Le crush de la semaine : Barakamon

Comme vous avez pu aisément le découvrir à la lecture de l'intitulé, le crush de cette semaine portera sur Barakamon, une série que j'affectionne tout particulièrement depuis sa première parution en France.

Barakamon est un shônen du genre « tranche de vie » crée par Satsuki Yoshino, un mangaka japonais né un 25 Mai à Gotô, dans la préfecture de Nagasaki. Après avoir participé à plusieurs recueils de nouvelles et sorti sa première série en 2007, Barakamon fera sa première apparition dans le magazine Gangan Online de l'éditeur Square Enix, puis sera ensuite publiée en 2009. La série est actuellement en cours de publication au Japon et atteindra son onzième tome dès le 12 Mai prochain. En France, cette série est éditée par les éditions Ki-oon depuis Octobre 2012 et verra la parution de son dixième tome le 25 Juin prochain.

 

La première fois que je suis tombée sur cette série, je dois vous avouer que c'était un peu par hasard. Ce jour-là, je flânais tranquillement dans la librairie en face de mon université quand une couverture attira particulièrement mon attention. Certes, la couverture en elle-même était assez simple et épurée mais, malgré tout, elle a su attiser ma curiosité. D'ailleurs, peut-être était-ce cette simplicité même qui a attiré mon regard, qui sait ? Cependant, malgré cela, il me fallut pas moins de trois passages dans cette même librairie pour que je craque enfin, lol. Et je peux vous dire que je n'ai pas regretté un seul instant ce nouvel achat. Ce manga différait vraiment de ce que je pouvais lire jusqu'à présent. Moi qui avait pour habitude de ne lire principalement que du shônen ou du shôjo... On peut dire que l’œuvre de Satsuki Yoshino fut un véritable coup de cœur, un coup de cœur qui perdure encore aujourd'hui. Depuis la parution du premier tome en 2012, autant vous dire que je ne rate pas une seule sortie. Barakamon est vraiment addictif et les personnages qui nous y sont présentés sont tellement attachants que j'ai toujours un peu de mal à les quitter à chaque fin de tome. Comme vous l'aurez compris, je suis – comme qui dirait – une véritable fan de la série. Afin de vous faire partager mes sentiments vis-à-vis de cette œuvre, j'ai donc décidé de vous en parler au travers de ce crush en espérant vous donner envie de vous lancer dans sa lecture si, d'aventures, vous n'en avez pas encore eu l'occasion.

 

De quoi ça parle ?

 

Seishû Handa est un jeune calligraphe prometteur de 23 ans assez arrogant et imbu de lui-même (du moins au début) qui ne cesse de collectionner les prix d'excellences pour son travail. Un jour, alors qu'il participait au gala organisé pour les lauréats du prix d'excellence (dont il faisait bien entendu partie), celui-ci est appelé par le directeur de l'exposition afin de parler plus en détail de son travail. Cependant, malgré ses attentes, celui-ci ne semble pas du tout séduit par ses calligraphies qui, selon lui, sont particulièrement fades et sans saveur. Pris d'un coup de sang, le jeune homme se jette sur le vieillard et lui assène un violent coup de poing, lui faisant perdre l'équilibre. Cet acte, Seishû va très vite le regretter. En effet, suite à cet incident, celui-ci est contraint de quitter la capitale pendant une durée indéterminée afin de s'installer sur une petite île située au fin fond de la campagne japonaise en guise de punition.

