#Cocorico (again) !
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Après Radiant et Booksterz on reste dans la veine du manga français et on va se pencher sur une oeuvre plus récente qui divise pas mal. Vous le savez déjà si vous êtes là, je parle bien sûr de Outlaw Players, le nouveau shônen de chez Ki-oon, mais aussi le premier manga français de l'écurie (si je me trompe pas).
Outlaw Players est un manga de Shonen (non je radote pas, c'est aussi le nom du mangaka), comptant à ce jour deux volumes et qui devrait à priori se terminer avec le suivant. L'auteur est déjà bien connu puisqu'il est à l'origine de la série Omega Complex (pas lu) et de Lords of Chaos, dont le troisième tome ne semble pas prêt de sortir.. Shonen n'en est donc pas à son coup d'essai mais c'est par contre la première fois qu'il se lance en solo dans un projet, puisqu'il était auparavant accompagné de son accolyte Izu au scénario, ce dernier qui travaille d'ailleurs en ce moment sur Ayakashi aux éditions Glénat. Bref, c'est donc la première fois que nous retrouvons Shonen tout seul à la fois au dessin et au scénario d'une oeuvre, c'est donc le moment pour lui de faire ses preuves.
Au niveau de l'histoire en gros c'est du "Sword Art Online". Le héros est coincé dans un univers virtuel, il ne sait pas réellement comment il en est arrivé là ni comment s'en aller mais devra survivre en attendant d'en connaître plus sur son état. Il fera alors des rencontres, patati patata... enfin t'as compris quoi.
Le fait que Shonen soit dessinateur avant d'être auteur saute finalement pas mal aux yeux durant la lecture du premier volume (oui j'en ai lu qu'un pour le moment). Rien qu'en ouvrant les premières pages, nous restons abasourdis par le niveau de détail et de précision du trait de Shonen. Avec énormément d'encrage et des jeux sur les ombres très appuyés, nous sommes impressionnés au premier coup d'oeil par ce style très fantaisiste et dont l'inspiration de l'univers du jeu vidéo transpire bien au-délà de son scénario. Le chara-design à son tour n'est pas sans nous rappeler la saga Final Fantasy, dont l'auteur avoue d'ailleurs s'inspirer à travers la bouche de son personnage principal. Graphiquement, Outlaw Players c'est donc un réel délice pour nos mirettes! Un avantage malheureusement contrebalancé par beaucoup de défauts.
Comme je le disais, Shonen est dessinateur avant d'être auteur, et ça se ressent énormément dans le découpage de son histoire. Ce premier volume nous offre des beaux plans à la pelle, avec des décors aussi soignées que les personnages, mais cela sans rien autour pour créer une dynamique entrainante. Au niveau de la baston par exemple, primordiale dans ce genre d'oeuvres, beaucoup trop de scènes se basent sur une grande image traduisant les mouvements successifs du personnages, plutôt que de nous offrir un découpage plus dynamique en différentes cases comme on le retrouve plus souvent dans ce genre d'oeuvres. Ce caractère pesant subsiste par ailleurs dans la gestion des dialogues, comptant parmis les plus gros points négatifs de l'oeuvre. L'auteur nous fait découvrir les règles régissant son univers d'une manière parfois très indigeste en nous collant des tirades de deux kilomètres de long, que l'on finit la plupart du temps par sauter, pris d'un ennui insoutenable.
Et ce sentiment d'immobilité et de lourdeur est bien dommage parce que nous avons affaire à une oeuvre qui promettait. Au niveau du scénario c'est clairement fait et refait, mais en revanche le principe du monde virtuel a l'avantage de laisser carte blanche à l'auteur pour créer son univers, et comme nous l'avons vu plus haut, Shonen dispose d'un réel talent graphique pour nous immerger dans son monde. De plus, il faut avouer qu'en l'occurence, l'univers de Outlaw Players est franchement complet, ce qu'essaie maladroitement de nous montrer Shonen dans ses explications. C'est clairement la manière de nous y introduire qui pèche ici. Ces dialogues indigestes, parfois simplement inutiles, servent à d'autres moments à faire ressurgir à la surface un travail de fond qui aurait du le rester pour laisser place à l'histoire qui devrait reposer dessus.
Ce premier volume d'Outlaw Players reste néanmoins agréable à lire. Entre un dessin réellement soigné, un univers ambitieux et une intrigue qui s'annonce efficace, il est difficile de ne pas prendre un minimum de plaisir. Malheureusement, c'est un sentiment de frustration que l'on retient à la fermeture du volume, celle d'être passé à côté d'un oeuvre potentiellement géniale.
Un deuxième avis c'est bien aussi ! (B.Allen)
Je vais faire court, car je rejoins mon collègues dans les grandes lignes. "Outlaw Players" est graphiquement au top, le chara-design, les décors, c'est à la limite du bluffant. Malheureusement, Shonen n'exploite pas au maximum sont talent et peine à sortir d'une mise en page "classique" et de ses belles, mais maladroites, doubles-pages. C'est assez statique et lors de la lecture on a vraiment l'impression de lire un manga certes magnifique, mais extrémement "scolaire" sur la mise en page. De plus, là ou je rejoins encore Po Pah, c'est que Shonen est certes un dessinateur hors normes, mais il péche énormément quand il s'agti du contenu et du scénario. Par moment c'est excessivement lourd à lire tant il y a des explications. Je comprend qu'un grand univers apporte beaucoup d'eclaircissement, mais ya des limites.
Toute proporiton gardé Tite KUBO à la même genre de probléme sur "Bleach", graphiquement c'est un monstre (qui lui en revanche cartonne les scènes d'actions et les mises en pages), mais dès qu'on parle scénario...on entend les mouches voler.
"Outlaw Players" n'est a mon sens pas mauvais, mais clairement il manque des élèments pour faire basculer l'oeuvre de Shonen dans la catégorie indispensable.
* Moi quand je lis un manga avec des graphismes de ouf, mais où le scénario ne suis pas *