors que je termine deux séries. 

"Fools Paradise" Vol.1, de MISAO & NINJAM, chez Kana.

C'était l'une des nouveautés de la rentrée qui m'intriguait le plus, "Fool's Paradise" un titre sortie de nul part et avec une cover des plus étranges. Des auteurs flambants neuf, pour nous narrer l'histoire d'une super-idole qui pourrait bien changer la face du Japon. En bien ou en mal, c'est ce que nous découvrirons tout du long de cette short-serie (qui devrait compter cinq volumes au total). J'y suis vraiment allé à tâtons sur ce titre et même durant la lecture je me suis demandé dans quoi j'avais bien pu mettre les yeux. La narration est efficace en tout cas, car même si on ne sait pas bers quoi l'on se dirige, on ne peut s'arrêter de lire du début à la fin, comme aspirer par l'intrigue. L'avancée se fait vraiment step by step, d'abord un peu disparate, avant de doucement prendre forme, les différentes pièces du puzzle s'assemblant pour former une lecture efficace et prenante à souhait. Plusieurs personnages sont présentés, on reste cependant assez discret sur eux, ne donnant que les informations utiles à la compréhension, ce qui permet de ne pas s'embourber et de garder l'intérêt du lecteur focus sur la trame principale. La série aborde des sujets sociétale très actuels, apportant une vraie réflexion sur plusieurs points, si la violence visuelle n'est pas des plus équivoques, elle l'est en revanche nettement plus à d'autres niveaux. Le développement effectué autour de Sela est assez bluffant pourtant plus la lecture avance, plus on se dit que ça pourrait vraiment arriver et les conséquences sont assez folles. Les auteurs parviennent à instaurer un climat de peur chez le lecteur, sans forcément user d'artifices ouf, simplement en se basant sur des faits qui pourraient bien être réels et c'est peut-être le plus effrayant. Je reste volontairement vague sur les enjeux du titre pour que la surprise reste entière lors de votre lecture. Je suis assez fan de ce genre, donc ce n'est pas une grosse surprise si je me suis retrouvé happé par ce premier volume, le cliff de fin mettant l'eau à la bouche et s'annonce vraiment prometteur pour la suite de la série. Visuellement, MISAO n'a pas un trait fifou, mais il parvient sans difficultés à véhiculer les émotions et tensions qu'il faut, quand il le faut.

Un petit pari de la part des éditions Kana, qui n'en est pas vraiment un quand on voit la qualité de ce premier volume de "Fool's Paradise". Un thriller efficace et prenant, qui prend racine dans le réel et c'est peut-être bien le plus flippant. Les auteurs ont bien gérés ce premier opus, la suite s'annonce du même acabit et j'en serais forcément ! Le titre sort fin du mois (21/09), je vous recommande vraiment de tenter l'aventure !

 

"Alderamin on the sky" Vol.6, de Taiki KAWAKAMI & Bokuto UNO, chez Ototo.

Je me demande si "Adleramin on the sky" n'est pas mon titre préféré chez l'éditeur. Plus les tomes s'enchainent, plus j'ai envie de connaitre la suite de ce manga qui est vraiment bien mené par la paire d'auteurs en charge. Ikta et ses amis doivent affronter le redoutable peuple de la montagne, sur un terrain qui leur est clairement défavorable. Bien évidemment comme toujours Ikta à plus d'un tour dans son sac et c'est avec sang-froid et malice qu'il parviendra à trouver un solution. Sixième volume déjà pour la série et pourtant j'ai l'impression que nous n'en sommes qu'aux balbutiements de cette épopée. Les possibilités sont grandes et je crois que les auteurs l'on bien compris et qu'ils n'auront pas de mal à développer la série à l'avenir. J'aime beaucoup le fait que les auteurs n'y vont pas comme des bourrins, offrant de bêtes affrontements entre deux camps qui se tapent sur la gueule jusqu'à ce qu'il y est un vainqueur. Le caractère d'Ikta est parfait justement dans le sens où il n'aime pas se battre et justement privilégiera la solution la plus pacifique, même si parfois cela n'est pas évident. C'est ce qui est démontré une fois de plus dans ce volume où Ikta fait plusieurs choix cruciaux qui l’emmène où il veut (ou presque) sans trop de dégâts. Cela étant, on nous rappel aussi régulièrement qu'il s'agit bien d'une guerre et que cela fait toujours des dégâts, même s'il s'agit de personnages secondaires ou de "figurant", on hésite pas à faire des morts et à le pointer du doigts pour en montrer l'importance et l'horreur. J'ai été un peu moins fan du lien qui unissait Ikta et la chef des montagnards, ça tombe un peu comme un cheveux sur la soupe et du coup je trouve que ça fait trop "arrangé" à mon gout dans un moment où le héros et ses amis étaient en grandes difficultés.

Toujours aussi efficace KAWAKAMI & UNO nous propose un sixième volume qui fait place à l'action, mais pas que. Au vu des évènements, les prochains tomes devraient être d'autant plus intéressants à lire, de grands changements devraient avoir lieu !

