Les lectures mangas de la semaine S08E14

On attaque ce mois d'avril les amis ? Sur le banc d'essai pas moins de quatre nouvelles séries, deux suites et une fin. Le détail juste dessous !

"Issak" Vol.1, de Shinji MAKARI & DOUBLE S, chez Ki-oon.

Filon qui semble inépuisable, le manga historique débarque une nouvelle fois aux éditions Ki-oon par le biais de "Issak". On découvre MAKARI au scénario, que l'on connait déjà pour "Yugo, le négociateur" (pour les connaisseurs), alors que du côté graphique c'est DOUBLE-S qui s'y colle, mangaka que l'on a déjà eu l'occasion de voir à l'oeuvre (chez Ki-oon d'ailleurs) avec "Jusqu'à ce que la mort nous sépare" (terminé il y a presque deux ans en France). Habitué du manga d'action, je me demandais justement comment allait s'en sortir le dessinateur dans un genre très différent, armes, vêtements, décors d'époques, j'étais vraiment très curieux. Il faut reconnaître après lecture qu'il s'en sort pas trop mal, on s'en qu'il tâtonne un peu dans ce nouvel univers, mais le rendu reste très convainquant. Une patte graphique que j'appréciais déjà, du coup je suis content de voir que l'auteur s'en sort sans trop d'encombre sur un style différent, ça reste fluide, détaillé et c'est même plutôt beau dans l'ensemble. Revenons maintenant sur l'histoire et son scénariste MAKARI qui l'on découvre en France pour la première fois puisque aucun de ses mangas n'a pour le moment été publié chez nous malgré la reconnaissance de certains. Pour lui aussi il s'agit de ses premiers pas dans le genre, nous proposant une histoire ressemblant au "Dernier Samurai", mais inversé, nous retrouvons donc un japonais débarqué en plein conflit sur les terres allemandes. Un pitch qui prend rapidement, avec des personnages intéressants, même si le fameux Issak monopolise clairement toute l'attention du lecteur. On découvre assez vite ses motivations (la recherche d'un homme en particulier), ainsi que ses talents pour "gérer les conflits". C'est tout aussi intéressant de suivre ses phases de guerre, les approches, les combats, les résolutions des conflits en question, le tout est traité de manière suffisamment réaliste pour donner le change. Je ne m'y connais pas assez pour pinailler sur le genre et vraiment savoir si la valeur historique est correcte, en tout cas j'étais convaincue. 

Le genre de série qui devrait facilement faire son trou, doté de bons graphismes, d'un scénario solide, d'un personnage charismatique et qui parvient à mêler habilement le côté historique et l'action en restant très fluide et agréable à lire. Je serais de la partie pour la suite !

"Artiste" Vol.1, de Taro SAMOYED, chez Glénat. 

Je l'avais dit sur les réseaux sociaux, mais j'étais aller un peu à reculons sur ce titre. Je dois dire que les titres culinaires que j'ai eu l'occasion de tester ne m'ont jamais réellement comblé. Non pas que la production soit mauvaise, mais il y a finalement toujours quelque chose qui ne va pas, c'est pourquoi j'étais un peu réticent à l'idée de me lancer sur "Artiste", d'autant plus que la série ne compte à l'heure actuelle que deux petits tomes et qu'on risque de devoir pas mal patienter. Cela dit, votre humble serviteur a tout de même pris le temps de découvrir ce premier volume de la série mené par SAMOYED dont c'est le premier essai. L'histoire nous fait suivre Gilbert, cuisinier relégué au rang de plongeur après un conflit avec son patron. Ne rechignant pas à la tâche, les fourneaux manquent tout de même à notre plongeur, jusqu'au jour où un nouvel employé bouleversera son quotidien. L'atout principale de la série réside pour moi clairement dans la vision qu'à l'auteur de la cuisine, nous évitant le récit traditionnel. Non, le mangaka nous propose ici un vrai récit de vie, suivant le parcours d'un cuistot certes hors du commun, mais qui reste tout de même très terre à terre. Le personnage de Gilbert est vraiment attachant de par sa simplicité, sa vision de la vie, mais aussi et surtout de la cuisine. Evidemment il croise la route de personnage divers et varié, avec chacun une vision bien précise de la vie et de la cuisine là encore. Le plus intéressant réside dans le fait de nous présenter la cuisine, comme un art à part entière au même titre que la musique, le sculpture, le dessin et j'en passe. Une approche différente et qui du coup apporte de la fraîcheur à mon gout et surtout surprenant pour le lecteur. De plus le titre est bourré d'humeur, mais aussi de réflexion, ce qui est évidemment très plaisant. Graphiquement, l'auteur fait un bon travail pour retranscrire l'ambiance à la "française", il y parvient plutôt bien, les décors, mais aussi les personnages et quand il s'agit de cuisine là encore il n'est pas maladroit.

