Fulguro-poing dans ta gueule !
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Vous connaissez bien sûr tous UFO Robot Grendizer! Comment ça "non"?! Et si je vous dit "Goldorak" ça va mieux? Oui voilà, la série pionnière de l'animation japonaise en France qui a ouvert la voie au Club Dorothé. Mais saviez-vous qu'à l'origine de ses soixante-quatorze épisodes il y a un seul one-shot de 300 pages? Si si je vous promets, et même que vous pouvez le retrouver en France chez Black Box depuis 2015. Voyons voir ce que ça vaut!
L'histoire est simple. Obligé de fuir sa planète d’origine détruite par les forces maléfiques de Véga, le prince d’Euphor arrive sur la planète terre à bord de Goldorak, un des plus puissants robots de l’univers. Il est recueilli par le professeur Procyon qui en fait son fils adoptif et le renomme Actarus. Malheureusement, les forces de Véga arrivent elles aussi sur terre et Actarus n’a donc d’autre choix que de les combattre avec l’aide d’Alcor, le mythique pilote de Mazinger z ! Vous sentez l'odeur de castagne qui embaume ce pitch? C'est normal, Goldorak est là et il ne va pas faire dans la dentelle!
L'oeuvre de Go Nagai porte en elle cette identité du manga des années 1960/70. Avec sa narration très rapide voire même expéditive on ne prend que très peu de temps pour développer l'intrigue et avançons sans perdre de temps pour la palabre avec différents combats titanesques chacuns très rapidement introduits. L'action (entendez "la baston"), point central de l'oeuvre, est parfaitement intégrée au récit. A vrai dire je dirais même que c'est le récit qui est intégré à l'action, elle même sublimée par la narration dynamique caractéristique de l'époque. Le mangaka gère extrêmement bien le mouvement et use d'angles soignés pour arriver à insufler à son oeuvre une dynamique très agréable à lire. Mais au milieu du rythme effreiné de l'oeuvre, nous nous retrouvons avec une sorte de condensé d'action assez amusant à découvrir pour des habitués du manga moderne plutôt que de longues scènes bourrées de retournements comme le font Oda ou Kishimoto aujourd'hui (TG Kishimito est toujours en activité dans mon coeur). Accompagnés de petits textes de narration à la troisième personne nous pouvons entendre à nouveau dans nos têtes cette voix aigue et grésillante sortant du poste de télévision cathodique pour nous expliquer que le héros est en mauvaise posture.
*t'entends un peu ce mec dans ta tête*
Goldorak c'est avant tout une oeuvre à découvrir par curiosité, l'envie de savoir comment c'était le manga hier et comment a évolué cet art pour donner ce que l'on connait aujourd'hui. Nul doute qu'un lecteur non-habitué lira l'oeuvre avec beaucoup de condescendance face à cette histoire si manichéenne et brute. Car ce manga est un divertissement plus qu'autre chose, vous ne trouverez que peu de réflexion profonde et encore moins de morale autre que "tuer c'est mal / sauver des gens c'est bien" (j'exagère mais il n'y a certainement pas autant de fond que dans d'autres oeuvres de l'auteur). Pourtant, mis dans le contexte de la reconstruction du japon et du boom économique Goldorak prend surement tout son sens de témoin d'une époque. Malheureusement, et c'est bien ce que je reproche à Black Box sur ce coup, nous n'avons pas droit à une préface, postface ou même biographiqe de l'auteur nous permettant de prendre du recul sur cette oeuvre. Néanmoins la lecture reste très agréable avec ce petit sentiment de nostalgie du début d'une époque. Nous lisons cette oeuvre avec le souvenir de l'âge d'or du manga en France, celui qui a vu des milliers de jeunes grandir au rythme du club Dorothée, mais aussi celui que la nouvelle génération (dont je fait partie) voit d'un oeil émerveillé.
Dans un deuxième niveau de lecture, on appréciera Goldorak (et l'OEuvre de Go Nagai en général) pour ce qu'il a apporté au manga. On pourra apprécier la mise en place de tous ces codes du shônen et même du nekketsu avec une représentation encore très manichéenne de la vie et un mélange de bons sentiments exacerbés. Ce one-shot a le goût agréable d'une autre époque, celui de l'authenticité à l'ancienne. Go Nagai nous offre une bon manga au scénario très simple mais vivant que Black Box nous fait le plaisir d'importer en France dans un bouquin au design soigné. On regrettera tout de même une édition assez simpliste sans rabat ni jacquette et à laquelle un dossier explicatif fait défaut, le prix assez élevé de 11€ n'étant finalement justifié que par la grande taille de l'ouvrage.
Ce petit one-short Goldorak est un bon divertissement, relique d'une autre époque et grand-père de nos mangas actuels. En plus de nous faire découvrir à quoi ressemblait un manga dans les années 1970, l'oeuvre nous offre une bonne dose d'action et kiff avec un arrière goût de nostalgie très agréable. De plus, la brièveté de la série (qui n'est d'ailleurs pas une série puisqu'elle ne compte qu'un volume) nous permet de nous cultiver tout en kiffant pour pas cher. J'ai envie de dire what else?!