Le crush de la semaine : King's Game & King's Game Extreme
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Après vous avoir donné mon avis sur le phénomène "Naruto" dans mon dernier crush, j'aimerais vous parler cette fois-ci d'une série bien plus récente que beaucoup d'entre vous connaissent sûrement au moins de nom. Si vous êtes sur cet article c'est que vous avez de toute façon vu son titre donc on ne va pas jouer le suspens plus longtemps et je vais vous parler de la série "King's Game" sans oublier sa suite "King's Game extreme"!
A l'origine, "King's Game" est une roman pour téléphone portable (oui oui, ça existe) écrit par Nobuaki Kanazawa. Cette histoire fut ensuite adaptée en manga par Hitori Renda en janvier 2011, donnant lieu à la série que nous connaissons en France depuis février 2013 aux éditions Ki-oon. Forte de son succès sur l'archipelle nippone, "King's Game" est même adaptée en un film live sorti à la toute fin 2011. La série compte 5 volumes et est aujourd'hui terminée mais l'aventure ne s'arrête pas là puisque le mangaka Renshi Kuriyama a pris le relais, donnant lieu à "King's Game extreme", sa suite directe. Cette suite est toujours en cours au Japon avec 4 tomes déjà sorti, ce même quatrième opus prévu chez nous pour le 9 octobre prochain. Une préquelle de toute cette histiore a aussi vu le jour, comptant pour l'instant 2 volumes, mais aucune sorti n'est encore prévue dans notre douce France.
Et l'histoire alors?
Alors que le manga commence, nous vivons dès les trois premières pages un rêve assez glauque que fait notre héros, avant de se réveiller en sursaut. Dans ce rêve, nous le retrouvons en pleine déclaration d'amour à Chiemi, la fille qu'il aime secrètement, lorsque son portable se met soudain à sonner. Nobuaki tente donc d'y répondre mais au moment d'approcher le mobile de son oreille il se rend compte qu'il tient à sa place une main coupée toute ensanglantée. A partir de ce rêve qu'on peut clairement prendre comme une prémonition, le ton est donné et c'est à vos risques et prérils de continuer ou non cette oeuvre qui s'annonce bien sinistre. Une fois réveillé, notre héros découvre qu'il a reçu un sms assez spécial de la part d'un destinataire inconnu se faisant appeler "roi". Voici ce fameux message : "Toute votre classe participe à un King's Game. Les ordres du roi sont absolus et doivent être exécutés sous 24 heures. Attention, aucun abandon ne sera toléré. Ordre n°1 :...". A ce moment là, toute la classe prend ça pour un simple canular téléphonique mais ils ne savent pas encore à quel destin funeste ils se préparent. En effet, car si un ordre du roi n'est pas effectué dans les 24 heures après la réception du message, le ou les élèves n'ayant pas obéis aux consignes se verront attribuer un gage. Je préfère vous prévenir tout de suite : ce gage touchera quasiment toujours à la mort, c'est à dire que si une personne se permet de ne pas effectuer l'ordre du roi et bien... il mourra d'ici peu d'une façon ou d'une autre.
Vous l'aurez donc compris, "King's Game" est un manga de type survival, c'est à dire que le but est tout simplement d'être le dernier à survivre à ce jeu du roi. De ce côté-ci, la série n'a rien de bien spéciale et utilise un genre certes abondant mais toujours efficace. Le cadre de la classe de lycée est lui-aussi un cadre assez typique de toutes sortes de mangas. En s'arrêtant là,on peut se dire que cette série n'a en fait rien de spécial et se laisse glisser vers la simplicité pour nous offrir une histoire assez bateau. Mais que neni! La force de cette série est de pourvoir s'appuyer sur un scénario nouveau et intrigant. Cette histoire de jeu du roi offre un bon coup de fraîcheur à un genre déjà très répandu, arrivant à sortir du lot grâce à un scénario très intéressant. Car oui, une sorte de "action, chiche ou vérité" mortel, c'est tout de même une idée très amusante, laissant facilement place à un scénario avec lequel le lecteur peut facilement prendre son pied.