Quelle agréable surprise que ce premier volume de "Artiste" !! Total contre pied dans le genre, proposant de voir la cuisine sous un angle bien différent en traitant cette discipline comme un art pour une fois. Du coup, la lecture est vraiment fraîche et surprenante, les perso sont attachants, l'ensemble proposant un récit tranche de vie très équilibré et qui s'avère finalement assez dépaysant (malgré le cadre) mettant en avant l'aspect artistique. Probablement l'un des titres les plus surprenant de 2018 à l'heure actuelle !

"Chronos Ruler" Vol.1 & 2, de Jea PON chez Kana.

Cette fois, ce sont les éditions Kana, qui nous propose un titre sortie de nul part (enfin pas totalement), un choix audacieux d'ailleurs puisqu'il s'agit d'un manhua et on sait tous que c'est pas forcément ce qui tente le lectorat français jusqu'ici (à tord pour moi). J'avoue n'avoir jamais trop ronchonné manhwa, manhua..pour moi à partir du moment où le titre est bon, je m'en balec' royalement (en gros tu t'en balec' mais en portant une couronne). "Chronos Ruler" débarque donc à priori par la petite porte, mais nous ne sommes jamais à l'abri d'une bonne surprise (surtout chez Kana) et j'étais donc curieux de voir ce que valait la série de l'ami Jea PON (...jeapon...japan...japon...OMG est-ce j'ai exprès ?!). La sortie simultanée des deux premiers volumes est vraiment un atout pour la série, car je dois avouer que le premier seul ne m'avait pas vraiment emballé, alors qu'avec le second j'étais déjà dans de meilleures dispositions. Il faut dire que le démarrage est assez brouillon, le lecteur est propulsé directement dans l'action et les clarifications sont faites assez tardivement à mon gout donnant une impression brouillonne à l'ensemble. Étrangement après la lecture du second opus, la tendance change, c'est plus fluide, moins brouillon, la ligne directrice semble être tracée, les personnages situés et surtout l'essentiel du fonctionnement de l'univers et de ses lois est expliqué. Je trouve même que le tandem de personnage est plutôt fort, un peu à la façon des frères Elric dans "Fullmetal Alchemist" (chez Kurokawa), les perso sont attachants, charismatique et assez drôle. L'histoire qui peinait à se mettre en place, prend plus de sens durant le second tome et je trouve d'ailleurs vraiment malin de mettre en place des pouvoirs jouant sur le temps. Même en dehors des habilités, la série prend comme thème le temps, ce qui est assez rare, surtout que c'est traité pour le moment de belle manière et sans incohérences flagrante. Visuellement, je suis sur que si on ne dit pas qu'il s'agit d'un manhua la majorité ne ferait pas attention. Le trait s'approche assez de ce qu'on peut voir sur la production manga, le chara design est agréable à l’œil, les phases d'action bien maîtrisées, de même que les décors sont bien fournis et détaillés. 

Ne vous fiez pas au seul premier volume, il faut parfois être patient et "Chronos Ruler" le démontre. Après un premier opus brouillon, le second rectifie le tir et permet d'entamer une course contre le temps que je pense suivre d'assez près ! Les éditions Kana tentent une fois de plus un coup et c'est pas trop mal vu il faut bien l'avouer.

"Re/Member" Vol.11, de WELZARD & Katsutoshi MURASE, chez Ki-oon.

