Classique à lui seul !

Il y a quelques semaines est sorti l'artbook Tribute to Otomo chez Glénat. Ni une ni deux, on a donc sauté sur l'occasion pour faire nous aussi notre hommage à ce grand homme. Aujourd'hui on s'attaque donc à un monument du manga, de la bande-dessinée et même de la science-fiction en général, l'oeuvre qui a ouvert la voie au manga en France, je veux bien sûr parler de Akira! Vous êtes prêts? C'est parti!

 

 

2030. Néo-Tokyo est devenue une gigantesque poubelle hi-tech. Tetsuo, Kanéda et leur bande de potes du centre d'insertion et d'apprentissage professionnel foncent dans la nuit sur des motos volées, sans autre but que de repousser toujours plus loin les limites de la vitesse. Quand Testuo se ramasse en manquant de renverser un drôle de petit garçon au visage de vieillard, le premier réflexe des ses amis est de l'agresser mais cette créature perdue possède un étrange moyen de défense... Alors que Tetsuo est transporté à l'hôpital le groupe d'amis vient de faire connaissance avec le n°26 et de franchir, sans s'en rendre compte, la première étape d'un processus irréversible : le réveil d'Akira... Ouai ouai j'ai osé te mettre un pitch, il y a un problème?

 

"Akira c'est trop bien", "Akira c'est culte", patati patata... C'est le genre de chose que tu entendras facilement au cours d'une discussion sur cette oeuvre majeure du manga. Mais pourquoi donc tant d'amour? C'est simple, ouvre un volume à n'importe quelle page et tu comprendras! S'il y a bien une chose dans laquelle Katsuhiro Otomo excelle c'est dans sa manière de retranscrire l'action. Dans Akira la narration est fluide et dynamique, les angles de vue sont soignés et le rythme juste parfait. Le mangaka nous offre du grand spectacle sans pour autant faire dans la brutalité décérébrée. En effet, l'action n'est pas là uniquement pour nourrir nos papilles mais s'inscrit dans une situation complexe impliquant plusieurs acteurs aux intérêts divergents. Kanéda se retrouve alors embrigadé malgré lui au milieu de ce conflit mêlant d'un côté l'armée et de l'autre un groupe rebelles aux liens étroits avec une secte mystérieuse. Le jeune Yankee qui ne voulait à la base rien d'autre que retrouver son pote se voit projeté malgré lui dans une quête initiatique forte en émotions et enseignements.

 

 

Derrière un scénario d'apparence simple, ce manga nous offre une profondeur inattendue qui se dévoile au fil des volumes pour nous exploser à la gueule lors d'une scène finale aux frontières du psychédélique. Les tomes s'enchaînent et se ressemblent (ce qui n'est pas négatif pour autant) tandis que peu à peu s'installe le sentiment qu'on ne lis pas une simple histoire de guerre brutale. Le développement des personnages et l'importance qui est accordée à leurs évolutions nous prouve que s'il y a un point essentiel dans cette oeuvre c'est bien les relations humaines. Akira c'est une histoire d'amitié abordée sur les thèmes de la solitude et de l'orgueil. Pour raconter cela Katsuhiro Otomo ne lésine pas sur l'expression imagée. Chez Testsuo, personnage complexe rongé par une jalousie trop longtemps refoulée, les émotions prennent une forme physique lorsqu'elles remontent à la surface. A côté de cela un questionnement philosophique occupe les fondations de l'oeuvre : la question de l'indépendance. De là découle une autre question centrale, celle de la distanciation de l'homme face à la nature. Voilà ce que l'on peut voir dans Akira, du moins en partie puisque bien d'autres problématiques pourraient se soulever tant l'oeuvre révèle une complexité morale. L'aspect "plongée dans les coulisses d'un système totalitaire" par exemple en fait une référence du genre... bref Akira convie de multiples niveaux d'analyse et c'est ce qui fait son charme.

 

 

S'il y a bien une chose pour laquelle Katsuhiro Otomo est reconnu, c'est bien sa patte graphique! Le mangaka au trait affirmé est reconnaissable par un style graphique développé autour d'un point fort, celui de l'excellence dans l'impression de gigantisme. Alors quand il se lâche ça donne des paysages démesurés fourmillants de détails, des armes énormes produisant des explosions immenses et des monstres gigantesques qui dévastent des billes. MHD peut aller se rhabiller, Katsuhiro Otomo n'a aucune limite quand il s'agit de la puissance! Ainsi, il développe dans Akira un univers néo-punk de haut niveau à base d'engins futuristes et de décadence sans abuser dans le spectaculaire. Résultat : 30 ans après, l'oeuvre n'a pas pris une ride et promet de résister encore longtemps à l'épreuve du temps.

 

Si Akira est devenue une oeuvre culte ce n'est pas par simple hasard. L'oeuvre à apparence spectaculaire, en plus d'avoir marqué son époque et inspiré une génération d'auteurs, nous convie de multiples niveaux d'analyses. Soutenue pas une galerie de personnages intriguants, le manga nous offre un plaisir tant sensitif qu'intellectuel. Une réussite à tous les niveaux dont il ne faut rater la réédition sous aucun prétexte.

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