 

Malgré ce changement soudain d'environnement, le jeune calligraphe compte bien poursuivre son travail. Après tout, le calme de l'île lui permettra sûrement de travailler tranquillement sur ses calligraphies. Cependant, tout ne se déroulera pas comme prévu. En effet, à peine est-il arrivé à destination qu'il doit déjà faire face à la jeune Naru, une enfant du village particulièrement envahissante qui a établi sa base secrète au nouveau domicile de Seishû et qui ne semble nullement prête à quitter l'endroit malgré les nombreuses tentatives de ce dernier. Mais elle n'est pas la seule à importuner le jeune homme. En effet, pas un jour ne passe sans que celui-ci ne soit dérangé par les gamins du village ou leurs parents. Dans ces conditions, impossible de travailler en paix. Cependant, petit à petit, le jeune maître va se laisser prendre au jeu et apprendra à connaître les habitants de l'île ainsi que leurs nombreuses coutumes. Seishû nous apparaîtra alors comme un personnage assez puéril, peureux, colérique mais également très maladroit et attachant. Contrairement à ce qu'il aurait pu penser au préalable, la vie sur la petite île et la présence de ses habitants haut en couleur lui fournissent chaque jour inspiration et création. Ainsi, va-t-il commencer à se remettre en question et à apprendre de ses erreurs passées afin de créer son propre style, un style qui lui ressemblera et qui marquera sa maturité.

 

Bienvenue dans le milieu de la calligraphie !

 

Barakamon est une véritable initiation à la calligraphie japonaise, un art qui requiert de longues années d'expériences et de connaissances. Contrairement à la calligraphie occidentale, la calligraphie japonaise se présente comme une véritable discipline d'accomplissement. Pour atteindre la perfection, le calligraphe devra ainsi maîtriser la technique, mais également le souffle et la concentration, sans oublier la fusion avec la nature. Dès le premier tome, nous serons ainsi immédiatement plongé dans cet univers inconnu, un univers bien plus difficile que l'on aurait pu le croire initialement. La calligraphie jouera le rôle de fil conducteur tout au long de la série et nous permettra de mieux nous familiariser avec elle. Cependant, celle-ci se retrouvera souvent éclipsée par le village en lui-même.

 

Des personnages attachants

 

L'une des forces de ce manga est probablement ses personnages. Ceux-ci sont très différents les uns des autres et apportent un véritable plus au récit. Pour que vous puissiez mieux discerner le caractère de chacun, voici un bref descriptif des personnages principaux et récurant de la série. Ayant déjà évoqué le personnage de Seishû Handa un peu plus haut, et pour éviter les redondances, je vous propose de débuter avec le personnage suivant :

 

Kotoishi Naru (琴石・なる) : Probablement l'un de mes personnages préférés avec Seishû Handa et Hiroshi Kido. Naru est une jeune fille de six ans qui vit avec son grand-père dans le village de Nanatsuke. Adorée de tous, elle se présente comme une enfant très énergique, curieuse, espiègle et un brin casse-cou. Elle donnera beaucoup de fil à retordre au jeune Seishû auquel elle va très vite s'attacher. En effet, depuis son arrivée sur l'île, Naru ne le lâchera plus d'une semelle. Elle deviendra d'ailleurs l'un des personnages clé de la série. Elle apportera une véritable fraîcheur au récit et ses actes n'auront de cesse de bousculer le quotidien des habitants et de Seishû, mais toujours dans la joie et la bonne humeur.

 

Kido Hiroshi (木戸・浩志) : Hiroshi est le fils du chef du village. Âgé de dix-huit ans, le jeune homme s'est toujours senti incompris. En effet, malgré tous ses efforts, il n'est jamais parvenu à se démarquer et à obtenir des notes supérieures à la moyenne. Afin de sortir de cette normalité, le jeune homme est même allé jusqu'à se décolorer les cheveux, lui donnant l'allure d'un véritable délinquant. Cependant, au contact du jeune maître calligraphe, celui-ci va très vite se rendre compte que tout le travail qu'il avait pu fournir jusqu'alors n'était rien en comparaison de ce dernier. Ainsi décidera-t-il de fournir de plus amples efforts dans l'avenir afin de se démarquer et de réussir dans la vie.