Snif, snif...le retard est rattrapé, j'attends désormais chaque nouveau tome comme tout le monde. Fini de lire deux, trois tomes à la suite... l'heure est venue par ailleurs de sonner la fin de cette seconde partie..ou presque, il y en aura finalement bien une troisième au vue de la tournure des événements dans ce tome. Comme souvent sur la série, je vais essayer de ne pas spoiler et donc, d'être plutôt court, l'intrigue avance à grand pas et figurez-vous qu'on aura bien une troisième partie qui devrait donc conclure la série. Ce onzième volume est assez efficace d'ailleurs, très axé sur le fait de trouver une solution pour en finir définitivement avec la malédiction, évidemment, ce n'est pas si facile à mettre en pratique et cela malgré les efforts communs des personnages. Je suis d'ailleurs agréablement surpris de la durée de vie de la série, habituellement les survival tournent rapidement en rond, ici, malgré le caractère redondant du scénario, les auteurs imprègnent suffisamment de variation pour toujours garder le lecteur en haleine et avoir un rythme soutenue durant toute la lecture. 

Dire que la première fois j'avais trouvé "Re/Member" plutôt moyen, peut-être était-ce sous l'effet de l'overdose de "survival" que connaissait le marché français. Quoi qu'il en soit, maintenant que c'est plus calme, je suis forcé de reconnaître l'efficacité du titre, qui surtout ne s’essouffle pas malgré le caractère répétitif que pourrait avoir l'histoire. Il reste encore quelques tomes, je pense qu'on devrait passer encore quelques bons moments à frisonner !

"Last Hero Inuyashiki" Vol.10 (FIN), de Hiroya OKU, chez Ki-oon.

Plusieurs grosses séries tireront leurs révérences en 2018, "Last Hero Inuyashiki" fait partie du lot. Un chiffre rond pour clore la série et quel final les amis !! Il faut dire que la série est au top depuis le départ, malgré quelques petites baisses de régime, dans l'ensemble la série à toujours été dans le bon, voir très bon. Moi qui est toujours tendance à ronchonner contre OKU, notamment par son abus de fan-service et ses planches que je trouve toujours froides, il aura su parvenir à me faire changer d'avis positivement. Car, si on retrouve durant la lecture ses fameuses planches informatisées, j'ai l'impression qu'il parvient enfin à en faire ressortir des émotions (ce qui n'était pas le cas sur "Gantz" je trouve). Où alors peut-être est-ce simplement son histoire qui m'a plus parlé et que j'ai trouvé plus riche en émotion ?! Va savoir. Quoi qu'il en soit, la boucle est bouclée, on découvre un final vraiment grandiose, digne des plus grands blockbuster américain, même si ça reste un peu prévisible, c'est du lourd. Chacun lira la série avec le recul qu'il jugera, plusieurs niveaux de lecture son présent, la notion de justice, la définition même d'un héros est remise en question, non vraiment, le titre est rondement mené du début à la fin. L'éditeur met de plus les petits plats dans les grands, puisqu'ils proposent aux lecteurs une version collector agrémenté de trois cartes postales holographiques, ainsi que d'un livret bonus, refermant un chapitres bonus, ainsi qu'une bonne plâtrée d'illustrations le tout en couleurs !

Ce dixième opus vient conclure à merveille un récit de super-heros admirablement tenue par OKU qui remonte dans mon estime. Il prouve ici que malgré ses traits froids il est capable de véhiculer des émotions et de toucher le lecteur. Clairement un récit avec de grands héros, des héros différents, apportant divers sujets de réflexion et surtout avec un final explosif ! 

"Wonderland" Vol.2, de Yugo ISHIKAWA, chez Panini.