Donc finalement, ça vaut le coup?
Annoncé par son éditeur comme la relève des très bons "Doubt" et "Judge" au moment de sa sortie, "King's Game" avait tout intérêt à envoyer du lourd pour être à la hauteur de ses prédécesseurs. Assez rapidement, un vrai univers se met en place et nous nous intégrons assez facilement à cette classe de lycéens. Les personnages, plutôt charismatiques, commencent de suite à nous accrocher tandis que notre héros se révèle être l'archétype même du héros de survival (gentil, juste et attachant). Ce dernier point est extrêmement important car un survival sans protagonistes attachants se transforme très vite en une succession de morts sans intérêts. Le jeu du roi commence donc doucement avec des ordres sans conséquence du type "lécher un pied de quelqu'un d'autre", nous laissant nous habituer au concept mais surtout laissant le temps à la classe de petit à petit réaliser la gravité de la situation. Puis, au fur et à mesure, ces consignes deviennent de plus en plus sournoises. Autant dans l'univers du manga que dans les ordres donnés, nous avons un réel crescendo en horreur. Nous commençons le récit dans un esprit joyeux de classe de lycée mais au fil des volumes, à force de côtoyer la mort, les esprits changent et nous voyons de nombreux personnages réellement péter un plomb. Le rythme augmente, l'intensité augmente, et grâce à des ordres de plus en plus fourbes, nous assistons en direct à des exécutions des plus horribles.
Cette série a vraiment réussi à me nouer l'estomac tellement elle en était oppressante. Ce n'est pas n'importe quelle oeuvre qui est capable de transmettre autant d'émotions aussi bien et avec "King's Game", on peut passer de l'amour à la mort en une fraction de seconde voir même mélanger les deux pour donner quelque chose d'extrêmement fort lors de sa lecture. Voir des personnes dans un état dans lequel ils en deviennent carrément méconnaissable est quelque chose qu'arrive très bien à faire Hitori Renda, qui nous propose ici une vraie évolution dans ses protagonistes. C'est une histoire nous prennant au trippes qu'on nous offre ici et en prime avec une intrigue intéressante puisque notre héros ne reste pas planté là, attendant que la mort vienne les chercher lui et ses amis. Au contraire, pendant que beaucoup pètent un cable à cause du stresse, Nobuaki, lui, garde la tête froide et mène son enquête, tentant de trouver les origines de ce "jeu" et de stopper tout ceci.
Concernant le dessin
Hitori Renda, avec son style très réaliste, nous offre un dessin de très très bonne qualité. L'auteur possède un trait plus ou moins "banal" si j'ose dire, sans vrai particularité dans le style, mais qui n'en reste pas moins extrêmement bien réalisé. Autant les décors que les mouvements, tout est bien retranscrit par le dessin du mangaka et c'en reste toujours très clair. Il y a une chose avec laquelle Hitori Renda joue à la perfection, c'est le fait de nous montrer l'horreur d'une scène. Sans non plus trop en faire et nous donner du gore bien lourd, l'auteur nous offre des planches super bien réalisée arrivant à nous faire trembler de frisson. La deuxième chose que notre dessinateur maîtrise de même très bien, c'est retranscrire les expressions d'effroi sur les visages de nos personnages. En effet, notre dessinateur nous offre, au cours du récit, des gros plans sur des visages défigurés par la folie et s'en sort toujours extrêmement bien dans cet exercice. Bref, tout ça pour dire que sans le dessin de M.Renda, "King's Game" ne serait pas le "King's Game" que l'on connaît.
© Hitori Renda, Nobuaki Kanazawa 2010 / Futabasha Publishers Ltd.
Et donc, rien à redire?