 

Yamamura Miwa (山村・美和) : Miwa est une jeune adolescente de quatorze ans au caractère bien trempé. Véritable garçon manqué, la jeune fille semble prendre un véritable plaisir à taquiner notre jeune héros. Énergique, quelque peu irresponsable, franche et directe, elle n'hésite pas un seul instant à dire haut et fort ce qu'elle pense. Elle exerce une certaine influence sur la jeune Naru et lui apprend même un vocabulaire assez étrange, un vocabulaire qu'une enfant de son âge ne devrait même pas connaître. C'est d'ailleurs ce qui a tendance à excéder Seishû qui ne manque pas de la réprimander fortement à chaque fois qu'il en a l'occasion même si, en toute franchise, je doute que ses paroles ne réussissent à corriger son comportement. Autres ces quelques traits de caractères, Miwa est également un personnage amical, sportif mais qui a du mal à supporter la défaite, un point qui semble la rapprocher de Seishû.

 

Arai Tamako (新井・珠子) : Amie avec Miwa et Naru, Tamako (ou Tama) est une adolescente de quatorze ans qui n'aspire qu'à une chose : devenir mangaka. En effet, malgré ses apparences timide et studieuse, Tama est une véritable férue de manga. Ainsi s'est-elle mise en tête d'envoyer son manga à un magazine shônen. Cependant, comme nous nous en rendrons très vite compte au fil des chapitres, les goûts de la jeune fille en terme de manga sont, comme qui dirait, assez particulier et se tournent essentiellement vers le gore et l'horreur. Ne souhaitant nullement devenir la risée du village à cause de sa passion débordante pour les mangas, seule son amie Miwa est au courant de son projet. Du moins, jusqu'à l'arrivée de Seishû. En effet, contre toute attente, celle-ci va alors se confier au jeune homme et lui demandera même son avis sur son manga. Autre petit détail, et pas des moindres, Miwa est également ce qu'on pourrait appeler une fujoshi refoulée, autrement dit une fan de Boy's Love. En effet, bien qu'elle refuse de l'admettre, celle-ci semble particulièrement obsédée par la relation qu'entretiennent Seishû et Hiroshi, donnant lieu à des scènes particulièrement comiques.

 

Autres les adultes ou enfants du village, nous ferons également la connaissance de Takao Kawafuji (un ami d'enfance de Seishû qui s'occupe de vendre ses œuvres), de Kôsuke Kanzaki (un jeune calligraphe de dix-huit ans qui semble vouer un véritable culte à Seishû) ainsi que de Seimei et Emi Handa, les parents du calligraphe.

 

Comme vous pouvez le voir, Barakamon nous propose une très large gamme de personnages, des personnages qui, malgré leur nombre, ont réussis aisément à s'imposer dans le récit de part leur caractère et leur spécificité propre. Chaque rencontre, chaque nouvelle amitié viendront nourrir le quotidien de Seishû qui, dès lors, apprendra à s'ouvrir au monde et à se découvrir.

 

Un véritable voyage initiatique

 

Au travers de cette lecture, nous nous rendons pleinement compte de la symbolique même de ce voyage. En effet, en envoyant son fils sur l'île de Nanatsuke, Seimei Handa ne souhaite pas seulement le punir mais également lui apprendre à s'ouvrir aux autres et à créer des liens avec son entourage. Depuis sa plus tendre enfance, Seishû a passé le plus clair de son temps enfermé chez lui à perfectionner son art, se liant que très peu d'amitié avec ses camarades de classe. Les rencontres que nous faisons chaque jour demeurant un facteur important dans la construction de notre identité et de notre développement, Seishû Handa sera ainsi contraint de prendre part à ce voyage, un voyage qui impliquera alors de multiples rencontres et d'échanges avec l'autre. Durant son séjour, il apprendra ainsi à se lier d'amitié avec ses habitants, à se familiariser avec leurs us et coutumes mais également à profiter pleinement de l'environnement qui l'entoure, de la nature riche et sauvage qui s'étend à perte de vue devant ses yeux. Son séjour sera ainsi marqué par de nombreux rites de passage, des rites qui lui permettront de se lier à un groupe mais également de modifier son statut, lui permettant ainsi de passer d'un état à un autre. Ce passage est alors structuré en trois temps, (temps définit par l'ethnologue et folkloriste français Arnold van Gennep en 1909) : la séparation (autrement dit la rupture avec le quotidien et le foyer), la marge (temps durant lequel le novice devra faire face à de nombreuses épreuves) et la réagrégation qui signera alors sa renaissance. Malgré les apparences, ce voyage est très symbolique et les rites de passage décrit, parfaitement perceptibles. Ce voyage signera alors la naissance d'un nouveau Seishû.