Déjà le deuxième opus sur six pour "Wonderland" qui est donc de retour dans nos librairies, après un premier tome qui avait fait le job. Le seul défaut à mon sens, c'était le manque d'informations sur certain point, et vous savez quoi ?! Eh bien, ce nouveau volume vient grandement éclairer nos lanternes ! L'histoire prend une toute autre dimension, notamment par le biais d'Alice, sur qui nous en apprenons enfin plus et d'un coup beaucoup, beaucoup de choses semblent prendre un sens. Cela étant rassurez-vous tout n'est pas divulgué, notre plaisir sera maintenant encore quelques temps je pense. A titre perso, je fais partie du groupe de lecteur qui était emballé lors de la sortie de "Sprite" (chez Kazé), mais qui avait un peu déchanté au fil des volumes, quand l'auteur c'était un peu embourbé dans son récit (comme beaucoup quand on s'amuse avec une timeline). Peut-être que c'était aussi son ressenti, le fait est que pour le moment si l'histoire semble tout aussi ambitieuse, il donne l'impression de bien mieux la maîtriser. Je laisse tout de même un réserve, car on ne peut jamais jurer de rien, mais ça me semble tout de même concocté de façon plus solide et surtout sur un nombre de volume plus réduit et je pense plus adapté à ce genre d'intrigue. Le rythme lui-même est bonifié, on est quand même sur un récit assez fluide, un rythme très soutenue qui ne laisse que peu voir pas de temps mort et ça j'aime beaucoup. Le coup de l’épidémie est bien vu, mais quand on ce qui se passe en coulisse, c'est encore plus palpitant, la série opère vraiment un très bon démarrage et la suite s'annonce tout aussi intéressante à suivre. Visuellement, je trouve le travail d'ISHIKAWA vraiment bon, il s'en sort à merveille avec les différentes perspectives et j'avais un peu peur d'ailleurs à ce niveau-là. Pis, je suis totalement fan des couvertures que je trouve sublissime !!

Un second opus qui dessine solidement les contours de l'intrigue, "Wonderland" semble partie pour nous entraîner loin...et semble-t-il de façon plus encadré que sur la précédente série de l'auteur. Apportant beaucoup d'indices, les prochains tomes seront assez palpitant je pense et j'ai de grands espoirs concernant la conclusion de cette série qui pourrait être l'une des bonnes surprises de 2018 !

"Hikari-Man" Vol.1, de Hideo YAMAMOTO, chez Delcourt/Tonkam.

Devinez qui nous revient avec une nouvelle série ?! Il s'agit bien d'Hideo YAMAMOTO déjà à l'origine des classiques "Ichi the killer", "Homunculus" déjà chez Delcourt/Tonkam. Il avait passé aussi une petite tête l'année dernière sur la duologie "Adam & Eve" (chez Kazé) en binôme avec IKEGAMI qui s'occupait des graphismes. Si YAMAMOTO n'est pas dans mes mangakas fétiches, il n'en reste pas moins un grand nom du genre et c'est forcément avec grand plaisir que je me suis penché sur "Hikari-Man". Alors, si ça reste cohérent rapport au catalogue de l'éditeur, j'étais en revanche assez sceptique sur le fait de voir débouler la série qui est en hiatus (2 tomes) depuis un bon moment et qu'il ne semble pas pressé de reprendre (#PaieTonRythmeDeParution). Ce premier volume de la série est consommé assez rapidement, si certaines phases sont plutôt bavardes, une grande partie ne l'est pas et s'attarde plutôt sur le travail graphique de l'auteur qui parle de lui-même. La série nous propose de découvrir la nouvelle vie qui s'offre à Hikari, un lycéen nerd des plus banales, mais dont l'hypersensibilité électrique va lui permettre de pouvoir voyager dans le réseaux électrique. Introverti, timide et limite souffre douleur de la classe, ce dernier va appréhender lentement ses nouveaux "pouvoirs" qu'il utilisera a des fins très personnelles. Mon problème majeur, c'est que jusqu'ici l'auteur a toujours accordé beaucoup d'importance à la psychologie de ses personnages, proposant toujours un travail de réflexion sur chacun, chose que je n'ai pas retrouver pour le moment durant la lecture. Le personnage d'Hikari est un énième cliché ambulant, le pauvre étudiant victimisé une fois de plus, qui a du mal avec les filles etc etc... j'ai été vraiment surpris par la simplicité du scénario, YAMAMOTO nous ayant habitué à mieux. Il y a des bonnes idées, mais peut-être pas traité de façon assez adulte à mon goût. Visuellement aussi, j'ai pris un bon coup dans la tronche puisque l'auteur semble avoir fait le choix de bosser par ordinateur et son trait est du coup grandement handicapé notamment sur le travail des émotions et sur la gestuelle de ses personnages qui semblent assez peu naturels. 

Dépaysement total avec cette nouvelle série d'Hideo YAMAMOTO, malheureusement pas forcément dans le bon sens du terme. On trouve une histoire avec un fort potentiel, mais curieusement le mangaka n'en profite pas et nous propose un récit avec assez peu de saveur comparé à ce qu'il nous sert habituellement. Petite déception, je jetterais cependant un coup d’œil au prochain volume, pour être vraiment fixé.