Malheureusement, la perfection n'existe pas et bien sûr, "King's Game"se traîne aussi son lot de casseroles! Il n'y a pas énormément de choses à reprocher à cette oeuvre mais s'il en est une qui m'a gênée tout au long de l'histoire, c'est sûrement le manque de réaction de la part des autorités ou des parents. Je m'explique : L'histoire a pour cadre une classe de lycéens comme une autre. Lorsque des personnes commencent à mourir, les autorités ne croient pas à cette histoire de jeu du roi et n'interviennent donc pas. Mais à partir du moment où la grande majorité de la classe est déjà morte, c'est assez anormal qu'il n'y ait toujours aucune réaction des autorités. Les parents non plus, comme s'ils n'en avaient rien à faire de leurs enfants, n'interviennent jamais et on voit même certains lycéens personnages rester dehors jusqu'au beau milieu de la nuit ou même partir en expédition loin de chez eux comme s'ils n'en avaient pas. Certes, laisser des adultes ou des policier intervenir aurait enelevé tout le piquant de l'histoire mais l'auteur aurait tout de même pu se fouler à inventer quelque chose expliquant ce manque de réaction. Ce n'est bien sûr pas très grave mais avec ceci on perd tout de même un petit peu de réalisme et ça nous titille même tout au long de la série.
A part ce petit détail, la seul vraie déception de la série reste le dénouement. Lors d'un manga de ce type, l'explication du pourquoi du comment a toujours une très grande importance et c'est même le moment que tout le monde attend en faisant ses petites spéculations. Alors je tiens à vous prévenir tout de suite : l'explication finale est assez décevante! Il vaut mieux lire cette oeuvre pour les émotions qu'elle transmet et pour espérer voir nos personnages préférés survivre, parce que si vous la lisez en attendant uniquement de savoir qui commet ces séries de crimes... vous risquerez d'être un tantinet déçu!
© Hitori Renda, Nobuaki Kanazawa 2010 / Futabasha Publishers Ltd.
La suite : "King's Game extreme" Après avoir fini le jeu du roi, nous retrouvons le gagnant du King's Game dans une seconde partie de ce "jeu" de la mort. Nouveau décor, nouveaux personnages, était-ce une bonne idée de faire une suite? Et bien d'après moi: bof bof...
Tout d'abord, en faisant une suite, nous, lecteurs, connaissons déjà le jeu et ça en devient presque rébarbatif de revoir encore une fois la même chose. Une fois c'est amusant, mais la deuxièmes fois il n'y a plus la fraîcheur d'antan. Dans cette deuxième "saison", les personnage sont bien moins charismatiques que dans la première et le problèmes des survivals sans personnages attachants dont je parlais tout à l'heure se pose cette fois-ci. Et puis pour ne pas arranger tout ceci, c'est un autre auteur qui a repris le flambeau et ce dernier possède un trait beaucoup plus shônen que son prédécesseur, ne collant pas vraiment avec l'ambiance de l'histoire. Bref, tout ça c'est pas du propre et en rester à la série de départ aurait peut être été une bonne idée. Le seul point que j'accorde à cette suite est qu'elle va vraiment plus dans le trash (il faut bien si on veut que les gens continuent de lire) et le suspens est donc toujours plus ou moins gardé. "King's Game extreme" est certainement moins prenant, mais pas non plus à jeter à la poubelle puisqu'il y a tout de même un minimum d'intérêt. Heureusement pour elle qu'elle est la suite de "King's Game", sinon elle serait sûrement passée à la trappe en ce qui me concerne. Pour faire simple : c'est une bonne suite mais pas un bon manga.
Un petit mot pour la fin
Malgré une conclusion plutôt moyenne, "King's Game" reste selon moi une très bonne découverte. Ce n'est pas LA série à avoir lu mais il faut dire qu'en seulement 5 volumes c'est un très bon moyen de se faire plaisir pour pas cher et de faire le plein d'émotions fortes. Un excellent dessin, des personnages charismatiques, une intrigue originale et un rythme très bien maîtrisé : je ne peux que vous conseiller de venir vous aussi vivre cette aventure très forte.