 

 

Une déclaration d'amour aux îles Gotô ?

 

L'auteur étant originaire de la préfecture de Nagasaki et plus particulièrement de la ville de Gotô, située au sud-ouest des îles Gotô, cette série se présente comme une véritable déclaration d'amour à sa région natale mais également comme une invitation à la découverte et au partage. D'ailleurs, pour la petite information, il faut savoir que la ville de Gotô est constituée de trois îles principales répondant au nom de Fukue, Hisaka et Naru. Il est possible que je me trompe et que je saute trop vite aux conclusions, mais il semble que l'auteur se soit inspiré de cette dernière île pour nommer l'un de ses personnages principaux, j'ai nommé Naru Kotoishi. Au travers de sa série, l'auteur nous présente le quotidien des villageois et nous peint des paysages à couper le souffle qui nous donnent irrémédiablement envie de nous envoler pour l'île. De plus, ses habitants sont tellement attachants et empreints de bons sentiments que l'on n'a plus qu'une seule envie : intégrer cette grande famille.

 

Un petit mot sur le dessin ?

 

Niveau graphisme, je n'ai pas grand chose à dire. Le dessin est fin, précis et conserve un aspect simple et épuré reflétant à la perfection l'ambiance même de l’œuvre. Au fil des tomes, nous percevons également une légère amélioration dans les traits de l'auteur, rendant le graphisme que plus agréable et dynamique. Mais ce que j'apprécie particulièrement dans cette série, ce sont ces paysages somptueux et idylliques qui nous font littéralement rêver et voyager.

 

 

Une série à succès

 

Suite au succès de la série, le magazine de prépublication Gekkan Shônen Gangan annonce en octobre 2013 l'arrivée prochaine d'un spin-off, qui aura alors pour titre Handa-kun. Prépublié en novembre 2013 dans ce même magazine, celui-ci suivra les aventures de maître Handa lorsqu'il était alors âgé de dix-sept ans. Nous retournerons ainsi six ans en arrière. Actuellement, ce spin-off compte un total de deux tomes et demeure toujours en cours. Ah oui, et pour ceux qui se poseraient la question, l'auteur reste le même que pour Barakamon. L'univers de la série d'origine sera donc pleinement respecté. Autre que l'arrivée de cette nouvelle série, Barakamon a également fait l'objet d'une adaptation animée entre Juillet et Septembre 2014 par le studio Kinema Circus.

 

Le petit mot de la fin

 

Si vous ne connaissez pas encore cette magnifique œuvre de Satsuki Yoshino, je vous la conseille vivement. Vous ne vous ennuierez pas un seul instant. Cette série est une véritable bouffée de fraîcheur et vous redonnera immédiatement le sourire et la pêche. L'histoire est au demeurant assez simple mais extrêmement bien ficelée. L'humour, quant à lui, est omniprésent et très efficace. Personnellement, je ne m'en lasse pas. De plus la bonne humeur ambiante et le cadre idyllique de l'île vous rendront complètement accros à cette série. La preuve, je fais moi-même partie des victimes, lol.

 

En tout cas, j'espère que vous aurez apprécié ce nouveau crush et que celui-ci vous aura donner envie de commencer la série.

 

A bientôt pour un nouveau crush !

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