 

"King of Eden" Vol.4, de Takashi NAGASAKI & IGNITO, chez Ki-oon.

Déjà quatre volumes pour "King of Eden", le titre rondement mené jusqu'ici par NAGASAKI et IGNITO. Un titre dont la lecture devient plus plaisante au fil des volumes, l'intrigue ayant pris forme maintenant, on peut pleinement jouir des efforts que les auteurs ont produit auparavant et ça j'aime beaucoup. C'est très plaisant d'ailleurs de voyager un peu partout à travers le monde, le scénariste ayant été malin en découpant l'intrigue sur plusieurs groupes, plusieurs localisation. Le premier nous fait suivre Teze toujours dans sa lutte contre le mal, il pourra désormais compter sur de nouveaux alliés tout frais. De l'autre côté le Dr.Itsuki semble prendre de plus en plus la mesure de ce qui se trame et c'est depuis le Japon qu'elle tente donc de mettre fin à tout ce joyeux bordel. Alors, je sais bien que NAGASAKI n'est pas un débutant, cela n'empêche pas que je sois à chaque fois surpris de la qualité de sa narration où rien ne semble être laissé au hasard. C'est même très fort dès lors qu'il parvient à prendre le lecteur à contre pied et ça arrive plutôt souvent. Les enjeux semblent maintenant bien connues du lecteur (dans les grandes lignes) et c'est là aussi l'occasion de critiquer habillement la société actuelle en pointant du doigts certaines choses comme la stupide course à l'armement constante que l'on peut lointainement suivre. Tellement obnubilé par la soif de puissance, je suis sûr qu'en situation réelle on ne verrait même pas venir le truc. Alors pour ne pas être entièrement basé sur du blabla, plusieurs scènes d'actions sont dispatchées au fil des chapitres, offrants espaces de liberté à IGNITO qui fait vraiment du bon boulot graphiquement, je pense qu'il n'y a rien à redire là-dessus.

Le bébé à pris forme, désormais l'on savoure pleinement chaque nouvel opus de "King of Eden". Il n'y a qu'à se laisser porter par le scénario de NAGASAKI et se délecter des planches d'IGNITO.

 

"Le chant des souliers rouges" Vol.6 (FIN), de Mizu SAHARA, chez Kazé.

Mon amour pour la talentueuse Mizu SAHARA n'est plus à prouver, pourtant j'avoue que j'ai pêché les ami(e)s, oui, le dernier opus de sa série était un peu passé à la trappe dans ma pile de lecture (depuis juillet). Si ce n'est pas très grave (la série étant terminée), j'ai rapidement rattrapé mon erreur et j'ai désormais une vue d'ensemble sur ce titre tellement atypique, mais bourré de bienveillance et de douceur. Un titre sur le flamenco, il fallait oser, le pari est pourtant tellement réussi quand je regarde la série sur son ensemble, on a vraiment entre les mains un titre qui touche, qui marque et qui réussi à vous charmer tout en finesse. J'ai été agréablement surpris par cette conclusion d'ailleurs, qui en est une sans l'être finalement. C'est assez déroutant car si elle offre une finalité aux personnages principaux, la fin est ouverte sur un nouveau chapitre (de la vie) pour ces derniers. On ne sera pas à leurs côtés pour la suite, mais clairement les épreuves traversées durant ses six volumes, auront fait que tous auront évolués et sont désormais armés pour la suite. Ce qui est certain, c'est que l'autrice est clairement sur son terrain dès lors que l'on est sur de la tranche de vie, le talent de la mangaka pour mettre en lumière des personnages singuliers, mais tellement humains, tellement vrai, j'en reste toujours bluffé ! De plus l'écriture de ses histoires est aussi fine que l'est son coup de crayon, ampli de finesse, de douceur et on ressent vraiment une grande bienveillance transparaitre lors de la lecture. La palette de thématiques abordées aura été large une fois de plus, sans faire dans le pathos, SAHARA fait dans la justesse et permet au lecteur de vraiment s'imprégner au maximum de tout durant la lecture.

C'est une belle aventure qui prend fin, "Le chant des souliers rouges", un titre avec un sujet tellement atypique et qui pourtant parvient à captiver le lecteur. Mizu SAHARA est décidément une grande mangaka, justesse, finesse, douceur et bienveillance sont les maitres mots de cette série !

 

"La Courtisane d'Edo" Vol.2 & 3, de Kanoko SAKURAKOUJI, chez Pika.

