Chronique : Poison City Vol.1

Type : Seinen
Auteurs :  Tetsuya TSUTSUI

Editeur : Ki-oon
Prix de vente : 7.90€
Nombre de tomes France : 1 (en cours)
Nombre de tomes Japon :  2 (terminée)
Date de parution : 12 mars 2015

 

Pitch :

Tokyo, 2019. À moins d’un an de l’ouverture des Jeux olympiques, le Japon est bien décidé à faire place nette afin de recevoir les athlètes du monde entier. Une vague de puritanisme exacerbé s’abat sur tout le pays, cristallisée par la multiplication de mouvements autoproclamés de vigilance citoyenne. Littérature, cinéma, jeu vidéo, bande dessinée : aucun mode d’expression n’est épargné. C’est dans ce climat suffocant que Mikio Hibino, jeune auteur de 32 ans, se lance un peu naïvement dans la publication d’un manga d’horreur ultra-réaliste, Dark Walker. Une démarche aux conséquences funestes qui va précipiter l’auteur et son éditeur dans l’œil du cyclone...

Chronique :

Après tout de même 1 an de teasing de la part de l'éditeur, le nouveau manga "coup de poing" de Tesuya Tsutsui arrive enfin et tape en plein dans un sujet d'actualité : la liberté d'expression! Le mangaka ayant lui-même été victime de censure sur le manga "manhole" au Japon, il nous livre à travers cette fiction son sentiment et ses craintes à propos d'une liberté d'expression en danger.

L'histoire nous plonge dans un futur proche au coeur d'un Tokyo gangrené par une vague de "puritanisme" à l'approche des Jeux olympiques de 2019. Là encore, l'auteur avait vu juste puisque les jeux olympiques qui se dérouleront en réalité l'année suivante auront bien lieu au Japon. Nous suivons donc le parcours de Mikio Hibino, jeune mangaka de 32 ans promis à une publication prochaine pour sa toute première série. Dans ce climat tendu où la pression sociale se fait de plus en plus forte, il voit son oeuvre jugée trop violente et mise en surcis par un comité de censure créé pour l'occasion.

© Tetsuya Tsutsui / Ki-oon

Tetsuya Tsutsui adopte le sujet de la liberté d'expression en prenant le point de vu d'un jeune auteur voulant simplement créer une oeuvre qui lui ressemble. A cause de la pression de la société, il se voit peu à peu obligé de faire des concessions pour ne pas risquer l'arrêt prématuré de publication. L'auteur nous met ainsi en face d'une réalité troublante et fait de ce personnage simple et juste le porteur de ses idées. Il lui oppose alors tout une galerie de protagonistes tous différents, défendant chacun leur opinion sur le sujet. Nous pouvons voir une certaine légitimité dans les propos de chacun, rendant le part entre ce qui est juste ou non assez difficile à faire. La société, pervertie par les idées des plus puissants se retrouve influencée par ce besoin de perfection, nous amenant à de multiples réflexions sur ce qui est juste ou ne l'est pas, et à une prise de recule sur ce sujet d'actualité qui pose de plus en plus de questions.

Pour cela, Tsutsui nous propose une mise en scène très intéressante. L'auteur a vu dans l'histoire de son personnage principal une opportunité et oppose ainsi l'intrigue principale avec celle de "Dark Walker", le manga du personnages principal... dans l'histoire (oui, faut suivre). Pour mieux nous plonger dans l'histoire et nous faire comprendre le sujet, l'auteur nous dévoile par moments quelques planches de l'oeuvre du personnage principal menacée de censure. A travers ce parallèle, nous découvrons un rapprochement intriguant entre le monde chaotique de Dark Walker et le monde réel. Il n'y a finalement rien à redire sur ce titre : l'histoire est orchestrée d'une main de maître par l'auteur, nous prenant aux tripes pour nous lâcher qu'une fois la dernière page terminée.

En fin de compte, Tetsuya Tsutsui nous offre encore une oeuvre intelligente et passionnante avec Poison City. S'inspirant d'une expérience personnelle, il nous transmet toutes sortes d'émotions visant à nous faire comprendre l'absurdité d'une censure infondée, nous faisant naviguer de page en page sans même voir le temps s'écouler. L'attente fut longue jusqu'à sa sortie, mais elle sera encore plus rude d'ici le second volume!

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