Inside Furuya (2/3) !

On continue sur cette série spéciale Usamaru Furuya avec peut-être son oeuvre la plus populaire "Litchi Hikari Club", ou "comment adapter une pièce de théâtre en manga".

 

 

Le récit commence sur une scène d'arrestation rappelant pas mal l'Allemagne du début des années 1940 à base d'invectives lancées en allemand par des jeunes hommes en uniforme. Le lecteur est un peu perdu au milieu de toutes ces phrases non-traduites et de cette ambiance pesante qui s'installe déjà. Finalement, le ton est assez vite donné avec déjà deux scènes d'exécution en à peine un dizaine de pages sans pour autant éclairer le lecteur sur le lieu dans lequel il se trouve. L'histoire mettra finalement pas mal de temps à démarrer et il nous faudra environ deux chapitres pour enfin comprendre dans quoi nous nous sommes embarqués. Un micro-système totalitaire se dévoile, ou bien une secte, appelez ça comme vous le voudrez, basée autour d'un grand leader charismatique, le chef du Hikari Club : Zéra. Ce dernier entrainera son groupe de jeunes amis dans la quête de l'esthétique parfaite mais surtout à la recherche d'une jolie fille à lui rapporter. L'accomplissement de cette quête passera par la création d'un robot et toutes les problématique existentielles qui vont avec...

 

Pour la petite anecdote, et l'auteur l'explique lui-même dans l'interview de fin de volume, l'existence de ce manga est fruit d'une longue histoire. Encore au lycée, Usamaru Furuya se retrouva ébahi devant la performance de la troupe Tokyo Grand Guignol à laquelle un ami l'avait emmener assister, depuis il ne loupa aucune de leurs 4 pièces et fut marqué à un tel point par celle nommée Litchi Hikari Club qu'il sentit le besoin de la retranscrire à sa façon, de mettre sur papier les émotions qu'il avait ressenti dans une adaptation qu'il affirme très libre.

 

 

Subtile mélange d'érotisme et de gore.... "ero-guro" me diront les plus avisé mais pas vraiment, Furuya dessine un univers volontairement très sombre dans la liberté d'expression la plus totale quitte à dériver par moment sur des scènes assez trash; il vaudra donc mieux éviter de laisser trainer ce manga quand votre petit frère traine dans les parages. L'unité de lieu et le symbolisme qui l'imprègnent donnent une aura toute particulière à cette oeuvre hybride entre la pièce de théâtre et le manga dont se dégage une poésie morbide plutôt agréable. L'histoire se déroule alors d'une traite dans une montée en intensité remarquable pour en finir sur un final explosif.

 

On va pas se le cacher, vous l'avez peut-être aussi pensé en la voyant, la couverture est vraiment dégueue. Certes, nous pouvons lui réserver le mérite de nous faire un bon récap des persos qui nous sera probablement utile pendant la lecture faute de pouvoir différencier les personnages par leurs habits... Néanmoins on aurait préféré voir cette présentation à l'intérieure et non pas affichée en couverture en guise de première approche, parce qu'il faut se le dire c'est tout de même assez peu aguicheur. A vrai dire je ne sais pas du tout quel est le sens d'un tel choix, peut-être est-ce pour donner un aspect affiche de théâtre... j'en sais trop rien mais personnellement je n'aime pas du tout. L'édition est globalement très simpliste, on est sur du moyen format, couverture cartonnée sans rabat et papier de qualité assez moyenne; seule la longueur de plus de 300 pages justifie tout de même un prix de 18€ de la part des éditions Ihmo.

 

C'est réellement plaisant de voir des oeuvre innovantes comme celle-ci et malgré une couverture peu aguicheuse voire carrément dégueue et un début un peu lent, il serait dommage de se priver du plaisir de cette lecture enrichissante. Avec cette oeuvre Usamaru Furuya se confirme comme un auteur indépendant, hors des carcans et à l'esprit créatif intarissable.

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