J'avais un peu mis la série de côté par manque de temps, j'ai néanmoins pu enchainer deux tomes à la suite de la série de SAKURAKOUJI. Je ne sais pas si c'est moi, où si c'est un problème récurrent des shojo manga, mais j'ai l'impression que si beaucoup font preuves d'originalité sur le premier opus, thémes, personnages, angles de vue.... beaucoup ne parviennent pas à confirmer sur les tomes suivant et retombent bien (trop) souvent sur un schéma plus classique. Pour "La courtisane d'Edo", ce n'est pas totalement le cas, mais on sent tout de même que l'autrice est tout de même bien tenue à certaines obligations inhérente au genre. On reste toujours bien ancré sur cet univers à "l'ancienne", c'est toujours bien documenté et instructif par moment, en revanche les histoires d'amours mise en place sont ont ne peut plus classiques (hélas). C'était à prévoir, mais nous sommes rapidement sur un triangle amoureux (à croire que c'est la seule possibilité) et son traitement est somme toute assez basique. Alors, je sais, ce n'est pas évident de faire dans l'originalité, pourtant je pense qu'il y a tellement à offrir quand on a fait le choix de changer d'époque et de faire découvrir un univers improbable pour se faire dérouler un shojo manga. Je pense de plus que la mangaka est parti pour un périple conséquent en durée de vie, perso je pense que la série gagnerait justement à ne pas trop s'étaler et pourrait permettre à l'autrice de condenser ses idées plus efficacement...mais bon.

Je vais continuer à suivre la série de loin, car j'apprécie vraiment cet univers à part, peut-être que je vais les lire deux par deux. J'espère que SAKURAKOUJI saura sortir du cercle "classique" du genre et proposer un récit original à la mesure de son talent et des capacités que possède ce titre.

 

"Gift +-" Vol.8 & 9, de Yuka NAGATE, chez Komikku.

Un peu de mal à suivre ce qu'à fait l'éditeur sur ce coup-là, sortant les deux tomes coups sur coups (juillet/aout) alors que le dixième ne sera visiblement pas dispo avant novembre. Bon, cela dit, j'ai donc sagement attendu la parution du neuvième opus pour pouvoir me faire un doublé. L'histoire se décante pas mal d'ailleurs durant ses deux volumes, tout les personnages prennent conscience des difficultés à venir, mais aussi des enjeux globaux. Toujours coupé en quatre (le quatuor de tête), chacun avance dans sa quête, difficile d'en parler sans trop spoiler, c'est pourquoi je vais m'abstenir. Quoi qu'il en soit, tout colle jusqu'à présent, rien ne me fait tiquer quand on comportement des personnages, les réactions sont assez juste et l'on continue avec plaisir de se laisser entrainer sur cette histoire qui prend de plus en plus d'ampleur. On revient d'ailleurs un peu sur la recette des débuts, avec le sacrifice d'une baleine, sans pour autant faire un retour en arrière, on reste bien dans la continuité de ce que fait NAGATE depuis le départ. Plus je vois NAGATE évoluer, plus je trouve que c'est l'héritier de mangaka comme FUMIMURA (avec qui il a bossé sur "Silencer" chez Komikku), IKEGAMI, KOIKE, des auteurs comme on en fait pu trop dernièrement, qui n'hésitaient pas à aller dans la violence et le sexe quand c'était nécessaire et qui n'hésitaient pas à la montrer. Ça me fait d'autant plus apprécié la série car j'ai vraiment le sentiment de constater une évolution au fil des tomes.

Un titre que je prend toujours plaisir à suivre, l'intrigue ayant là aussi pris son envol et où le lecteur à désormais une vue d'ensemble plus que satisfaisante. "Gift +-" reste un titre à part, abordant quelques thémes sérieux, mais proposant à côté de ça une histoire intéressante et un destin duquel l'on compte bien suivre la progression avec attention.

 

"Retour aux sources" Vol.2 (FIN), de Hsuan ZUO, chez Kana.

On termine la semaine avec le deuxième et dernier opus du manhua "Retour aux sources" de la talentueuse ZUO. J'avais adoré la première partie de ce diptyque totalement dépaysant et je vais vous le dire cash, j'ai adoré sa conclusion. Chen et Hsia arrivent en fin de "documentaire", l'heure est donc venue de passer aux choses sérieuses et d'enfin découvrir cette grande parade tant attendue ! Honnêtement ce second opus est aussi réussi que le premier, peut-être même plus, puisque au-delà du folklore et de l'aspect découverte, l'autrice aura su mettre en place une intrigue secondaire efficace avec le côté histoire de famille d'Hsia. Un côté famille qui sera mis beaucoup plus en avant et avec tout autant de succès, car j'ai perso trouvé que c'était bien amené et surtout bien développé tout du long sans jamais tomber dans le pathos. Les retrouvailles entre le père et le fils se font naturellement, ce n'est pas évident, mais la mangaka tente de démontrer qu'au final les liens familiaux l'emporte sur le reste et c'est quelque part un beau message. Comme dit, on ne tombe pas dans le pathos, ça reste assez pudique dans le déroulement, les gestes et les images suffisant à tout démontrer, pas besoin d'user d'artifice pour cela. C'était peut-être la meilleure lecture estivales que j'ai eu, c'est typiquement le genre de lecture détente qui passe vraiment bien en été, sans prise de tête, une belle histoire, de beaux dessins, que demander de plus ?!

"Retour aux sources" un diptyque qui va vraiment vous faire voyager, un titre comme on en voit pas assez à mon gout. C'est authentique, folklorique, sans artifice, instructif, touchant et c'est en plus très beau, merci Mlle.ZUO !!

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Equipage en place depuis 2011  -  Hébergé par Overblog